Historique

La Suite de Winnie a été introduite dans la région du lac Saffray (Lafrance et al., 2014) pour regrouper des diatexites et des métatexites spatialement associées aux paragneiss de la Suite de False. La Suite de Winnie a été prolongée vers le sud dans les régions du lac Jeannin (Charette et al., 2016) et du lac Résolution (Lafrance et al., 2020). Elle est aussi exposée en proportion moindre dans la partie sud de la région de la baie d’Ungava (Simard et al., 2013) et dans le secteur SW de la région du lac Henrietta (Lafrance et al., 2015).

Description

La Suite de Winnie a été divisée en deux unités informelles par Lafrance et al. (2014) : 1) une unité de diatexite homogène à structure porphyroïde (pPwii1), et 2) une unité de diatexite et de métatexite hétérogènes rubanées (pPwii2).

Suite de Winnie 1 (pPwii1) : Diatexite homogène à structure porphyroïde

La diatexite homogène a une composition qui varie de la granodiorite à la monzonite quartzifère. Elle est caractérisée par une structure hétérogranulaire, une surface d’altération jaunâtre à brunâtre et la présence de 15 à 30 % de phénocristaux de microcline et de plagioclase de 1 à 4 cm. Les phénocristaux sont plus ou moins bien alignés dans la foliation et montrent une répartition hétérogène. Ils renferment de nombreuses inclusions arrondies de quartz et de plagioclase. Les minéraux ferromagnésiens (15 à 30 %), qui consistent principalement en biotite brune à rouge avec localement de la hornblende (<10 %), forment des amas entourant les minéraux felsiques. Les phases accessoires sont abondantes et généralement accolées à la biotite; les plus répandues sont le sphène, l’apatite, les minéraux opaques et le zircon avec des proportions moindres d’allanite, d’épidote, de grenat, de chlorite, de muscovite et de carbonate. En lame mince, les bordures des grains sont habituellement corrodées et les fractures sont remplies par des oxydes de fer jaunâtres. Le degré de recristallisation est variable pour un même échantillon, passant de faible à fort. Par endroits, les grains plus grossiers sont entourés d’une couronne à microstructure granoblastique. Le quartz forme des plages xénomorphes à extinction roulante prononcée. Les structures d’intercroissances, de myrmékites et d’antiperthites sont communes. Localement, la roche et les phénocristaux sont complètement recristallisés.

Complexe de Winnie 1a (pPwii1a) : Diatexite homogène hétérogranulaire

Suite de Winnie 2 (pPwii2) : Diatexite et métatexite stromatique

 L’unité pPwii2 est constituée de diatexite et de métatexite stromatique qui renferment 35 à 70 % de leucosome tonalitique à granitique et 30 et 60 % de paragneiss migmatitique de la Suite de False (pPfas1) sous la forme de radeaux allongés centimétriques à décimétriques ou de niveaux préservés de largeur décimétrique à décamétrique. Le tout forme un ensemble hétérogène montrant un rubanement migmatitique irrégulier, discontinu et souvent chaotique. La diatexite contient également de nombreux schlierens de biotite qui, dans certains secteurs, représentent les seuls vestiges du matériel fusionné. La diatexite est grisâtre en cassure fraîche et brunâtre à rouille en surface altérée. Elle renferme 20 et 30 % de minéraux ferromagnésiens, essentiellement de la biotite brune à rouge généralement concentrée dans les schlierens et associée localement à la hornblende (<5 %). Les minéraux accessoires sont variés, mais moins abondants que dans la diatexite homogène de l’unité pPwii1; on note le zircon en inclusion dans la biotite, la muscovite, le grenat, les minéraux opaques, le graphite, la chlorite, l’apatite et la kyanite. En lame mince, la diatexite de l’unité pPwii2 présente les mêmes caractéristiques structurales que l’unité pPwii1. À certains endroits, des niveaux métriques de diatexite à structure porphyroïde (pPwii1) ont été observés dans l’unité de diatexite et de métatexite stromatique.

Complexe de Winnie 2a (pPwii2a) : Diatexite et métatexite stromatique à grenat

Épaisseur et distribution

Les migmatites de la Suite de Winnie et les roches métasédimentaires de la Suite de False se concentrent dans la partie centrale du Domaine lithotectonique de Baleine. Avec une superficie d’environ 4070 km², la Suite de Winnie est une unité dominante de ce domaine. Les unités pPwii2 (1794 km²) et pPwii1 (1453 km²) sont les plus répandues alors que les sous-unités pPwii2a (760 km²) et pPwii1a (63 km²) sont plus restreintes.

Datation

L’âge paléoprotérozoïque de ~1838 Ma obtenu sur des échantillons de diatexite (affleurements 2012-IL-3048 et 2015-LP-2117) représente celui de la cristallisation du liquide anatectique. Les âges anciens proviennent des noyaux de zircons et se situent pour la plupart à ~1978 et ~2836 Ma (Davis et al., 2015). Selon ces auteurs, la diatexite provient clairement d’un épisode de fusion paléoprotérozoïque de roches protérozoïques et archéennes. Un âge de cristallisation de liquide anatectique d’environ 1807 Ma (Godet et al., 2020) a aussi été obtenu dans un paragneiss migmatitisé de la Suite de False.

Relations stratigraphiques

L’événement de fusion majeur qui a affecté les paragneiss de la Suite de False a produit une proportion importante de diatexite et de métatexite assignées à la Suite de Winnie. Dans la région du lac Saffray (Lafrance et al., 2014), les anomalies magnétiques E-W qui caractérisent les intrusions potassiques archéennes de la Suite de Saffray se poursuivent dans la portion ouest du Domaine de Baleine, mais avec une intensité légèrement moindre. Ces observations semblent indiquer que la couverture de roche métasédimentaire migmatitique est relativement mince sur un socle formé de roche archéenne. La présence des roche migmatitique des suites de False et de Winnie entre les intrusions archéennes de la Suite de Saffray démontre également que la couverture de roche sédimentaire paléoprotérozoïque a été enfouie avec le socle gneissique lors des événements de collision au Paléoprotérozoïque.

Les diatexites et les métatexites de la Suite de Winnie renferment des radeaux et des niveaux de paragneiss de la Suite de False. Elles sont injectées par les intrusions blanchâtres de la Suite d’Aveneau, lesquelles forment régulièrement des filons-couches décimétriques à décamétriques, ainsi que par les granites tardifs de la Suite de Dancelou.

Paléontologie

Références

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