Historique

Lors de travaux de cartographie à l’échelle 1/50 000 dans la région du lac Dupire (feuillet 34H03), Lamothe (1997) a reconnu cinq enclaves kilométriques de roche volcano-sédimentaire qu’il a regroupées sous le terme de « Zone volcanosédimentaire du lac Dupire (ZVLD) », subdivisée en neuf unités informelles (Aldu1 à Aldu9). Dans la région du lac Nedlouc (feuillet 34N), Parent et al. (2000, 2001) ont utilisé le terme de ceinture de Dupire pour désigner les cinq enclaves reconnues par Lamothe (1997), en plus d’assigner les roches volcano-sédimentaires de la région du lac Dupire à une nouvelle unité, le Complexe de Dupire. Plus au sud, dans la région des lacs des Loups Marins (feuillet 34A), Gosselin et al. (2001, 2002) ont assigné deux petites ceintures volcano-sé­dimentaires au Complexe de Dupire, les ceintures de Pastorel et de l’Île, en se basant sur leurs ressemblances lithologiques avec la ceinture de Dupire, ainsi que sur leur situation géographique et leur forte susceptibilité magnétique.

 

Description

Le Complexe de Dupire se compose de paragneiss à biotite-hornblende ± grenat, et à biotite ± grenat, auxquels sont associés quelques niveaux de quartzite, de métabasalte d’affinité tholéitique, de métarhyolite et de roche pyroclastique felsique, de formations de fer à silicates et à oxydes ainsi que de schiste à anthophyllite-cordiérite-biotite (Lamothe, 1997; Parent et al., 2000, 2001; Gosselin et al., 2001, 2002; Simard et al., 2008; Simard, 2008; MRNF, 2010a-b). Des filons-couches mafiques et ultramafiques sont intercalés dans les séquences de roches vol­cano-sédimentaires à plusieurs endroits. Lamothe (1997) mentionne que les intrusions mafiques (unité Aldu8; gabbro, pyroxénite, péridotite) sont d’affinité calco-alcaline et qu’il est peu probable qu’elles soient génétiquement liées au métabasalte tholéitique. Toutes les lithologies de ce complexe sont métamorphisées au faciès des amphibolites; elles ont localement subi un métamorphisme rétrograde au faciès des schistes verts.

Le Complexe de Dupire se compose de trois ceintures principales caractérisées par une forte susceptibilité magnétique : 1) la ceinture de Dupire comprend cinq lambeaux (trois d’origine sédimen­taire et deux d’origine volcanique; Lamothe, 1997); 2) la ceinture de Pastorel est composée de roches métasédimentaires et métavolcaniques; et 3) la ceinture de l’Île est constituée de roches métavolcaniques (Gosselin et al., 2001, 2002). Le complexe a été subdivisé en quatre unités informelles (Parent et al., 2000, 2001; MRNF, 2010a-b) : des paragneiss (nAdpr1), des formations de fer (nAdpr2), des roches volcaniques (nAdpr3) et des roches volcano-sédimentaires non différenciées (nAdpr4). Les trois premières unités sont uniquement décrites dans la ceinture de Dupire.

 

Les paragneiss de l’unité nAdpr sont constitués de deux assemblages minéralogiques distincts. Le premier, plus abondant, consiste en paragneiss à biotite-grenat qui forme des séquences rubanées de granulométrie fine, généralement affectées par de nombreux plissements serrés. La roche est grise et possède une surface d’altération gris jaunâtre à gris brunâtre. À plusieurs endroits, le paragneiss est affecté par une migmatitisation plus ou moins bien développée qui se traduit par la présence de petites bandes centimétriques à décimétriques de mobilisat granitique blanchâtre à rosâtre, lesquelles sont parallèles à la foliation. Il est communément associé à des niveaux de formation de fer et, plus rarement, de schiste à biotite-sillimanite. Le paragneiss est constitué de 80 % à 85 % de grains de quartz et de plagioclase. En général, le quartz est largement prépondérant. Le paragneiss renferme également 10 % à 15 % de feuillets de biotite alignés dans la foliation. Le grenat représente généralement <2 % du volume de la roche, et se concentre communément dans les bandes de mobilisat granitique où son pourcentage atteint ≥10 %. La sillimanite, la tourmaline et l’apatite ont été observées dans certains échantillons. Le protolite est vraisemblablement un faciès détritique argileux.

Le second type de paragneiss montre un assemblage à hornblende-biotite ± grenat. Celui-ci forme des niveaux métriques à décamétriques interstratifié dans les séquences d’amphibolite de l’unité nAdpr3. La roche est gris clair en cassure fraiche et gris brunâtre en surface altérée. Elle se compose de 75 % à 80 % de très petits grains de quartz et de plagioclase qui forment une structure équigranulaire. La roche contient également 10 % à 20 % de hornblende verte et 3 % à 10 % de petits bâtonnets de biotite. Les minéraux ferromagnésiens sont bien alignés dans la foliation régionale. Des petits grains de pyrite (2 %) sont communément observés. Le sphène, l’apatite et les carbonates sont accessoires. Des évidences d’une altération hydrothermale postmétamorphique ayant eu pour effet de transformer le plagioclase en séricite et la biotite en chlorite ont été rapportées. La présence d’une proportion importante de hornblende dans ces roches métasédimentaires, ainsi que leur association étroite avec les amphibolites, suggère que le protolite pourrait être un wacke lithique. Cependant, il pourrait s’agir de niveaux de roches pyroclastiques intermédiaires interstratifiés avec les niveaux de basalte.

Des niveaux de quartzite, continus sur quelques dizaines de mètres et d’épaisseur centimétrique ou métrique, sont communément associés aux paragneiss à biotite-grenat. La roche est gris clair en cassure fraiche et présente une patine d’altération beige clair. La roche est composée de ~85 % de grains de quartz hétérogranulaire, de feldspath et de cristaux de biotite (<10 %) soulignant la foliation.

Complexe de Dupire 2 (nAdpr2) : formation de fer

La cartographie effectuée par Lamothe (1997) avait permis de subdiviser les différents faciès de formation de fer, soit à silicates ou à oxydes. Toutefois, l’échelle de cartographie à l’échelle 1/250 000 nécessite un regroupement des différents faciès dans une unité non différentiée de formation de fer (nAdpr2). Les niveaux de formation de fer, de quelques mètres d’épaisseur, sont associés au paragneiss à biotite ou encore intercalés dans les séquences d’amphibolite. Ces roches sont bien rubanées et généralement affectées par des plissements serrés. Lea formation de fer à oxydes est caractérisé par une alternance régulière de lits centimétriques de métachert, de magnétite-quartz, et de grunérite-magnétite. La roche est gris foncé et s’altère en brun grisâtre.

La formation de fer à silicates est définie par un rubanement centimétrique constitué, d’une part, de niveaux ferrosilicatés composés de grunérite (30-90 %), de quartz (3-30 %) et de magnétite (10-30 %) et, d’autre part, de niveaux de métachert. La roche est brun verdâtre en cassure fraiche et montre une patine d’altération vert foncé. La formation de fer à silicates se distingue de celle à oxydes par la prédominance de la grunérite. Cette dernière définit communément une structure nématoblastique, puisque localement remplacée par de la hornblende.

Une minéralisation aurifère (zone minéralisée de Dupire) a été découverte dans un lit de formation de fer à grunérite-quartz de ≥2 m d’épaisseur (Leclair, 2001, 2002).

 

Complexe de Dupire 3 (nAdpr3) : roche volcanique non différenciée

Le Complexe de Dupire est composé d’une proportion considérable de roches volcaniques subdivisées par Lamothe (1997) en unités de basalte (amphibolite), de rhyolite et de tuf rhyolitique, et de schiste à anthophyllite-cordiérite-biotite ± quartz ± chlorite. Ces différentes lithologies sont regroupées dans l’unité informelle nAdpr3. La rhyolite et le tuf rhyolitique sont gris jaunâtre en cassure fraiche et leur patin d’altération est gris verdâtre. Cette lithologie est composée d’une matrice recristallisée de feldspath alcalin et de biotite supportant des phénocristaux de quartz. On observe également une phase pyroclastique à lapillis centimétriques étirés.

L’amphibolite est gris-vert foncé en cassure fraiche et présente une patine vert brunâtre. Elle est composée principalement de hornblende (60-80 %) et de plagioclase (20-40 %) qui définissent une structure granoblastique équigranulaire. La roche est généralement de granulométrie fine. Les roches fortement déformées présentent un aspect finement rubané. On note toutefois la présence locale de reliques de coussins très étirés. Quelques niveaux bréchiques (roche pyroclastique?) ont été observés. Les affleurements montrent généralement une foliation bien développée qui se traduit en lame mince par une structure nématoblastique soulignée par la hornblende.

Le schiste à anthophyllite-cordiérite-biotite ± quartz ± chlorite est généralement gris-vert en cassure fraiche et s’altèrent en brun moyen ou clair. Il forme des niveaux adjacents au basalte qui peuvent être suivis sur une distance de près d’un kilomètre. Par endroits, ces niveaux atteignent une puissance de >3 m. Le schiste montre une bonne foliation et, localement, un faible rubanement. Les principales phases minérales sont l’anthophyllite (2-60 %) qui forme des cristaux idiomorphes ainsi que la cordiérite (2-70 %), occasionnellement concentrée le long de niveaux millimétriques à structure granoblastique. L’assemblage anthophyllite-cordiérite-biotite ± quartz ± chlorite représente probablement le métamorphisme d’une zone d’altération formée à proximité de lave basaltique. De plus, des évidences de circulation hydrothermale postmétamorphique (succédant au faciès des amphibolites) ont été décelées dans le remplacement de la biotite par la chlorite, de l’anthophyllite par le talc, et de la cordiérite par la pinite.

 

Dans la région des lacs des Loups Marins (feuillets 34A11 et 34A14), les ceintures volcano-sédimentaires de Pastorel et de l’Île ont été assignées au Complexe de Dupire. La ceinture de Pastorel se compose principalement de paragneiss et de roche volcanique mafique auxquels sont associés, localement, quelques minces niveaux de roches pyroclastiques felsiques. On y observe également, en moindre proportion, des niveaux de formation de fer ainsi que des roches intrusives mafiques et ultramafiques. Toutes ces roches sont métamorphisées au faciès des amphibolites et sont très déformées, ce qui leur donne un aspect laminaire à finement rubané. La ceinture de l’Île est constituée de roches volcaniques intermédiaires à mafiques, rubanées et amphibolitisées, qui sont fortement sulfurées par endroits. Cette ceinture contient aussi des niveaux de formations de fer à oxydes et à silicates de 1 à 3 m d’épaisseur.

 

Épaisseur et distribution

Le Complexe de Dupire est constitué d’une dizaine de lambeaux et d’enclaves kilométriques dans les régions du lac Dupire (feuillet 34H) et des lacs des Loups Marins (feuillet 34A). La ceinture de Dupire regroupe cinq enclaves dans le secteur du lac Dupire (feuillet 34H03). La ceinture de Pastorel est localisée directement au nord des lacs des Loups Marins (feuillets 34A11 et 34A14), où elle couvre une superficie de ~14 km de longueur par 4 km de largeur. La ceinture de l’Île a été délimitée à partir de seulement deux affleurements localisés à l’extrémité orientale des lacs des Loups Marins (feuillet 34A11).

 

Datation

Des âges Pb-Pb de 2787 ±3 Ma et 2798 ±11 Ma ont été obtenus dans du tuf felsique de la ceinture de Dupire (David et al., 2009).

Relations stratigraphiques

Les roches volcano-sédimentaires du Complexe de Dupire pourraient être équivalentes à celles du Complexe de Garault (2782 Ma) qui est localisé un peu plus à l’est (Simard, 2008). Les deux unités sont localisées dans le sud du Domaine de Goudalie et ont des âges et des ensembles lithologiques comparables. Simard et al. (2008) associent les deux unités à des évènements volcaniques locaux et limités qui ont affecté le sud de la Sous-province de Minto à ~2790 Ma.

Paléontologie

Références

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine

 

Citation suggérée

Collaborateurs

Première publication

Céline Dupuis, géo., Ph. D. celine.dupuis@mern.gouv.qc.ca (rédaction) Mehdi A. Guemache, géo., Ph. D. (coordination); anonyme (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique); Ricardo Escobar Moran (montage HTML).