Auteur(s) : |
Bergeron, 1980
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Âge : |
Néoprotérozoïque
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Stratotype : |
Affleurement de référence 2012-PA-03 localisé à 4 km au NE du lac Touladi
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Région type : |
Région au sud du lac à la Truite (feuillet SNRC 32H07)
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Province géologique : | |
Subdivision géologique : | |
Lithologie : | Roches intrusives alcalines, carbonatite |
Catégorie : |
Lithodémique
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Rang : |
Lithodème
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Statut : | Formel |
Usage : | Actif |
Aucune
Historique
L’intrusion a tout d’abord été nommée complexe alcalin de Crevier et découverte par la SOQUEM en 1975 (dans Bergeron, 1980) à la suite d’un levé radiométrique aéroporté. Cette découverte a été suivie de plusieurs travaux d’exploration par cette société qui a découvert plusieurs minéralisations de Nb-Ta. Bergeron (1980) a réalisé une maitrise traitant de la pétrographie et de la géochimie des différents faciès formant le complexe ainsi que de son encaissant. En 2012, le Ministère a instauré un projet de maitrise pour l’étude de cette minéralisation en Nb-Ta (Groulier et al., 2014). L’intrusion a alors été renommée « Intrusion alcaline de Crevier » pour montrer son caractère intrusif tardigrenvillien. Par la suite, Moukhsil et El Bourki (2021) et El Bourki et Moukhsil (2021) l’ont étudiée lors des travaux de cartographie dans le secteur de Girardville et du lac Blondelas, respectivement (feuillet 32H07), dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean.
Description
L’Intrusion alcaline de Crevier est constituée d’un batholite polyphasé formé de roches alcalines associées à la carbonatite. Celui-ci est injecté de plusieurs essaims de dykes mégacristiques à composition de syénite à néphéline et à minéralisation de Nb-Ta (contenue dans le pyrochlore). L’intrusion est subdivisée en plusieurs unités informelles cartographiables à l’échelle 1/50 000 : nPiac1a, nPiac1b, nPiac2 et nPiac3. Cette intrusion est l’hôte de plusieurs zones minéralisées connues (p. ex. Crevier et Crevier SE).
Intrusion alcaline de Crevier 1 (nPiac1) : Syénite, syénite foïdière et syénite quartzifère
Intrusion alcaline de Crevier 1a (nPiac1a) : syénite quartzifère à syénite, à grain grossier et porphyroïde, localement à néphéline
La syénite quartzifère, localement magnétique, est de teinte blanc-rouille en patine d’altération et habituellement rose-gris en surface fraiche. Elle est en général porphyroïde, localement à grain grossier, à phénocristaux de feldspath potassique et de plagioclase. La taille des phénocristaux varie de 1 à 5 cm et ceux-ci peuvent constituer jusqu’à 50 % de la roche. Ce faciès syénitique contient de l’hypersthène (1 à 6 %), du quartz (<25 %) à extinction ondulante, du feldspath potassique généralement perthitique (50 %), du plagioclase (<10 %), de la hornblende (<2 %), de la biotite (<4 %) transformée localement en chlorite, de la néphéline (<2 % dans les faciès sans quartz) et rarement du clinopyroxène. Les minéraux accessoires observés sont l’apatite et le zircon. Des dykes de <20 cm d’épaisseur, constitués de syénite et de syénite à hypersthène de granulométrie fine à moyenne, sont injectés dans cette syénite quartzifère. Une syénite de teinte blanc-jaune en patine d’altération et gris clair en surface fraiche, à grain fin à moyen, à biotite et à traces de néphéline, fait également partie de cette unité (affleurement 2021-FS-4163). Les faciès de cette unité constituent la bordure de l’intrusion. Une fénitisation sodique est observée localement dans des veines et des veinules au contact avec l’encaissant; elle se manifeste par la présence de cristaux d’arfvedsonite et d’aegirine associés à l’albite.
Intrusion alcaline de Crevier 1b (nPiac1b) : syénite à grain grossier à néphéline et syénite foïdière localement porphyroïde
La syénite à néphéline est de teinte blanc-gris à rose-blanc en patine d’altération et généralement rose-gris en surface fraiche. Elle est holocristalline, de granulométrie fine à grossière et équigranulaire. Elle est constituée de feldspath potassique, d’orthopyroxène, de hornblende, de biotite, de néphéline, de calcite et de traces de clinopyroxène associés à des minéraux opaques. Les minéraux accessoires sont la magnétite, l’apatite et le zircon. Généralement, le feldspath potassique est perthitique et automorphe à subautomorphe, la néphéline est subautomorphe et son pourcentage est variable d’un affleurement à l’autre (1 à 10 %). La calcite (<6 %) est interstitielle, mais peut se trouver aussi en inclusion dans le plagioclase ou en veinules traversant les autres minéraux. Un échantillon (affleurement 2021-AM-98) observé au microscope montre un enrichissement en néphéline (12 %) associé à de gros cristaux de biotite (jusqu’à 8 %).
La syénite foïdière est cartographiée surtout au sud et à l’est du lac à la Truite (partie nord du feuillet 32H07). Elle a une teinte blanc-gris en patine d’altération (affleurement 2021-FS-4168) et rose en surface fraiche. La roche est à grain moyen, équante à porphyroïde, avec alors des phénocristaux de feldspath potassique et de plagioclase. Elle contient également de la néphéline, de la biotite et de l’amphibole. Sur le terrain, d’autres affleurements (2021-ME-1100, 2021-ME-1099) de cette unité présentent en plus de la calcite et de l’orthopyroxène.
Intrusion alcaline de Crevier 2 (nPiac2) : syénite et syénite foïdique, localement associées à la carbonatite; dykes syénitiques pegmatitiques à pyrochlore et à mégacristaux de néphéline et albite
La syénite est de teinte grisâtre en patine d’altération et rosâtre en surface fraiche. Elle est à grain moyen à fin et la minéralogie est variable, avec ou sans quartz, et comprend du feldspath potassique, du plagioclase, de la biotite et des traces de néphéline. Au niveau du contact entre les unités nPiac2 et nPiac1b, on observe un affleurement de syénite quartzifère (2021-FT-3150). Cette roche à grain fin à moyen est grise à blanchâtre en surfaces fraiche et altérée. Localement, elle montre une structure bréchique due à l’injection de filons, de veines et de veinules à grain fin de composition syénitique.
La syénite foïdique est de teinte rose à blanc-rose en surface fraiche, à grain moyen à grossier et contient de la néphéline, de l’albite, de la biotite et de la calcite (affleurement 2021-AM-097). Cette syénite peut être également rubanée par endroits. Elle est de teinte grisâtre en patine d’altération et gris-blanc à rosée en surface fraiche. Les rubans se caractérisent par une alternance de niveaux silicatés et carbonatés. Localement, il est difficile d’établir la relation entre les deux niveaux à cause de leur variation granulométrique et minéralogique et/ou par l’absence de contact entre les deux. Localement, ce contact est soit diffus ou net. La syénite foïdique contient de la néphéline, de l’albite, de la biotite, de la magnétite et de la sodalite. Par endroits, cette syénite foïdique est associée à la carbonatite et montre une proportion de biotite atteignant 15 %. La syénite foïdique est coupée par plusieurs dykes centimétriques de syénite, de syénite foïdique et de carbonatite. Les dykes de syénite foïdique sont de teinte gris-noir en patine d’altération, noirâtre en surface fraiche, de granulométrie moyenne à pegmatitique et contiennent de l’albite, de la néphéline, de la biotite et du pyrochlore. Les dykes de syénite sont surtout à grain fin et sont composés de feldspath potassique, d’albite, de biotite et de calcite.
Les carbonatites sont surtout observées sous forme de dykes millimétriques à centimétriques de teinte grisâtre en patine d’altération et gris-blanc en surface fraiche, avec une granulométrie moyenne à grossière. Les carbonatites sont des calciocarbonatites constituées de >90 % de calcite. Quelques affleurements présentent de la biotite et de l’ankérite non altéré ainsi que des fantômes d’ankérite remplacée par un assemblage de calcite-hématite (Groulier et al., 2014). Les carbonatites contiennent aussi de la biotite, de la pyrrhotite et de l’apatite (fluoroapatite) automorphe, localement sous forme d’amas qui sont principalement localisés dans la phase à grain grossier. Les carbonatites sont enrichies localement en éléments de terres rares concentrés dans la monazite-Ce et dans les carbonates de terres rares (Groulier et al., 2014).
Les essaims de dykes sont de composition syénitique à néphéline, de granulométrie grossière à pegmatitique (0,5 à 35 cm) et présentent une structure en peigne. Elles sont de teinte gris-blanc en surface altérée et blanc-rose en surface fraiche. Lorsque pegmatitiques, les dykes présentent des mégacristaux automorphes à subautomorphes de néphéline (25 %) et d’albite (55 %). Les mégacristaux sont orientés de la périphérie du dyke vers son centre. Ce dernier est généralement occupé par une syénite grise à grain fin et à néphéline. Les dykes présentent des feldspaths potassiques de type orthose et microcline généralement perthitiques. Les autres minéraux observés dans la syénite à néphéline pegmatitique sont : la biotite (5 %), la sodalite (4 %), les feldspaths potassiques (<3 %), les carbonates (3 %), la cancrinite (2 %) (Groulier et al., 2014). Les minéraux accessoires sont la magnétite, l’ilménite, la pyrite, la pyrrhotite (un peu de chalcopyrite), le pyrochlore et le zircon. Localement, des veines de sodalite coupent ces dykes pegmatitiques. Ces veines contiennent des sulfures (1 %, pyrite et pyrrhotite) et du pyrochlore (≥2 mm).
Une phase d’ijolite a été décrite dans les travaux de Groulier et al. (2014). L’échantillon étudié provient d’une carotte de forage. L’ijolite est mésocrate, homogène, holocristalline et porphyroïde. La roche contient des phénocristaux de feldspath potassique perthitique ou non, dont certains présentent les macles de Carlsbad. Les autres minéraux sont la néphéline, le plagioclase, la titanite, la biotite, le clinopyroxène (aegirine), la magnétite et des traces de calcite.
Intrusion alcaline de Crevier 3 (nPiac3) : syénite à feldspath alcalin
Cette unité est reconnue au SW de l’Intrusion alcaline de Crevier et a été définie par deux forages (Fournier, 2003). Le périmètre de cette unité a été établi par géophysique ainsi qu’à la suite des travaux antérieurs de SOQUEM (1976 à 1978) cités par Bergeron (1980). Les travaux de El Bourki et Moukhsil (2021) n’ont pas permis de visiter des affleurements appartenant à cette unité. Cette dernière est dépourvue de néphéline (Fournier, 2003) et est constituée d’une syénite à grain fin à moyen à feldspath alcalin. La roche est de teinte grisâtre en surface altérée et gris-rose en surface fraiche. Elle est composée de feldspath potassique, d’albite, de calcite et est enrichie en biotite. La calcite est interstitielle entre les feldspaths (Bergeron,1980).
Épaisseur et distribution
L’intrusion alcaline de Crevier a une forme de poire et est allongée selon un axe orienté à 320˚. La partie sud est plus ou moins subcirculaire et la partie nord est plus allongée. Elle affleure surtout dans le feuillet 32H07 et continue vers le nord (feuillet 32H10).
Datation
Une datation isotopique réalisée sur un échantillon de syénite à grain grossier et à néphéline (affleurement 2012-PA-011) a donné un âge tardigrenvillien pour la mise en place de l’Intrusion alcaline de Crevier.
Unité | Échantillon | Système isotopique | Minéral / Matériel | Âge de cristallisation (Ma) | (+) | (-) | Référence(s) |
nPiac1b | 2012-PA-011B1 | U-Pb | Zircon | 957,5 | 2,9 | 2,9 | Groulier et al., 2014 et 2020 |
Relations stratigraphiques
L’intrusion alcaline de Crevier est injectée dans la Suite plutonique de la Vertu (mPvet2), constituant ainsi son encaissant. La bordure de l’intrusion (nPiac1a) est très déformée au contact de l’encaissant. L’intrusion contient quelques rares enclaves de paragneiss du Complexe de Barrois (mPboi4).
Paléontologie
Ne s’applique pas.
Références
Publications accessibles dans SIGÉOM Examine
EL BOURKI, M., MOUKHSIL, A., 2021. Géologie de la région de Dolbeau-Blondelas, Province de Grenville, région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, Québec, Canada. MERN; BG 2022-02, 1 plan.
GROULIER, P. A., OHNENSTETTER, D., ANDRE-MAYER, A. S., ZEH, A., SOLGADI, F., MOUKHSIL, A., EL BASBAS, A., 2014. ÉTUDE DES MINÉRALISATIONS EN NB-TA DE L’INTRUSION ALCALINE DE CREVIER. UMR 7359 GEORESSOURCES, AQAT – URSTM, GOETHE UNIVERSITAT, MERN; MB 2014-33, 68 pages, 11 plans.
FOURNIER, A., 2003. Rapport de la campagne de forage, automne 2002, projet Crevier no 116. CAMBIOR INC, rapport statutaire soumis au gouvernement du Québec; GM 60572, 487 pages, 22 plans.
MOUKHSIL, A., EL BOURKI, M., 2021. Géologie de la région de Girardville, Province de Grenville, région du Saguenay – Lac-Saint-Jean, Québec, Canada. MERN; BG 2021-02, 2 plans.
Autres publications
BERGERON, A., 1980. Pétrographie et géochimie du complexe igné alcalin de Crevier et de son encaissant métasomatisé. Université du Québec à Chicoutimi; mémoire de maîtrise, 142 pages. constellation.uqac.ca/1824/1/1300469.pdf
GROULIER, P.-A., TURLIN, F., ANDRÉ-MAYER, A.-S., OHNENSTETTER, D., CRÉPON, A., BOULVAIS, P., POUJOL, M., ROLLION-BARD, C., ZEH, A., MOUKHSIL, A., SOLGADI, F., EL BASBAS, A., 2020. Silicate-Carbonate Liquid Immiscibility: Insights from the Crevier Alkaline Intrusion (Quebec). Journal of Petrology, volume 61, Issue 3, pages 1-39. doi.org/10.1093/petrology/egaa033
Citation suggérée
Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN). Intrusion alcaline de Crevier. Lexique stratigraphique du Québec. https://gq.mines.gouv.qc.ca/lexique-stratigraphique/province-de-grenville/intrusion-alcaline-de-crevier [cité le jour mois année].
Collaborateurs
Première publication |
Abdelali Moukhsil, géo., Ph. D. abdelali.moukhsil@mern.gouv.qc.ca; Mhamed El Bourki, géo. stag., M. Sc. mhamed.elbourki@mern.gouv.qc.ca (rédaction) Mehdi A. Guemache, géo., Ph. D. (coordination); Fabien Solgadi, géo., Ph. D. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique); Catherine Tremblay (version anglaise); Ricardo Escobar Moran (montage HTML). |