Groupe d’Aquilon
Étiquette stratigraphique : [narc]aqi
Symbole cartographique : nAaqi
 

Première publication :  
Dernière modification : 

 

 

Subdivision(s) informelle(s)
La numérotation ne reflète pas nécessairement la position stratigraphique.
 
nAaqi4 Formation de fer et paragneiss
nAaqi3 Roche volcanique felsique
nAaqi2 Métapéridotite et métahornblendite
nAaqi1 Amphibolite basaltique; niveaux de paragneiss migmatitique et de roches volcaniques
 
Auteur(s) :
Desbiens, 1998; Hammouche et al., 2017
Âge :
Néoarchéen
Stratotype :
Aucun
Région type :
Région au sud du lac Vincelotte (limites des feuillets SNRC 23E, 23L, 33H et 33I)
Province géologique :
Subdivision géologique :
Sous-province de La Grande
Lithologie :Amphibolite, péridotite, rhyolite, formation de fer, paragneiss
Catégorie :
Lithostratigraphique
Rang :
Groupe
Statut :Formel
Usage :Actif

 

 

 

 

Historique

Les premières descriptions du Groupe d’Aquilon remontent aux travaux de cartographie réalisés dans la région du lac Vincelotte par Sharma (1979). En 1997, Ressources Sirios y réalisent une reconnaissance géologique, révélant un potentiel aurifère important. Le Groupe d’Aquilon est alors connu sous les appellations informelles de « bande volcano-sédimentaire d’Aquilon », « ceinture d’Aquilon » ou « complexe d’Aquilon » (Desbiens, 1998). Plus tard, Simard et Lafrance (2011) lui octroient le nom formel de Ceinture d’Aquilon et lui associent quatre unités informelles principales : 1) une unité de basalte fortement amphibolitisé (Aaqi1); 2) une unité de roche intrusive ultramafique (Aaqi2); 3) une unité de roche volcanique felsique (Aaqi3); et 4) une unité de formation de fer associée à des paragneiss (Aaqi4).

La ceinture est rebaptisée Groupe d’Aquilon par Hammouche et al. (2017), un terme plus conforme au Code stratigraphique nord-américain (NACSN, 1983, 2005). Par la suite, Burniaux et al. (2018) y associent une nouvelle bande située à une vingtaine de kilomètres au sud de la première ceinture.

Description

Le Groupe d’Aquilon est associé à deux bandes de roches volcano-sédimentaires. La section nord, soit la première ceinture identifiée, est située dans la portion sud du feuillet 33I01. La section sud a quant à elle été identifiée dans le feuillet 23E12, soit à une vingtaine de kilomètres plus au sud (Burniaux et al., 2018). Elle est composée des mêmes unités et possède un âge relatif similaire.

Le Groupe d’Aquilon est composé de quatre unités informelles : 1) une unité de basalte fortement amphibolitisé (nAaqi1); 2) une unité de roches ultramafiques intrusives métamorphisées (nAaqi2); 3) une unité de roche volcanique felsique (nAaqi3); et 4) une unité de formation de fer associée à des paragneiss (nAaqi4). L’absence d’une lithologie de composition intermédiaire dans ces unités suggère que le groupe est issu d’un système de volcanisme bimodal (Simard et Lafrance, 2011).

Ces unités sont coupées par des intrusions de gabbro, de diorite quartzifère, de diorite, de granite et de pegmatite.

Groupe d’Aquilon 1 (nAaqi1) : amphibolite basaltique; niveaux de paragneiss migmatitique et de roches volcaniques

L’unité nAaqi1 est composée d’amphibolite, qui est en général finement à très finement grenue et moyennement grenue par endroits (Simard et Lafrance, 2011). Elle est bien foliée et fortement recristallisée, présentant une texture nématogranoblastique. En surface altérée, l’unité est gris foncé verdâtre; en surface fraiche, elle est vert moyen. Cette amphibolite aurait une origine basaltique révélée par la présence locale de textures de laves coussinées, d’une structure gloméroporphyrique et d’un litage primaire souligné par un rubanement compositionnel (Lapointe, 2006). L’amphibolite est composée de 60 à 80 % hornblende, de 20 à 40 % de plagioclase avec séricitisation variable, de ~3 % de quartz et biotite, ainsi que de proportions accessoires de magnétite, d’épidote, de titanite, de chlorite, de carbonate et de pyrite (Simard et Lafrance, 2011). Localement, on trouve des rubans riches en clinopyroxène.

L’unité nAaqi1 comporte quelques niveaux d’andésite. Dans la partie orientale de la section nord, on observe des intercalations de niveaux métriques à décamétriques de paragneiss granoblastique à biotite-grenat et de roches volcaniques felsiques similaires à celles de l’unité nAaqi3. De plus, des injections métriques à décamétriques de tonalite et de granite, de même que des dykes mafiques, la coupent.

Une affinité tholéiitique et une signature géochimique comparable à celle des arcs volcaniques modernes caractérisent cette unité (Simard et Lafrance, 2011; Hammouche et al., 2017). Guemache et al. (2017) notent que ces roches sont subalcalines et mentionnent la présence locale d’une phase andésitique d’affinité transitionnelle. Toutefois, la composition basaltique d’affinité tholéiitique reste largement dominante.

Des zones minéralisées aurifères ou cuprifères sont associées à la portion sud de cette unité. 

Groupe d’Aquilon 2 (nAaqi2) : métapéridotite et métahornblendite

L’unité nAaqi2 se présente en affleurement sous la forme de buttes de largeur décamétrique de >100 m de longueur (Simard et Lafrance, 2011). Elles sont composées de filons-couches de métapéridotite à pyroxène et hornblende à grain fin, foliée et fortement magnétique. En surface altérée, la métapéridotite exhibe une patine grise ou brun moyen à foncé typique des roches ultramafiques, et gris verdâtre moyen en surface fraiche. Elle est composée de 40 à 75 % d’olivine peu à fortement altérée en d’un assemblage de serpentine-magnétite-chlorite, de 25 à 40 % de clinopyroxène partiellement altéré en actinote et trémolite, de 12 à 15 % de hornblende et de <5 % d’oxydes, avec quelques rares cristaux d’orthopyroxène. L’unité présente localement une texture mésocumulus formée de cristaux d’olivine étirés qui baignent dans une matrice très finement grenue.

Elle comprend aussi quelques filons-couches de métahornblendite issue d’une recristallisation totale ou du métamorphisme important d’une pyroxénite. On trouve généralement des niveaux métriques de talc-carbonate en bordure des intrusions de l’unité nAaqi2.

Des crêtes magnétiques de forte intensité, continues sur 8 km, caractérisent l’aspect de l’unité sur la carte magnétique (D’Amours, 2011). Ces crêtes semblent se prolonger en dehors du Groupe d’Aquilon, jusque dans la Suite de Coates, où des enclaves hectométriques de l’unité nAaqi2 sont observées (Hammouche et al., 2017).

Au niveau métallogénique, les roches contiennent localement des sulfures disséminés avec des teneurs anomales en nickel et chrome (Simard et Lafrance, 2011; Hammouche et al., 2017).

Les intrusions ultramafiques de l’unité nAaqi2 de la section nord sont interprétées comme étant comagmatiques avec l’unité nAaqi1. Dans la section sud, elles sont plutôt associées à la Suite de Dutreuil. Des différences observées dans les degrés de déformation et dans la géochimie entre les petites intrusions distinctes de la section sud du Groupe d’Aquilon suggèrent qu’il y aurait eu plusieurs générations de mise en place dans ce secteur (Guemache et al., 2017; Burniaux et al., 2018).

Groupe d’Aquilon 3 (nAaqi3) : roche volcanique felsique

En majeure partie, l’unité nAaqi3 est composée de coulées massives de rhyodacite fortement recristallisée (Simard et Lafrance, 2011). Elle est bien foliée, localement mylonitique, et de granulométrie fine. Elle arbore une couleur blanche en surface altérée et une teinte blanc verdâtre en surface fraiche. Elle est majoritairement composée de quartz et plagioclase, avec 5 à 15 % de biotite, 2 à 5 % de muscovite, en plus d’épidote, de calcite, de magnétite et de chlorite. Plus rarement, on retrouve du grenat, de la sillimanite et de la staurolite, indicateurs d’un métamorphisme ayant atteint le faciès inférieur des amphibolites.

L’unité inclut également de la dacite ainsi que du tuf, du tuf à lapillis et du tuf à lapillis et à blocs de composition rhyodacitique. Les tufs présentent des lamines, voire des lits, d’épaisseur millimétrique à centimétrique. Les différentes lithologies de l’unité nAaqi3 montrent communément une texture porphyrique, avec 2 à 15 % de phénocristaux de 1 à 2 mm de quartz ± plagioclase. Elles ont une affinité calco-alcaline (Lapointe, 2006).

L’unité nAaqi3 est la lithologie la plus importante dans la moitié ouest de la section nord du Groupe d’Aquilon. Elle est alors intercalée dans des bandes de l’unité nAaqi1. Cette zone possède un potentiel aurifère important associé aux veines de quartz-carbonate-pyrite qui coupent l’unité, ainsi qu’un potentiel de moindre importance aux épontes de celles-ci (Simard et Lafrance, 2011). Du tuf laminé fortement séricitisé contenant des sulfures disséminés à semi-massifs peut également être porteur d’une minéralisation aurifère, de même que l’amphibolite associée au tuf. Des anomalies en Ag, Cu, Pb et Zn sont aussi présentes à travers l’unité.

Groupe d’Aquilon 4 (nAaqi4) : formation de fer et paragneiss

L’unité nAaqi4 correspond principalement à des niveaux de formation de fer d’épaisseur métrique, majoritairement au faciès des oxydes et localement au faciès des silicates et des sulfures (Simard et Lafrance, 2011). L’unité présente un rubanement centimétrique régulier, légèrement plissé, millimétrique à centimétrique, qui résulte de l’alternance de rubans de chert blanchâtre à gris pâle et de rubans de magnétite noire à gris foncé. Au faciès des silicates, l’unité est riche en amphiboles, telles la hornblende verte et la grunérite, ainsi qu’en quartz et en grenat localement (jusqu’à 40 % dans certains rubans), en magnétite et en sulfures (<2 %). Les formations de fer dont la superficie est la plus importante sont situées dans le SE de la section nord du Groupe d’Aquilon. Elles montrent des épaisseurs variant de 10 à 30 m et peuvent être suivies sur plusieurs centaines de mètres.

Ces formations de fer sont associées à du paragneiss à grain très fin, à biotite et à porphyroblastes de grenat, avec des niveaux métriques contenant des amphiboles. Cette association a notamment été observée en forages (Moar, 2007). Cette observation amène Hammouche et al. (2017) à inclure ces paragneiss dans l’unité nAaqi4.

Selon Savard et Lavoie (2011), de la minéralisation aurifère est trouvée dans l’unité nAaqi4; celle-ci est associée à des sulfures dans des zones de remplacement et dans des veines de quartz coupant les formations de fer.

Épaisseur et distribution

Le Groupe d’Aquilon comporte deux sections. La plus importante, au nord, est située à ~20 km au sud du lac Vincelotte (feuillets 23E13, 33H16, 33I01 et 33I02); elle dessine une bande recourbée E-W de ~50 km de long sur 2 à 7 km de large. Cette bande est interprétée comme une antiforme étroite déversée vers le sud avec une plongée faible vers le NNW (Sharma, 1979).

La section sud est située à ~22 km au sud de la bande principale, à proximité de la Grande Rivière (feuillets 23E12 et 33H09). Elle prend la forme d’une bande biseautée aux extrémités, d’orientation NW-SE, s’étendant sur ~25 km de long et présentant une largeur de près de 4,5 km à sa section la plus large.

Datation

Aucune.

Relations stratigraphiques

Le style de déformation et le degré de recristallisation qui affectent les roches du Groupe d’Aquilon s’apparentent à ceux observés dans les roches du Complexe de Laforge, notamment un niveau de la roche volcanoclastique daté à 2840,7 ±0,9 Ma (David et al., 2011), situé au NE dans la région. Cela laisse penser que les séquences volcano-sédimentaires du Groupe d’Aquilon et du Complexe de Laforge sont contemporaines.

La section nord du Groupe d’Aquilon est située dans la Suite de Coates, limitrophe aux suites de Brésolles et de Joubert. Des enclaves métriques à décamétriques d’amphibolite et de roches ultramafiques incorporées dans la Suite de Coates (2742 à 2716 Ma; David et al., 2011) sont vraisemblablement associées au Groupe d’Aquilon, ce qui indique que la Suite de Coates est plus jeune. La Suite d’Alayrac, dont une partie se trouve au centre de la section nord du Groupe d’Aquilon, ne présente aucun contact en affleurement avec celui-ci, mais son aspect massif contraste avec les unités déformées du Groupe d’Aquilon. Cela pourrait signifier que le Groupe d’Aquilon s’est mis en place antérieurement à la Suite d’Alayrac.

La section sud du Groupe d’Aquilon est limitrophe avec la Formation de Dalmas, sans toutefois présenter de contact en affleurement. En forage, le contact entre la section sud du Groupe d’Aquilon et la Formation de Dalmas est cisaillé, indiquant que les deux unités ne sont pas forcément contemporaines (Savard et Lavoie, 2011). Ceci est confirmé par le fait que cette section du Groupe d’Aquilon est coupée par la Suite de Coates, plus âgée que la Formation de Dalmas. La section sud est coupée par la Suite de Dutreuil.

Paléontologie

Ne s’applique pas.

Références

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine

 

BURNIAUX, P., GUEMACHE, M A., GIGON, J., GOUTIER, J. 2018. Géologie de la région du lac Dalmas (SNRC 33H08, 33H09, 23E05, 23E12), Eeyou Istchee Baie-James. MERN. RG 2018-02, 50 pages et 1 plan.

D’AMOURS, I., 2011. Synthèse des levés magnétiques de la Baie-James. MRNF; DP 2011-08, 5 pages, 2 plans.

DAVID, J., MCNICOLL, V., SIMARD, M., BANDYAYERA, D., HAMMOUCHE, H., GOUTIER, J., PILOTE, P., RHEAUME, P., LECLERC, F., DION, C., 2011. DATATIONS U-PB EFFECTUEES DANS LES PROVINCES DU SUPERIEUR ET DE CHURCHILL EN 2009-2010. MRNF; RP 2011-02, 37 pages.

DESBIENS, H. 1998. GEOLOGIE DE LA PROPRIETE AQUILON. RESSOURCES SIRIOS INC. Rapport statutaire soumis au gouvernement du Québec. GM 56015, 159 pages et 20 plans.

GUEMACHE, M A., BURNIAUX, P., GOUTIER, J., GIGON, J. 2017. GEOCHIMIE DES UNITES GEOLOGIQUES DE LA REGION DU LAC DALMAS, MUNICIPALITE D’EEYOU ISTCHEE BAIE-JAMES. MERN. RP 2016-02, 38 pages.

HAMMOUCHE, H., BURNIAUX, P., KHARIS, A A., 2017. GEOLOGIE DE LA REGION DU LAC DES VOEUX (SNRC 33H10, 33H15 ET 33H16), MUNICIPALITE D’EEYOU ISTCHEE BAIE-JAMES. MERN, UQAT; RG 2016-01, 39 pages, 2 plans.

MOAR, R. 2011. RAPPORT FINAL DES TRAVAUX DE FORAGE AU DIAMANT SUR LES GITES AURIFERES LINGO 3 OUEST, FLEUR DE LYS ET MOMAN, PROJET AQUILON. RESSOURCES SIRIOS INC, RESSOURCES GOLDEN TAG LTD. Rapport statutaire soumis au gouvernement du Québec. GM 67545, 365 pages et 15 plans.

MOAR, R., 2007. RAPPORT DES TRAVAUX DE FORAGES AU DIAMANT, HIVER 2007, PROJET AQUILON EXTENSION. GOLDEN TAG RESOURCES, RAPPORT STATUTAIRE DÉPOSÉ AU MINISTÈRE DE L’ÉNERGIE ET DES RESSOURCES NATURELLES, QUÉBEC; GM 63348, 123 pages, 11 plans.

MOAR, R., DEROSIER, C. 2004. REVIEW OF EXPLORATION WORK CARRIED OUT ON THE AQUILON PROJECT. SOQUEM INC, RESSOURCES SIRIOS INC. Rapport statutaire soumis au gouvernement du Québec. GM 62164, 188 pages et 11 plans.

QUIRION, D. 2000. RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE DECAPAGE, DE CARTOGRAPHIE ET DE FORAGE SUR LA PROPRIETE AQUILON. SOQUEM. Rapport statutaire soumis au gouvernement du Québec. GM 58300, 274 pages et 14 plans.

SAVARD, M., LAVOIE, J. 2011. TECHNICAL REPORT AND RECOMMENDATIONS, SUMMER 2009, NOELLA PROJECT (TECHNICAL REPORT 43-101A1). MINES VIRGINIA INC. Rapport statutaire soumis au gouvernement du Québec. GM 65741, 281 pages et 14 plans.

SHARMA, K N M. 1979. REGION DU LAC VINCELOTTE (NOUVEAU-QUEBEC) – RAPPORT INTERIMAIRE. MRN. DPV 730, 26 pages et 1 plan.

SIMARD, M., LAFRANCE, I. 2011. GEOLOGIE DE LA REGION DU RESERVOIR LAFORGE 1 (33I). MRNF. RG 2011-01, 49 pages et 1 plan.

 

Autres publications

Lapointe, I., 2006. Caractérisation du système aurifère filonien d’Aquilon, Baie-James, Québec. Thèse de maitrise, Université du Québec à Chicoutimi, 245 pages. dx.doi.org/10.1522/24626220

Citation suggérée

Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN). Groupe d’Aquilon. Lexique stratigraphique du Québec. https://gq.mines.gouv.qc.ca/lexique-stratigraphique/province-du-superieur/groupe-aquilon [cité le jour mois année].

Collaborateurs

 

Première publication

William Chartier-Montreuil, géo. stag., B. Sc. william.chartier-montreuil@mern.gouv.qc.ca (rédaction)

Mehdi A. Guemache, géo., Ph. D. (rédaction et coordination); Hanafi Hammouche, géo., M. Sc. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique).

 
4 mars 2022