Auteur(s) : |
El Bourki et Moukhsil, 2021
|
Âge : |
Mésoprotérozoïque
|
Stratotype : |
Affleurements de référence 2021-AM-159 et 2021-FS-4030
|
Région type : |
Les affleurements typique sont localisés à l’est et à l’ouest du lac Tommy (feuillet SNRC 32H01)
|
Province géologique : | |
Subdivision géologique : | |
Lithologie : | Roches plutoniques felsiques à mafiques |
Catégorie : |
Lithodémique
|
Rang : |
Lithodème
|
Statut : | Formel |
Usage : | Actif |
Aucune
Historique
La Suite intrusive de Tommy a été définie par El Bourki et Moukhsil (2021) lors des travaux de cartographie dans les secteurs au nord de Dolbeau-Mistassini (feuillet 32H01), de Girardville et du lac Blondelas (feuillet 32H07), dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean.
Description
La Suite intrusive de Tommy est une intrusion polyphasée constituée d’un ensemble de roches felsiques, intermédiaires, mafiques et ultramafiques réparties en trois unités informelles (mPtmm1, mPtmm2 et mPtmm3). Les diverses phases de la suite sont localement coupées par un dyke de carbonatite et de roche ultramafique, en plus de contenir des enclaves de leuconorite. Les roches de cette suite sont très magnétiques et facilement identifiables sur les cartes aéromagnétiques (Intissar et Benahmed, 2015).
Suite intrusive de Tommy 1 (mPtmm1) : Gabbronorite, granite à feldspath alcalin, syénogranite, leuconorite et mangérite; localement coupé par un dyke de carbonatite et de roche ultramafique
La gabbronorite est de teinte brunâtre à gris-rouille en patine d’altération et noir-vert en cassure fraiche. Elle est généralement à grain moyen à grossier, granoblastique et foliée (p. ex. affleurement 2021-FS-4034). Plusieurs affleurements de cette gabbronorite sont porphyroïdes à phénocristaux de plagioclase, subophitiques et localement gneissiques (p. ex. affleurement 2021-AM-159). La gabbronorite est composée de plagioclase, d’orthopyroxène, de magnétite, de biotite, de clinopyroxène, d’apatite, d’ilménite et de traces d’amphibole et de sulfures disséminés de taille millimétrique (pyrite, pyrrhotite). Le granite à feldspath alcalin (p. ex. affleurement 2021-FS-4030) est de teinte rose-blanc en surfaces altérée et fraiche. Il est à grain grossier à porphyroïde à phénocristaux de feldspath potassique et folié. Au microscope, les phénocristaux de feldspath potassique de teinte rosâtre sont perthitiques et associés à de la myrmékite. Ceux-ci mesurent 2 à 3,5 cm de longueur et peuvent atteindre 65 % de la roche. Les autres minéraux sont le quartz en grande plage et marqué par une extinction roulante, le plagioclase localement altéré en séricite, la biotite et la magnétite. Sur le terrain, on note une variation en feldspaths d’un affleurement à l’autre; le granite à feldspath alcalin passe à un syénogranite. Ce dernier est généralement de teinte gris-rose en patine d’altération, rosé en surface fraiche et hématitisé. Il est à grain fin à moyen localement mylonitique (p. ex. affleurement 2021-FS-4082). Au microscope, il se compose de feldspath potassique perthitique et myrmékitique, de plagioclase altéré en séricite, d’amphibole, de biotite, de magnétite et de quartz. Ce dernier est en grande plage et présente une extinction ondulante. Les minéraux accessoires sont l’apatite en inclusion dans la biotite, l’épidote et le zircon.
Le syénogranite contient des enclaves de gabbro de 2 à 5 cm d’épaisseur à grain fin et folié. Il est coupé par un dyke de carbonatite. Ce dernier est grisâtre en patine d’altération, blanchâtre en surface fraiche et a une épaisseur visible de ≤5 dm (affleurement 2021-FS-4082, lithologie D). La carbonatite est à grain moyen à grossier et formée essentiellement de cristaux de calcite et d’apatite ainsi que de traces de biotite. Le dyke est l’hôte d’une minéralisation en éléments des terres rares (zone minéralisée de Lac Tommy). Le dyke de carbonatite est associé à des veines de 1 à 2 dm d’épaisseur d’une roche de teinte gris-noir en patine d’altération et bleue en surface fraiche. Cette roche est de composition intermédiaire (58,72 % SiO2), finement grenue, riche en hématite spéculaire sous forme d’aiguille et/ou de fibre et contient du quartz, des traces de cristaux de calcite et d’apatite. Une autre veine de ~5 mm à 4 dm d’épaisseur, riche en amphibole (arfvedsonite) et à structure en peigne est également observée par endroits en affleurement. Celle-ci est associée au syénogranite.
La leuconorite constitue une phase minoritaire en termes de superficie dans cette suite (affleurement 2021-AM-160). Elle est de teinte blanc-gris en patine d’altération, gris-beige en surface fraiche et à grain grossier à porphyroïde à phénocristaux de plagioclase. La leuconorite est magnétique et constituée d’orthopyroxène, de clinopyroxène et de biotite. Un dyke de lamprophyre finement à très finement grenu de 0,2 à 1 m d’épaisseur coupe la leuconorite. Le lamprophyre est constitué de plagioclase, de biotite, de magnétite, de clinopyroxène et contient des enclaves centimétriques de la leuconorite.
La mangérite affleure ici et là au nord de l’unité mPtmm1 (p. ex. affleurement 2021-GS-2157). Elle est de teinte brun-blanc en patine d’altération et légèrement verdâtre en surface fraiche. La roche est de granulométrie fine à moyenne, localement porphyroïde à phénocristaux de feldspath potassique, granoblastique et présente une déformation moyenne. Les phénocristaux de feldspath potassique constituent <2 % de la roche et ne dépassent pas 3,5 cm de longueur. La mangérite contient également du quartz, du plagioclase, de l’orthopyroxène, de la magnétite et des traces de clinopyroxène.
Suite intrusive de Tommy 2 (mPtmm2) : Monzodiorite quartzifère et monzodiorite
La monzodiorite quartzifère est de teinte gris-blanc en patine d’altération, gris-blanc en surface fraiche, à grain moyen à grossier, granoblastique et foliée. La roche est constituée de quartz, de plagioclase, de biotite, de clinopyroxène, de magnétite, de traces de feldspath potassique et, localement, de quelques grains d’orthopyroxène. Elle est moins déformée que la monzodiorite et est coupée de veines et veinules de composition granitique.
La monzodiorite est de teinte grisâtre en patine d’altération, gris-olive en surface fraiche, de granulométrie moyenne et est foliée (p. ex. affleurement 2021-FS-4087). Elle est constituée d’amphibole, de biotite, de magnétite et de clinopyroxène. Quelques occurrences de granite rose ont aussi été observées dans cette unité. La roche est à grain moyen, foliée et constituée de quartz, de feldspaths, d’amphibole, de biotite et de magnétite.
Suite intrusive de Tommy 3 (mPtmm3) : Mangérite, syénite à hypersthène, monzodiorite quartzifère et granite à feldspath alcalin; proportion moindre de gabbronorite et d’enclaves de leuconorite
La mangérite (monzonite quartzifère à hypersthène; p. ex. affleurement 2021-AM-043), est de couleur brun rouille en patine d’altération et gris-vert en cassure fraiche. Elle est caractérisée par une granulométrie grossière et porphyroïde à phénocristaux de plagioclase et de feldspath potassique (35 à 40 % de la roche, 1 à 3,5 cm de longueur), localement à structure rapakivi. Elle présente une faible déformation. Elle est composée de grandes plages de quartz, de feldspath potassique perthitique, de plagioclase fortement séricitisé, de clinopyroxène, d’orthopyroxène, de la hornblende et de magnétite. L’orthopyroxène est présent en inclusions dans les phénocristaux de plagioclase où il est bordé par de la hornblende verte. La proportion d’orthopyroxène et de clinopyroxène varie en affleurement (2 à 8 %). Les minéraux ferromagnésiens (pyroxènes et hornblende) forment des amas de quelques millimètres ici et là dans la roche. Les minéraux accessoires sont constitués d’apatite et de zircon. La mangérite est coupée par des dykes de diorite (1 à 2 m de largeur) et contient également les enclaves de cette diorite grise à grain fin. Localement, le dyke de diorite est injecté à son tour par des veines et veinules de mangérite en plus de contenir des enclaves de celle-ci.
La syénite à hypersthène (p. ex. affleurement 2021-ME-1030) est de teinte blanc-gris en patine d’altération et gris-vert en cassure fraiche, de grain moyen à grossier, granoblastique, localement porphyroïde à phénocristaux de feldspath potassique et faiblement déformée. Les phases porphyroïdes présentent jusqu’à 60 % de phénocristaux de feldspaths de 1 à 3 cm de longueur (p. ex. affleurement 2021-AM-39). Elle est constituée d’orthopyroxène, de feldspath potassique, de plagioclase, de clinopyroxène, de biotite, de magnétite, de la hornblende et de quartz. Ce dernier varie et peut atteindre 20 % dans la roche, laquelle devient ainsi une syénite quartzifère à hypersthène. Au microscope, la majorité des feldspaths potassiques sont perthitique et le plagioclase est séricitisé. La hornblende verte forme des amas en association avec la biotite de teinte orange-rouge, de petites inclusions de quartz et de magnétite. Le quartz est généralement en grandes plages et présente une extinction ondulante. Les minéraux accessoires sont représentés par l’allanite et le zircon. Les minéraux ferromagnésiens (pyroxènes, hornblende et biotite) forment des amas de quelques millimètres par endroits dans la roche.
La monzodiorite quartzifère est de teinte grisâtre à brun rouille en patine d’altération, vert-noir en cassure fraiche, de granulométrie moyenne à grossière, localement porphyroïde à phénocristaux de plagioclase et faiblement déformée. Elle est constituée de quartz, de magnétite, de clinopyroxène, de plagioclase, de feldspath potassique, de biotite et d’orthopyroxène. La proportion de ce dernier est variable en affleurement et peut constituer 1 à 6 % de la roche (p. ex. affleurement 2021-AM-45). Au microscope, la biotite a une teinte orange-rouge et est associée à la magnétite et à l’orthopyroxène groupés en amas millimétriques. Les minéraux accessoires sont l’apatite, la titanite et le zircon.
Le granite à feldspath alcalin est à grain fin à grossier, rose en patine d’altération, gris-rose en cassure fraiche, et moyennement déformé. Quelques occurrences de granite à feldspath alcalin de cette unité sont porphyroïdes à phénocristaux de feldspaths (p. ex. 2021-ME-1143). La roche est localement hématitisé et composée de quartz, de feldspath potassique, de plagioclase, de magnétite et d’orthopyroxène.
Dans cette unité informelle, la gabbronorite est en proportion moindre et de teinte brun rouille en patine d’altération et vert-noir en surface fraiche. Elle est généralement à grain grossier, granoblastique, localement porphyroïde en plagioclase et contient des xénocristaux de feldspath potassique (p. ex. affleurement 2021-AM-44). Ces derniers ont probablement été arrachés de la syénite et/ou de la mangérite de la même suite lors de la mise en place de la gabbronorite. Cette dernière présente un litage compositionnel discret et est composée de plagioclase, d’orthopyroxène, de magnétite, de biotite, de clinopyroxène, d’apatite, d’ilménite et de traces d’amphibole et de sulfures (pyrite, pyrrhotite).
Des enclaves de leuconorite centimétriques à métriques sont localement présentes à la bordure ouest de cette unité (affleurement 2021-AM-83). La leuconorite présente quelques zones qui contiennent uniquement des cristaux de plagioclase (anorthosite). La leuconorite est foliée et localement pegmatitique avec de gros cristaux d’orthopyroxène. Les enclaves peuvent provenir de la Suite anorthositique de Lac-Saint-Jean qui affleure à l’ouest du contact avec la Suite intrusive de Tommy.
Épaisseur et distribution
La forme de la Suite intrusive de Tommy rappelle celle d’un cœur de ~210 km2. Elle est localisée entre le Grand lac Brochet et le lac aux Rats (partie ouest du feuillet 32H01 et partie est du feuillet 32H02).
Datation
Aucune.
Relations stratigraphiques
La Suite intrusive de Tommy est intrusive dans la Suite intrusive de Sainte-Hedwidge et dans la Suite anorthositique de Lac-Saint-Jean. Elle est coupée par un dyke de carbonatite qui est probablement postgrenvillien. Le contact entre l’unité mPtmm1 et son encaissant est faillé et constitué d’une zone de cisaillement à mouvement dextre. Berrangé (1960) a noté, lors de sa cartographie du feuillet 32H01, la présence d’enclaves métriques à kilométriques de paragneiss migmatitique (Complexe de Barrois) et d’amphibolite dans la Suite intrusive de Tommy.
Paléontologie
Ne s’applique pas.
Références
Publications accessibles dans SIGÉOM Examine
BERRANGE, J. P., 1960. RAPPORT PRELIMINAIRE SUR LA REGION D’ANTOINE, DISTRICT ELECTORAL DE ROBERVAL. MRN; RP 429, 15 pages, 1 plan.
EL BOURKI, M., MOUKHSIL.A. 2021. Géologie de la région de Dolbeau-Blondelas, Province de Grenville, région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Québec, Canada. MERN; BG 2022-02, 1 plan.
INTISSAR, R., BENAHMED, S., 2015. Levé magnétique aéroporté dans le secteur ouest du Lac-St-Jean, Province de Grenville. MERN, GOLDAK AIRBORNE SURVEYS; DP 2015-06, 7 pages, 2 plans.
Citation suggérée
Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN). Suite intrusive de Tommy. Lexique stratigraphique du Québec. https://gq.mines.gouv.qc.ca/lexique-stratigraphique/province-de-grenville/suite-intrusive-de-tommy [cité le jour mois année].
Collaborateurs
Première publication |
Abdelali Moukhsil, géo., Ph. D. abdelali.moukhsil@mern.gouv.qc.ca; Mhamed El Bourki, géo. stag., M. Sc. mhamed.elbourki@mern.gouv.qc.ca (rédaction) Mehdi A. Guemache, géo., Ph. D. (coordination); Fabien Solgadi, géo., Ph. D. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique); Catherine Tremblay (English version). |