Historique

La Suite de Siimitalik comprend trois unités : 1) une unité de granodiorite et de monzogranite, hétérogènes et foliés (Asik1); 2) une unité de tonalite, de granodiorite et de monzogranite homogènes (Asik2); et 3) une unité de diorite et de monzodiorite quartzifères mouchetées à hornblende (Asik3).

Les différentes unités de la Suite de Siimitalik sont couramment observées sur les mêmes affleurements, passant de zones hétérogènes à homogènes en contact diffus. Les contacts entre ces unités ont été tracés selon la lithologie qui domine en surface. Même si la Suite de Siimitalik est globalement associée à une anomalie magnétique positive, la susceptibilité magnétique des roches des différentes unités est variable. De façon générale, la majeure partie des affleurements de l’unité hétérogène Asik1 sont magnétiques, alors que c’est plutôt l’inverse pour les unités Asik2 et Asik3.
 

Suite de Siimitalik 1 (Asik1) : Granodiorite et monzogranite, hétérogènes et foliés

L’unité Asik1 présente un aspect hétérogène et rubané, mais non gneissique, associé à la présence de rubans centimétriques à décimétriques de compositions différentes. Ceux-ci sont majoritairement gris moyen et de composition granodioritique à monzogranitique, quoiqu’ils comprennent aussi une phase tonalitique et de nombreuses injections millimétriques à décimétriques, concordantes et discordantes, de granite rose foncé, en contact net ou diffus. Le rubanement et les injections granitiques sont couramment plissés. La phase tonalitique est difficile à différencier de la granodiorite et du monzogranite, seules les colorations ont permis de mettre en évidence la distribution variable du microcline (2 à 40 %). Sur plusieurs affleurements, des enclaves de diorite sont observées. Elles sont décimétriques à métriques et plus finement grenue que le reste de la roche, cette dernière étant de granulométrie moyenne à grossière.

Sur le terrain, la roche est communément décrite comme un gneiss hétérogène rappelant couramment une migmatite. Toutefois l’aspect intrusif et grenu est préservé et aucune évidence claire de fusion partielle n’a été observée. Même s’il est impossible d’écarter la possibilité qu’une partie des rubans roses représente du leucosome, plusieurs indications suggèrent qu’il s’agit plutôt d’intrusions polyphasées : 1) les injections granitiques discordantes au rubanement ne montrent pas (ou très peu) de lisérés mafiques (Sawyer, 2008); 2) le lien génétique entre la phase grise (tonalite, granodiorite et monzogranitique) et la phase rose (granite) est difficile à établir; 3) la majorité des études géochronologiques révèlent que les grains de zircon présentent peu d’évidences de surcroissance métamorphique, suggérant que s’il y a eu fusion partielle, celle-ci serait d’âge archéen; et 4) de grandes zones d’affleurements homogènes de tonalite, de granodiorite et de monzogranite sont similaires en tous points aux lithologies observées en mélange sur les affleurements hétérogènes.

Au microscope, la roche montre aussi un aspect hétérogène avec de grands cristaux de feldspaths et de quartz aux pourtours irréguliers, lesquels sont entourés de zones plus finement recristallisées de même composition. Le quartz (18 à 30 %) forme de grandes plages xénomorphes à microstructure en mortier et à extinction roulante prononcée. Les bordures de grains sont localement interpénétratives et lobées. Les minéraux ferromagnésienss (8 à 20 %) sont représentés essentiellement par la biotite brune avec une proportion moindre de hornblende verte (<5 %). Ils forment des amas discontinus alignés dans la foliation. Les structures myrmékitiques et antiperthitiques sont communes. Les minéraux accessoires sont abondants (3 à 7 %), couramment grossiers et associés aux amas ferromagnésiens. Ils comprennent l’épidote, l’apatite, le sphène, la magnétite, la muscovite, le zircon et l’allanite, plus rarement de l’hématite, du grenat et des sulfures.

Suite de Siimitalik 2 (Asik2) : Tonalite, granodiorite et monzogranite, homogènes

L’unité Asik2 comprend les secteurs homogènes de la Suite de Siimitalik. Étant donné leur grande ressemblance, la distinction entre les deux sous-unités Asik2a et Asik2b est impossible à faire sur le terrain. Les colorations, les analyses géochimiques et les lames minces ont permis de faire ressortir la présence de roches soit riches, soit pauvres en feldspath potassique. Les roches sont gris beige en surface altérée et gris moyen à gris rosé en cassure fraîche. Elles sont massives ou foliées, selon les secteurs. Elles possèdent un aspect intrusif avec de gros grains et des cristaux plus fins partiellement recristallisés entre ceux-ci. Le quartz (20 à 30 %) forme de grandes plages xénomorphes à extinction roulante localement en lentilles ou en rubans dans les secteurs les plus déformés. Les minéraux ferromagnésiens (5 à 15 %) forment généralement des amas étirés moulant les minéraux quarzo-feldspathiques. La biotite, brune à brun verdâtre, représente la phase ferromagnésienne dominante, mais on trouve aussi de la hornblende en proportion variable (<3 %). Le plagioclase est faiblement à moyennement séricitisé.

Suite de Siimitalik 2a (Asik2a) : Tonalite et granodiorite, homogènes

La sous-unité Asik2a est majoritairement constituée de tonalite et de granodiorite (couramment à la limite entre les deux), mais comprend localement un peu de diorite quartzifère. Cette sous-unité est caractérisée par une répartition hétérogène du feldspath potassique (2 à 17 %) en grains isolé, interstitiels ou se concentrant le long de certains rubans. Les microstructures d’intercroissance sont communes entre la biotite et le plagioclase. Les minéraux accessoires sont nombreux et généralement associés à la biotite. L’épidote (zoisite et pistachite), les minéraux opaques, l’apatite et l’allanite sont présents en proportion importante (<3 %). Les autres minéraux accessoires observés comprennent le sphène, la muscovite, le zircon, la chlorite, l’hématite et les carbonates.

Cette unité est principalement de composition monzogranitique, localement syénogranitique. Elle se distingue de la sous-unité Asik2a par la présence de 25 à 40 % de microcline réparti uniformément dans la roche. Du clinopyroxène a été observé localement au cœur de la hornblende. Au microscope, les microstructures myrmékitiques sont nombreuses. Les minéraux accessoires sont similaires à ceux observés dans la sous-unité Asik2a, quoiqu’en proportion moins importante.
 

Suite de Siimitalik 3 (Asik3) : Diorite quartzifère et monzodiorite quartzifère, mouchetées, à hornblende

La composition de l’unité Asik3 est variable. Elle est majoritairement constituée de diorite quartzifère et de monzodiorite quartzifère, mais comprend aussi de la tonalite, de la syénite quartzifère, du monzogranite et de la granodiorite. Ces roches sont caractérisées par une patine d’altération mouchetée blanc et noir produite par la présence d’amas de minéraux ferromagnésiens (15 à 25 %) constitués de hornblende et de biotite. Elles sont à grain moyen, homogènes et massives, foliées ou linéées. Elles sont aussi observées en amas ou masses diffuses décimétriques à l’intérieur des autres unités de la Suite de Siimitalik. À l’instar de la sous-unité Asik2a, le microcline est réparti de façon inégale (3 à 25 %) et se présente sous forme interstitielle, en inclusions dans le plagioclase ou en grains isolés. Elle contient aussi une forte proportion des mêmes minéraux accessoires que ceux de la sous-unité Asik2a. Le plagioclase est faiblement séricitisé. Les roches de l’unité Asik3 ont préservé leur aspect igné même si une recristallisation partielle est présente en bordure des grains. Le quartz (10 à 22 %) a une extinction roulante prononcée avec un début de recristallisation en échiquier. Des perthites et des myrmékites sont aussi observées en lame mince.

Épaisseur et distribution

La Suite de Siimitalik couvre une superficie de ~7675 km², ce qui représente près du quart du Domaine lithotectonique de Falcoz. Elle est généralement associée à des anomalies magnétiques positives, orientées N-S à NW-SE, dans les régions du lac Henrietta (feuillet 24H), du lac Brisson (feuillet 24A) et de la rivière Koroc (feuillet 24I). Les unités Asik1 (~4846 km²) et Asik2 (~2744 km²) forment des bandes de plusieurs kilomètres de largeur suivies sur plusieurs kilomètres de longueur, alors que l’unité Asik3 (~85 km²) forme des lambeaux de dimensions beaucoup plus restreintes.

Datation

À l’exception d’un échantillon, les grains de zircon analysés indiquent des âges méso-archéens entre 2840 Ma et 2830 Ma. La composante archéenne continue entre 2841 Ma et 2670 Ma de l’échantillon 2013-LP-2049A est interprétée comme représentant un mélange entre des composantes d’héritage et de surcroissances magmatiques. L’âge le plus jeune a donc été interprété par Corrigan et al. (2018) comme celui de l’emplacement. Toutefois, cet âge de 2670 Ma pourrait aussi représenter un événement thermique archéen plus jeune au sein d’une unité méso-archéenne mise en place autour de 2841 Ma (Lafrance et Vanier, 2022).

Relation(s) stratigraphique(s)

La Suite de Siimitalik représente une des unités les plus anciennes du Domaine lithotectonique de Falcoz. Sa relation avec les gneiss du Complexe de Kangiqsualujjuaq est mal comprise, le contact étant par endroits diffus. La limite entre ces deux unités est difficile à tracer de façon précise. La Suite de Siimitalik est coupée par les intrusions mafiques et ultramafiques de la Suite de Nuvulialuk et par les intrusions granitiques de la Suite de Qarliik.

Paléontologie

Ne s’applique pas. 

Références

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine.

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