Une bande NW-SE de ~11 km de longueur allant de la rivière Kinojévis au lac Marillac (feuillet SQRC 32D07-200-0101) est d’abord cartographiée par la Commission géologique du Canada parmi les intrusions de granite, granodiorite et roches associées (Cooke et al., 1931), puis de diorite quartzifère passant localement à du granite (CGC, 1936). Cette intrusion englobe le Pluton tonalitique de Cléricy et le Gabbro du Lac Hervé actuels. Dans sa cartographie du quart SE du canton de Dufresnoy, Robinson (1952) décrit l’extrémité NW (entre la rivière Kinojévis et le lac Hervé) de l’intrusion comme roches volcaniques intermédiaires à mafiques. Dans le quart SW du canton de Cléricy, la partie ouest de l’intrusion est définie comme de la diorite, la partie SW comme du gabbro et la partie est comme de la diabase (MRN, 1958; Hogg, 1963). Dugas et al. (1961) cartographient toute l’intrusion comme de la diorite, du gabbro et de la diabase. Van de Walle (1975) cartographie de la diorite pour l’extrémité NW de l’intrusion, mais mentionne que de la diabase a été interceptée dans deux trous de sondage du même secteur. Trudel (1978, 1979) décrit du gabbro avec une proportion mineure de pyroxénite. Cet auteur inclut ces lithologies dans le « filon-couche de Cléricy » composé d’une partie granitique au sommet (Pluton tonalitique de Cléricy) et gabbroïque à la base (Gabbro du Lac Hervé). Goodwin (1980) distingue en carte une intrusion qu’il classe parmi les intrusions de gabbro, diorite, lamprophyre, péridotite, dunite et serpentinite. Goutier (2000) associe à nouveau ces roches au Pluton tonalitique de Cléricy, une intrusion de tonalite avec diorite, gabbro et granodiorite. En carte, la tonalite et la granodiorite cadrent avec le découpage actuel du Pluton tonalitique de Cléricy, alors que la diorite et le gabbro correspondent respectivement aux parties occidentales et orientales du Gabbro du Lac Hervé. Suite à deux datations de l’unité gabbroïque, Mueller et al. (2012) dissocient cette dernière (« gabbro de Cléricy ») du Pluton tonalitique de Cléricy (« tonalite de Cléricy »). Le Gabbro du Lac Hervé est officiellement introduit par J. Goutier en 2015 (G. Roy, communication personnelle, 13 décembre 2022). Le nom fait référence au lac Hervé situé dans le feuillet 32D07-200-0101.

Le Gabbro du Lac Hervé consiste en gabbro vert foncé à noir ophitique renfermant des rubans (schlierens) de gabbro pegmatitique quartzifère (taille des grains >5 mm) et passant imperceptiblement à une diorite plus feldspathique gris pâle à gris verdâtre et granulaire (Hogg, 1963; Trudel, 1978, 1979). Tout comme leurs équivalents effusifs (Groupe de Blake River), le gabbro et la diorite ont subi le métamorphisme régional et montrent une minéralogie secondaire (Trudel, 1979). Ainsi, le plagioclase calcique primaire est remplacé par un agrégat d’albite et de clinozoïsite, l’augite est remplacée par l’actinote et la chlorite, bien que des vestiges d’augite soient préservés dans certains cas. Les minéraux accessoires sont le quartz, la calcite, le sphène, la séricite, la prehnite, la pumpellyite et les minéraux opaques. Ni l’olivine, ni l’orthopyroxène, ni des pseudomorphes de ces minéraux n’ont été observés. Le gabbro et la diorite montrent la même minéralogie et ne diffèrent qu’en ce que la diorite contient plus de plagioclase et moins de minéraux ferromagnésiens que le gabbro. Les textures subophitique et ophitique sont les plus communément observées dans ces roches.

De récentes descriptions d’affleurements (2012), situés en bordure de chemins immédiatement au SE du lac Hervé, font toutes état de gabbro métamorphisé à amphibole vert blanchâtre à vert noirâtre et à grain moyen, localement grossier. Les autres minéraux observés sporadiquement sont la chlorite, le quartz, le leucoxène et les sulfures (pyrite). La roche est communément hétérogène et contient des niveaux ou amas de gabbro porphyrique ou pegmatitique. Des amas de tonalite et de trondhjémite (minéraux ferromagnésiens <10 %), probablement dérivés du Pluton tonalitique de Cléricy adjacent, ainsi que des enclaves d’andésite à plagioclase porphyrique ont également été observées.