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Suite de Michikamau
Étiquette stratigraphique : [mpro]mic
Symbole cartographique : mPmic
 

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Subdivision(s) informelle(s)
La numérotation ne reflète pas nécessairement la position stratigraphique.
 
mPmic5 Gabbronorite et gabbro magnétiques
mPmic4 Leuconorite et gabbronorite
mPmic3 Anorthosite, gabbro et gabbronorite
mPmic2 Anorthosite avec amas irréguliers de leuconorite
mPmic1 Leucotroctolite
 
Auteur :Taner, 1992
Âge :Mésoprotérozoïque
Stratotype :Aucune
Région type :Région du lac Zeni (feuillets SNRC 13L12 et 23I09)
Province géologique :Province de Churchill et Province de Nain (Labrador)
Subdivision géologique :Domaine lithotectonique de Mistinibi-Raude
Lithologie :Intrusions mafiques
Catégorie :Lithodémique
Rang :Suite
Statut :Formel
Usage :Actif

 

 

Historique

La Suite de Michikamau a fait l’objet de plusieurs études géologiques dont la plus importante du point de vue de la cartographie est celle de Emslie (1970). Taner (1992) a redéfini cette unité sous le terme « Suite anorthositique de Michikamau » à partir d’observations dans la partie québécoise de l’intrusion. Toutefois, Hammouche et al. (2012) ont préféré conserver le terme « Intrusion de Michikamau » puisqu’il s’agit du terme le plus utilisé au Labrador. Charette et al. (2019) ont préféré conserver cette unité au rang de suite étant donné la composition mixte de cette intrusion à anorthosite-leuconorite dans sa partie centrale, et à leuconorite-gabbronorite-gabbro en périphérie. Le terme « Suite de Michikamau » a donc été introduit par ces auteurs.

 

Description

La Suite de Michikamau est une intrusion mafique stratiforme. Sur le territoire québécois, elle est divisée en cinq unités informelles (Hammouche et al., 2012) : 1) une unité de leucotroctolite (mPmic1); 2) une unité d’anorthosite avec amas irréguliers de leuconorite (mPmic2); 3) une unité d’anorthosite, de gabbro et de gabbronorite (mPmic3); 4) une unité de leuconorite et de gabbronorite (mPmic4); et 5) une unité de gabbronorite et de gabbro magnétiques (mPmic5). À l’échelle de l’affleurement, ces unités sont parfois en contact diffus l’une avec l’autre. Emslie (1970) décrit aussi une série litée, majoritairement exposée au Labrador, qui comprend essentiellement de la troctolite, en plus de certaines lithologies similaires à celles mentionnées ci-dessus.

Suite de Michikamau 1 (mPmic1) : Leucotroctolite

L’unité mPmic1 est composée de leucotroctolite coupée localement par des dykes de gabbro. Ces derniers, décrits par Emslie (1970), n’ont pas été observés lors des travaux de Hammouche et al. (2012). La leucotroctolite est massive, gris verdâtre foncé en surface fraîche et grise en surface altérée. Elle est homogène, de granulométrie grossière et à structure de mésocumulats. Elle est composée de plagioclase de type andésine-labrador (70 à 90 %), d’olivine (10 à 20 %), d’orthopyroxène (1 à 2 %), de clinopyroxène (≤1 %) et de grains isolés de magnétite. Le plagioclase est idiomorphe à hypidiomorphe et représente la phase cumulus. Les minéraux mafiques sont interstitiels (intercumulus). L’olivine est généralement fraîche, de couleur vert olive ou vert noirâtre. Toutefois, elle montre un écaillement ou une texture feutrée en surface altérée avec une couleur qui varie de jaune orangé à orange brunâtre. La plupart des grains d’olivine sont en contact net avec le plagioclase adjacent. Toutefois, l’orthopyroxène forme généralement des couronnes partielles autour des grains d’olivine. L’orthopyroxène est par endroits altéré en serpentine et en talc. Des microfractures remplies de clinopyroxène et de chlorite tardive sont aussi notées dans la leucotroctolite.

Suite de Michikamau 2 (mPmic2) : Anorthosite avec amas irréguliers de leuconorite

L’unité est constituée d’anorthosite contenant des amas décimétriques irréguliers de leuconorite, qui peut représenter par endroits la lithologie dominante. Ces deux lithologies sont massives et ont une structure d’adcumulats, plus localement de mésocumulats. Elles sont de granulométrie grossière à très grossière et composées de 65 à 98 % de plagioclase (andésine-labrador) légèrement séricitisé (phase cumulus). La taille des cristaux cumulus se situe entre 2 et 4 cm en moyenne, mais peut atteindre régulièrement 10 à 20 cm et, exceptionnellement, 40 cm. Le plagioclase présente principalement une teinte rosée et, à plusieurs endroits, une iridescence bleutée. L’anorthosite contient de l’orthopyroxène et du clinopyroxène (≤5 %), plus localement de l’olivine (<1 %). Ces minéraux forment des cristaux intercumulus de 1 mm à 3 cm. La magnétite et le sphène sont des phases accessoires. Des grains de forme irrégulière présentant des intercroissances graphiques de feldspath et de quartz (microstructure granophyrique) sont régulièrement observés en lame mince. L’orthopyroxène est partiellement altéré en serpentine et en talc. Les minéraux d’altération (épidote, chlorite et albite) présents en faible quantité sont logés dans les interstices entre les minéraux primaires et dans les microfractures. À un endroit, l’étude pétrographique montre un assemblage à trémolite-carbonate. Dans la leuconorite, l’orthopyroxène légèrement serpentinisé forme également la phase intercumulus et constitue de 15 à 35 % de la roche. Le clinopyroxène est limité (<1 %) et en grains interstitiels.

Suite de Michikamau 3 (mPmic3) : Anorthosite, gabbro et gabbronorite

L’unité mPmic3 est composée d’anorthosite, de gabbro et de gabbronorite, massifs et localement magnétiques. L’anorthosite est de granulométrie moyenne à grossière et à structure d’adcumulats. Elle se compose de plagioclase (≥90 %) légèrement séricitisé par endroits, d’orthopyroxène faiblement serpentinisé et de clinopyroxène. Le gabbro et la gabbronorite sont à grain fin à moyen, homogènes et à structure de mésocumulats. Ils sont caractérisés par l’assemblage plagioclase-augite ± hypersthène ± magnétite ± ilménite. Une variété d’anorthosite à biotite et amphibole en cristaux intercumulus a également été observée. La biotite se présente sous forme de paillettes disposées perpendiculairement aux arêtes des cristaux de plagioclase, ainsi que sous forme de couronne autour de l’amphibole.

Suite de Michikamau 4 (mPmic4) : Leuconorite et gabbronorite

L’unité mPmic4 est composée de leuconorite, de gabbronorite et, plus localement, de gabbro. Ces roches sont massives et à grain moyen à grossier. Leur minéralogie est similaire à celle décrite dans les unités mPmic2 et mPmic3, soit : plagioclase-orthopyroxène-clinopyroxène ± magnétite ± ilménite. Dans la leuconorite, les pyroxènes représentent des phases intercumulus. Des couronnes de clinopyroxène sont localement présentes autour de l’orthopyroxène. Ce dernier est par endroits partiellement remplacé par de l’amphibole (ouralitisation) et du talc et contient de fines inclusions prismatiques d’hématite. Des couronnes de réaction se forment parfois sur l’orthopyroxène au contact avec le plagioclase. La microstructure granophyrique décrite dans l’anorthosite de l’unité mPmic2 est régulièrement observée en lame mince, ce qui indique la présence d’un peu de quartz dans la roche. La gabbronorite et le gabbro présentent une structure de mésocumulats. Dans ces roches, le plagioclase montre par endroits des microfractures remplies de séricite et d’oxydes de fer.

Suite de Michikamau 5 (mPmic5) : Gabbronorite et gabbro magnétiques

L’unité mPmic5 occupe la partie marginale de l’intrusion et est associée à une forte anomalie magnétique positive. Elle se compose de gabbronorite et de gabbro et contient des niveaux de leuconorite similaire à celles décrites dans les autres unités de la Suite de Michikamau. La gabbronorite et le gabbro sont massifs, à grain moyen à fin et à structure de mésocumulats. Ces roches contiennent du plagioclase, de l’orthopyroxène, du clinopyroxène et de la magnétite. L’étude pétrographique montre aussi la présence de séricite, de chlorite et d’épidote. L’orthopyroxène est partiellement altéré en antigorite et en talc. 

Emslie (1970) rapporte que lorsqu’il est en contact avec l’encaissant, une bordure figée de 30 à 60 cm est observée dans le gabbro. Cette structure est parallèle au contact entre l’intrusion et l’encaissant et s’estompe progressivement en passant vers la partie interne de l’intrusion qui possède une structure litée variablement développée. Ce litage est produit par la variation des proportions de plagioclase, d’olivine et de pyroxène à l’échelle centimétrique (1 à 10 cm) à localement métrique. En plusieurs endroits, les lits sont discontinus, se pincent ou sont tronqués par d’autres lits sur un distance de quelques mètres. Les zones litées sont généralement séparées par des zones massives de grande épaisseur.

 

Épaisseur et distribution

La Suite de Michikamau est une intrusion de forme grossièrement circulaire d’environ 20 km de diamètre localisée dans la partie sud du Domaine lithotectonique de Mistinibi-Raude, à la frontière entre le Québec et le Labrador. Les deux tiers de cette intrusion affleurent au Labrador. L’unité mPmic2 occupe plus de 50 % de la surface de la partie québécoise de l’intrusion (105 km2), alors que les unités mPmic3 (33 km2), mPmic4 (35 km2) et mPmic5 (25 km2) occupent des superficies plus restreintes. L’unité mPmic1 (11 km2) est la moins étendue et la moins bien exposée de la Suite de Michikamau.

Datation

La Suite de Michikamau a été datée au Labrador. Un âge d’environ 1469 Ma a été obtenu dans un échantillon de leucotroctolite, alors qu’un autre d’environ 1460 Ma été obtenu dans un échantillon d’anorthosite.

Système isotopiqueMinéralÂge de cristallisation (Ma)(+)(-)Référence(s)
U-PbBaddeleyite146911Kerr et McNicoll, 2010
U-PbZircon1460  Krogh et Davis, 1973

 

Relation(s) stratigraphique(s)

Les intrusions de la Suite de Michikamau coupent les unités archéennes à paléoprotérozoïques de l’Intrusion de Brass et du Complexe de Jannière. Très peu d’enclaves de roches associées à ces unités sont reportées. Emslie (1970) suggère que la partie québécoise de la Suite de Michikamau représente le sommet de l’intrusion, stratigraphiquement sus-jacent à la série litée lors de la mise en place de l’intrusion.

Paléontologie

Ne s’applique pas.

Références

Auteur(s)TitreAnnée de publicationHyperlien (EXAMINE ou Autre)
EMSLIE, R.F.The geology of the Michikamau Intrusion, Labrador (13L, 23I). Geological Survey of Canada; Paper 68-57, 85 pages, 1 plan.1970Source
KERR, A. – McNICOLL, V.U-Pb ages from mafic rocks associated with orthomagmatic Ni-Cu-Co sulphides mineralization west-central Labrador. Newfoundland and Labrador Department of Natural Resources, Geological Survey, Current Research, report 10-1, pages 23-39.2010Source

KROGH, T.E. – DAVIS, G.L.

The significance of inherited zircons on the age and origin of igneous rocks — an investigation of the ages of the Labrador adamellites. Carnegie Institute of Washington Yearbook, vol. 72, no 1630, p. 610-613.

1973
HAMMOUCHE, H. – LEGOUIX, C. – GOUTIER, J. – DION, C.Géologie de la région du lac Zéni. Ministère des Ressources naturelles, Québec; RG 2012-02, 35 pages, 1 plan. 2012RG 2012-02
CHARETTE, B. – LAFRANCE, I. – VANIER, M.-A. –  GODET, A.Domaine de Mistinibi-Raude, sud-est de la Province de Churchill, Nunavik, Québec, Canada : synthèse de la géologie. Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, Québec. BG 2019-07.2019BG 2019-07
TANER, M.F.Reconnaissance géologique de la région du lac Juillet, Territoire du Nouveau-Québec. Ministère de l’Énergie et des Ressources, Québec; MB 91-19, 132 pages, 7 cartes.1992MB 91-19
 
29 janvier 2019