Les roches volcaniques et métavolcaniques correspondant au Groupe de Baby, incluant la Formation d’Angliers, ont d’abord été cartographiées dans la région du Témiscamingue (feuillets SNRC 31M03, 31M06 et 31M11) par Wilson (1918) en tant que « Volcanites de l’Abitibi », une unité qui incluait tout un cortège de roches (rhyolite, porphyre quartzique, andésite, diorite, basalte, gabbro, amphibolite, schiste à hornblende, schiste à séricite et lamprophyre). La Commission géologique du Canada (1943) a inclus ces roches dans une unité plus vaste de laves et de roches pyroclastiques et intrusives associées contenant des lits sédimentaires en proportion mineure, qui englobait toutes les roches volcano-sédimentaires de la moitié sud de la Sous-province de Pontiac, y compris les roches sédimentaires et métasédimentaires correspondant à la portion ouest du Groupe de Pontiac. Par la suite, plusieurs auteurs (Mauffette, 1953; Robert, 1962; Chagnon, 1962, 1963, 1968; Imreh, 1970, 1971, 1974, 1978; Sanschagrin, 1980; Richer-Laflèche et al., 2020) ont décrit les roches correspondant au Groupe de Baby dans les feuillets 31M03-200-0201, 31M06 et 31M11, sans toutefois les nommer (voir le tableau ci-dessous). Seul Chagnon (1968) fait référence à ces roches sous l’appellation informelle de « sillon de Baby ». Le Groupe de Baby est formellement introduit et différencié de la Formation d’Angliers dans les travaux de compilation du Ministère (Goutier et al., 1999; Goutier, 1999a-c; Beausoleil, 2000a-d). Le nom fait référence au lac Baby (jonction des feuillets 31M06 et 31M11) situé dans le canton éponyme.

Les roches volcaniques du Groupe de Baby sont principalement de trois types : les unités komatiitiques (et les basaltes komatiitiques associés) (unité nAba1), les basaltes tholéiitiques (unité nAba2) et les roches volcaniques calco-alcalines (unité nAba) (Richer-Laflèche et al., 2020). Des formations de fer indifférenciées kilométriques (unité nAba3) et une proportion moindre de roches volcanoclastiques (unité nAba4) sont intercalées dans les roches volcaniques (Imreh, 1978). Toutes ces roches ont été métamorphisées au faciès des amphibolites inférieur, localement rétrogradées au faciès des schistes verts supérieur, et sont variablement déformées (Chagnon, 1968; Imreh, 1978; Richer-Laflèche et al., 2020).

Les roches volcaniques de la moitié nord du Groupe de Baby avaient été subdivisées en quatre séquences par Imreh (1978). La séquence basaltique inférieure, la plus au NW et d’une superficie représentant 22,5 % de la surface exposée, contient des roches des unités nAba1 à nAba4 coupées par des masses intrusives gabbroïques. La seconde séquence volcanique, d’une superficie de 16 %, correspond à l’actuelle Formation d’Angliers, laquelle n’est pas coupée de dykes gabbroïques. La troisième séquence, ou séquence centrale, constituant 28 % de la superficie et située au SE de la Formation d’Angliers, est constituée de roches des unités nAba2 et nAba4 intensément injectées de masses gabbroïques (~40 % de la superficie de la séquence). Finalement, la séquence supérieure, constituant 34 % de la superficie, est également formée de roches des unités nAba2 et nAba4, mais coupée d’une plus faible proportion de gabbros. Plusieurs intrusions gabbroïques coupant les roches volcaniques du Groupe de Baby (unité nAba1) dans la moitié nord de l’unité contiennent des zones minéralisées de sulfures de cuivre riches en éléments du groupe du platine (EGP) (Barnes et al., 1993).

La moitié sud du Groupe de Baby est représentée par une unité indifférenciée de roches volcaniques mafiques à intermédiaires et de tuf indifférencié (unité nAba). Quelques zones minéralisées en or, cobalt et argent de type filonien sont associées aux roches volcaniques de ce secteur.

Groupe de Baby non subdivisé (nAba) : Andésite, roche volcanique mafique à intermédiaire et tuf indifférencié

L’unité non subdivisée représente la partie sud du Groupe de Baby (feuillets 31M03 NW et 31M06 sud). Elle est constituée de roches volcaniques, des laves massives ou coussinées de composition intermédiaires à mafiques principalement et de la rhyolite en moindre proportion, ainsi que que de tuf indifférencié (Sanschagrin, 1980; Goutier et al., 1999; Beausoleil, 2000a-b; Richer-Laflèche et al., 2020). Les roches ont communément été fortement plissées et montrent une schistosité généralement bien développée (Sanschagrin, 1980; Richer-Laflèche et al., 2020). Les laves intermédiaires à mafiques sont vert clair à vert foncé, aphanitiques à microgrenues et localement à texture microgabbroïque (Sanschagrin, 1980). Les roches mafiques à texture microgabbroïque sont interprétées comme des faciès massifs au sein de coulées en grande partie coussinées. Les coussins sont, de façon générale, très étirés parallèlement à la schistosité. Des brèches de coulées intercalées aux laves coussinées ont été observées au nord du Batholite de Belleterre-Fugèreville (nAfug2) (Richer-Laflèche et al., 2020). Les roches volcaniques mafiques montrent des affinités calco-alcalines.

Le tuf indifférencié (tuf, tuf à lapillis et agglomérat) apparait en niveaux et lentilles, d’orientation grossièrement E-W, intercalés dans les laves intermédiaires à mafiques dans le secteur de Saint-Édouard-de-Fabre (portion SE du feuillet 31M03-200-0201; Sanchagrin, 1980). Dans ce secteur, une bande de roches felsiques d’orientation NE a été considérée comme un porphyre feldspathique et quartzifère par Mauffette (1953) puis comme une granodiorite cisaillée par Robert (1962). La présence ponctuelle de fragments de cristaux visibles à l’œil nu suggère qu’il pourrait s’agir d’un tuf (Sanschagrin, 1980). Dans le secteur nord du feuillet, les niveaux de roche volcanoclastique, plutôt rares, ont une orientation conforme à celle de la schistosité.

Groupe de Baby 1 (nAba1) : Basalte komatiitique et komatiite

La komatiite et le basalte komatiitique associé forment une bande d’orientation NE-SW située à l’extrémité NW du Groupe de Baby, immédiatement au sud du contact avec les roches métasédimentaires du Groupe de Pontiac (feuillet 31M11-200-0101; Mainville, 1994; Goutier, 1999a; Richer-Laflèche et al., 2020). Contrairement aux komatiites de l’Abitibi, la majorité des affleurements observés dans le secteur de la rivière des Outaouais montrent des coulées coussinées et massives (Richer-Laflèche et al., 2020). Mainville (1994) rapporte la présence de quelques rares affleurements montrant des textures à spinifex. Des dykes synvolcaniques ultramafiques, à grain relativement fin, coupent les coulées à faibles angles. Ces roches intrusives sont par endroits serpentinisées et/ou talqueuses.

En lame mince, les roches ultramafiques montrent des textures totalement recristallisées et les pseudomorphes d’olivine ne sont observés que rarement (Richer-Laflèche et al., 2020). La texture est communément fibreuse, localement aciculaire et les minéraux sont généralement orientés aléatoirement dans la roche, bien que la schistosité S₁ soit localement observable. La minéralogie métamorphique de ces roches consiste principalement en amphibole (hornblende, trémolite), en chlorite magnésienne et en épidote. La serpentine, le talc, le quartz métamorphique ainsi que la chromite et la pyrrhotite (trace à 3 %) sont localement présents. Les cristaux de chromite, d’origine probablement ignée, montrent des zonalités reliées à des réactions métamorphiques avec les minéraux de la matrice silicatée des roches. La titanite est communément observée en traces.

Groupe de Baby 2 (nAba2) : Basalte et amphibolite dérivée de basalte

Les coulées de basalte tholéiitique sont les roches volcaniques dominantes du Groupe de Baby (p. ex. Imreh, 1978; Richer-Laflèche et al., 2020). Certains faciès sont spatialement associés aux roches volcaniques ultramafiques (nAba1) tandis que d’autres sont distribués sur l’ensemble du groupe. Le basalte qui affleure près de la komatiite est généralement magnésien (tholéiite magnésienne) (Richer-Laflèche et al., 2020). La roche est gris verdâtre, vert grisâtre sombre et, localement, gris clair (Imreh, 1978). Le basalte tholéiitique montre généralement des textures coussinées à fine bordure de trempe chloriteuse, une très faible vésicularité, un rapport hyaloclastite/coulée faible à modéré et, par endroits, d’anciennes cavités d’éclusage remplies de quartz (Imreh, 1978; Richer-Laflèche et al., 2020). Les coussins (0,3 à 1,2 m sur 0,3 à 0,6 m) sont généralement légèrement déformés et se présentent sous divers aspects. Les amygdales, généralement absentes des laves coussinées, sont généralement elliptiques et remplies de calcite et de quartz granulaire (Imreh, 1978). Une phase variolitique se présente de manière sporadique.

Tout comme la komatiite, le basalte tholéiitique est couramment coupé de dykes gabbroïques homogènes de granulométrie fine à moyenne (Imreh, 1978; Richer-Laflèche et al., 2020). Ces dykes sont généralement parallèles à la stratigraphie et coupent cette dernière à faibles angles localement (Richer-Laflèche et al., 2020). Plusieurs de ces dykes sont probablement de type nourricier, car ils ont une granulométrie fine et une composition chimique identique aux basaltes associés. Dans le secteur des lacs Baby, Cameron et Long (coin SE du feuillet 31M11-200-0101), les corps métagabbroïques dominent et les épanchements sont nettement moins coussinés qu’ailleurs (Imreh, 1978).

En lame mince, la paragenèse des (méta)basaltes est caractéristique du métamorphisme régional (Imreh, 1978). Les tholéiites sont essentiellement constituées d’amphiboles (>80 %) et de plagioclase sodique non maclé (<20 %) (Imreh, 1978; Richer-Laflèche et al., 2020). L’amphibole est principalement incolore ou vert pâle (ouralite); la hornblende, généralement bien cristallisée, et l’actinote sont communément visibles. Les autres minéraux constituants de la roche sont, par ordre d’importance décroissante, le quartz secondaire (<10 %), l’épidote, la chlorite, riche en fer dans certaines tholéiites magnésiennes, la serpentine, la zoïsite, la biotite, le carbonate et les minéraux opaques. Ces derniers (<2 %) consistent principalement en oxydes de fer, pyrite et chalcopyrite. Des veinules de quartz plissées sont observées localement.

Du métabasalte porphyrique affleure aux alentours et à l’est du village d’Angliers (feuillet 31M11-200-0102 ouest; Imreh, 1978). Près d’Angliers, il semble se limiter à une section locale à la base de la séquence métabasaltique principale. À l’est d’Angliers, il forme, avec d’autres lambeaux de formations métamagmatiques, d’énormes enclaves dans les masses granodioritiques synorogéniques et tardi-orogéniques (Batholite de Rémigny). Néanmoins, la relation exacte avec les roches intrusives environnantes n’a pu être déterminée faute de contacts directement observables. La roche a une structure porphyroïde nette : elle est constituée d’une matrice vert noirâtre renfermant des porphyroblastes globulaires blanchâtres de 0,3 à 3 cm de diamètre. En lame mince, la matrice est formée de hornblende et les porphyroblastes cryptomicrocristallins semblent composés de clinozoïsite et d’albite.

Un métamorphisme dynamique intense a transformé le basalte, surtout le long de zones de cisaillement et de failles, en schiste chloriteux, avec néoformation de chlorite suivant les plans de foliation (Chagnon, 1968). Le schiste chloriteux est constitué principalement de chlorite et de proportions infimes de trémolite-actinote. Il est coupé par plusieurs veines de carbonates et de quartz.