Les roches correspondant à la partie sud (feuillets SNRC 22I05 et 22I06) de l’Intrusion de Boutereau sont d’abord incluses dans trois unités indifférenciées de granite rose à hornblende, de roches dioritiques ainsi que de gneiss métasédimentaire, d’amphibolite et de migmatite (Klugman, 1954). Elles sont incluses dans une unité générale de granite avec pegmatite dans les travaux de cartographie régionale de Franconi et Sharma (1973) et de Sharma et Franconi (1975), puis de Avramtchev (1984). L’Intrusion de Boutereau est officiellement introduite dans les travaux de cartographie du Ministère des feuillets 22I11 et 22I12 (Gobeil et al., 2000, 2003b; Grant, 2003). Elle est alors divisée en quatre unités informelles constituées, du cœur vers la bordure, de monzodiorite à biotite, apatite et magnétite (mPbot1), de granite à biotite et apatite (mPbot2), d’un mélange de gabbro à biotite et de granite (mPbot3a) et de gneiss gabbroïque injecté de proportions élevées de matériel granitique (mPbot3b). Cette nomenclature et ces subdivisions sont étendues à la partie sud de l’intrusion dans les travaux de compilation du Ministère des feuillets 22I05 et 22I06 (Nadeau et al., 2002a-b). L’Intrusion de Boutereau est considérée comme une intrusion composite tardigrenvillienne à postgrenvillienne dans la synthèse de la géologie de la Moyenne-Côte-Nord de Gobeil et al. (2002, 2003a). Le nom fait référence au lac Boutereau situé à la jonction des parties nord des feuillets 22I11 et 22I12.

L’Intrusion de Boutereau consiste en une intrusion composite constituée de monzodiorite, de granite et de gabbro; elle est caractérisée par une anomalie magnétique (Gobeil et al., 2000). Quatre unités ont été individualisées en carte. Le cœur de la masse est occupé par une monzodiorite riche en magnétite (mPbot1) facilement reconnaissable sur les cartes aéromagnétiques. Cette unité est entourée d’un granite porphyroïde, massif à folié (mPbot2). À la bordure ouest de l’intrusion, l’unité mPbot3a est constituée de granite et de gabbro fortement magnétiques dont la signature définit une forme circulaire. Aux bordures nord et est de l’intrusion, l’unité mPbot3b est caractérisée par du gneiss gabbroïque intensément injecté de matériel granitique.

Intrusion de Boutereau 1 (mPbot1) : Monzodiorite à biotite, apatite et magnétite

La monzodiorite (mPbot1) est composée de plagioclase par endroits zoné, d’orthose mésoperthitique, d’orthopyroxène transformé en partie ou en totalité en iddingsite et/ou hornblende, de biotite et de hornblende verte (Gobeil et al., 2000). Quelques phénocristaux de plagioclase sont entourés d’une enveloppe d’orthose. La biotite se présente en porphyroblastes remplis d’inclusions, dont l’apatite. La hornblende verte, généralement en grains dépourvus d’inclusions, présente par endroits une texture en passoire; elle est dans ce cas remplie de « gouttelettes » de quartz et d’une proportion mineure de plagioclase. La minéralogie accessoire est constituée de zircon, de titanite et d’un peu de magnétite et d’apatite. Cette dernière est en inclusion dans toutes les phases silicatées.

Intrusion de Boutereau 2 (mPbot2) : Granite porphyroïde, à biotite et apatite

Le granite (mPbot2) est porphyroïde, rose et à grain grossier (Gobeil et al., 2000). Il montre une foliation subverticale d’origine magmatique. Il est constitué de quartz, de microcline perthitique en taches, de plagioclase, de hornblende vert pomme (hornblende sodique) et de biotite. Parmi les minéraux accessoires, on note le zircon, la titanite, l’allanite et l’apatite associée en grande partie aux silicates ferromagnésiens. Vers l’ouest, le granite est caractérisé par des processus de rétromorphose : le plagioclase est séricitisé et/ou chloritisé, et la biotite est chloritisée. La chlorite secondaire inclut des fuseaux de microcline le long des clivages.

Intrusion de Boutereau 3 (mPbot3) : Roches gabbroïques et granitiques de bordure

La majeure partie de l’Intrusion de Boutereau présente une bordure constituée d’un mélange de roches gabbroïques et granitiques. À l’ouest, les roches gabbroïques ne montrent pas d’évidence de déformation (mPbot3a), alors qu’à l’est, elles sont gneissiques (mPbot3b).