Historique

Description

La Suite intrusive de Rocher-Fendu (mPrfd) est composée de roches intermédiaires à felsiques en deux sous-unités éparses correspondant à deux intrusions de composition et d’affinité géochimique distinctes. La première sous-unité, mPrfd1, correspond à une intrusion polyphasée calco-alcaline à alcaline présente dans le secteur de l’île du Rocher-Fendu, aux abords de la rivière des Outaouais, entre les villages de Portage-du-Fort et de Bryson. L’intrusion alcaline de la deuxième sous-unité, mPrfd2, affleure dans le secteur de l’île Lafontaine, dans la partie centre-ouest de l’Île du Grand-Calumet.

Suite intrusive de Rocher-Fendu 1 (mPrfd1) : Diorite, granodiorite leucocrate, leuconorite

La sous-unité mPrfd1 est constituée d’une proportion jugée équivalente de deux principaux faciès lithologiques qui ont été déterminés à partir des différences de composition et d’affinité géochimique, soit 1) une diorite d’affinité calco-alcaline et 2) une granodiorite calco-alcaline à alcaline. Un faciès de leuconorite calco-alcaline a également été observé sur au moins deux affleurements. Les trois faciès renferment des enclaves de 10 cm de diamètre de compositions variées, incluant notamment de l’amphibolite, du gabbro et des roches calcosilicatées. Les affleurements de cette sous-unité se caractérisent aussi par la présence de 5 à 10 % de rubans felsiques roses d’épaisseur centimétrique qui sont parallèles à la foliation.

Faciès dioritique

Le faciès de diorite est de granulométrie et de composition hétérogènes à l’échelle de l’affleurement. Les roches possèdent une teinte assez foncée variant de beige à brunâtre en patine altérée et gris-beige, brun ou gris verdâtre en surface fraîche. La diorite est généralement de granulométrie fine à grossière; localement, on note des passages contenant de petits phénocristaux de hornblende de quelques millimètres. La roche est composée de pourcentages variables de feldspaths, de minéraux ferromagnésiens et de quartz fumé, contribuant à la teinte foncée de la roche. Le feldspath potassique varie de 10 à 20 %; il est présent sous forme d’orthose en cristaux isolés de taille moyenne et en amas de petits cristaux de microcline. La hornblende forme des cristaux fins à moyens non altérés qui sont distribués de manière homogène dans la roche. La biotite est généralement observée en lattes de granulométrie moyenne qui définissent une foliation peu marquée. Le faciès dioritique possède une forte susceptibilité magnétique.

Faciès granodioritique

La granodiorite est généralement leucocrate, arborant une patine d’altération gris clair, ce qui la distingue de la teinte plus foncée de la granodiorite. Par endroits, elle présente une croûte météorisée blanche. La surface fraîche a un aspect vitreux de couleur gris foncé à gris verdâtre foncé et localement rosée. La granodiorite est de granulométrie fine à moyenne et se compose de 60 à 70 % de plagioclase très faiblement damouritisé, d’une concentration variable de quartz représentant ~20 % du volume de la roche et de feldspath potassique (orthose) à grain moyen constituant ~10 % de la roche. Le pourcentage de minéraux ferromagnésiens est également variable, voire nul dans certains échantillons. La biotite domine la proportion de ces minéraux (jusqu’à 7 %), suivie de la hornblende (3 %). On note également la présence de nombreux amas quartzofeldspathiques centimétriques mis en évidence par l’accumulation de cristaux de biotite aux pourtours.

Faciès leuconoritique

La leuconorite est d’affinité géochimique calco-alcaline. Elle est observée sur au moins deux affleurements (p. ex. affleurement 2021-CB-1227). La roche est de couleur gris moyen à foncé en surface fraîche et gris moyen clair et tachetée de minéraux bruns terreux en relief négatif en patine altérée. La roche présente localement une croûte d’altération d’épaisseur millimétrique de couleur brune. Les échantillons types se composent de 65 à 70 % de cristaux à grain moyen à grossier de plagioclase généralement automorphes et sans orientation préférentielle. Les plagioclases forment en moindre mesure des amas de cristaux arrondis formant des points triples en microscopie, indiquant une recristallisation. Les échantillons renferment jusqu’à 25 % de cristaux d’orthopyroxène à grain moyen interstitiels aux lattes de plagioclases et 2 à 5 % de clinopyroxènes. On note l’ouralitisation partielle des cristaux de pyroxène, leurs cœurs étant préservés pour la plupart. Les autres minéraux ferromagnésiens sont la hornblende fine en cristaux isolés ainsi que 2 à 3 % de biotite associée aux pyroxènes, à la hornblende et à des minéraux opaques.

Suite intrusive de Rocher-Fendu 2 (mPrfd2) : Monzodiorite quartzifère homogène

La sous-unité mPrfd2 est composée de monzodiorite quartzifère homogène et localement de diorite quartzifère d’affinité géochimique calco-alcaline à alcaline. Les roches ont une couleur beige rosé à gris clair en patine d’altération et généralement grise en surface fraîche avec une légère teinte rosée sur quelques affleurements. Au microscope, la sous-unité est composée de plagioclases trapus légèrement saussuritisés et de 5 à 10 % de quartz hétérogranulaire en cristaux isolés. La roche est composée d’une moyenne de 10 % de biotite à grain fin à moyen et de 5 à 10 % de hornblende. La distribution de la hornblende et de la biotite est généralement uniforme, à l’exception d’amas diffus localisés à plus grande concentration de biotite. La roche renferme 2 à 8 % de feldspath potassique (orthose) à répartition hétérogène et les minéraux accessoires sont l’épidote, la titanite, la monazite, le zircon et les minéraux opaques. Les roches sont assez homogènes et présentent très peu de variations structurales ou de composition, les minéraux n’étant pas déformés ni recristallisés.

Épaisseur et distribution

La Suite intrusive de Rocher-Fendu se subdivise en deux intrusions distinctes (mPrfd1 et mPrfd2). Leurs superficies respectives sont évaluées à ~20 km² chacune, en considérant leurs extensions en Ontario d’après les travaux de cartographie de Lumbers (1980).

Datation

Les zircons d’un échantillon de monzodiorite quartzifère de l’unité mPrfd2 (affleurement 2021-CB-1155) analysé pour datation par LA-ICPMS a retourné un âge de 1195 ±7 Ma (Davis, 2023). Ce résultat est interprété comme l’âge de cristallisation de l’intrusion, ce qui en fait la plus jeune unité intrusive connue dans la région. L’analyse de monazites du même échantillon a donné un âge de 1042 ±19 Ma. Ce résultat est interprété comme l’âge approximatif du métamorphisme régional associé à la phase ottawanienne de l’orogenèse grenvillienne (Rivers, 1989).

Relations stratigraphiques

La Suite intrusive de Rocher-Fendu réunit deux intrusions, dont une seule possède une donnée géochronologique révélant le plus jeune âge plutonique de la région. Cette donnée indique par extrapolation que l’unité coupe chronologiquement toutes les autres. Le recoupement des roches métasédimentaires de la Séquence supracrustale des Outaouais a été observé notamment dans le secteur de la traverse Dingo, au nord de la municipalité de Portage-du-Fort. On note une abondance d’enclaves de toutes compositions, notamment de roches mafiques possiblement associées au Complexe de Grand-Calumet et de roches calcosilicatées interprétées comme provenant de la Séquence supracrustale des Outaouais.

Paléontologie

Ne s’applique pas.

Références

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine

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