L’unité pPkle1 comprend quatre sous-unités informelles : 1) une sous-unité d’amphibolite finement à très finement grenue, possiblement d’origine volcanique (pPkle1a); 2) une sous-unité de métabasalte massif ou coussiné et de roche métavolcanoclastique mafique ou intermédiaire (pPkle1b); 3) une sous-unité d’amphibolite fortement altérée, à carbonate et quartz (pPkle1c); et 4) une sous-unité d’amphibolite associée à un peu de paraschiste (pPkle1d). Les différents auteurs ayant travaillé dans le Domaine de Rachel-Laporte n’ont pas toujours distingué ces différences de composition ou de structure; certains affleurements ont donc été assignés à l’unité d’amphibolite et de métabasalte non divisée (pPkle1). L’unité pPkle1 comprendrait donc un peu d’amphibolite moyennement à grossièrement grenue, possiblement d’origine intrusive et similaire à l’unité pPkle3. L’amphibolite à grain très fin est interprétée comme étant d’origine effusive et les roches plus grossières comme étant d’origine intrusive. Les relations observées entre ces deux faciès semblent indiquer que les amphibolites plus grossières pourraient correspondre à des filons-couches associés aux laves.

Suite de Klein 1a (pPkle1a) : amphibolite à grain fin à très fin

Les amphibolites de la sous-unité pPkle1a sont rubanées, massives ou schisteuses, vert foncé ou gris noir et à granulométrie fine à très fine, rarement moyenne. Le rubanement est causé par les variations de contenu en minéraux ferromagnésiens. En lame mince, ces roches se caractérisent par une microstructure granoblastique orientée bien développée. Elles sont constituées de petits prismes de hornblende alignés (50 à 85 %) dans une matrice fine de cristaux de plagioclase ± quartz qui comblent les interstices. Par endroits, la hornblende se présente aussi en pœciloblastes plus ou moins orientés dans la foliation. Certains échantillons contiennent également 10 à 25 % d’amas de cristaux enchevêtrés d’actinote. L’actinote se trouve aussi en remplacement de la hornblende ou en altération du clinopyroxène (ouralitisation), lequel n’est préservé que localement. Les amphibolites ont été altérées ou affectées par un métamorphisme rétrograde reconnu régionalement, mais dont l’empreinte est assez faible. Cette interprétation est corroborée par la présence commune de chlorite associée à la hornblende, la séricitisation variable du plagioclase et la présence de carbonate. Ce dernier est en remplissage de fractures ou sous forme interstitielle en replacement de la hornblende ou du plagioclase. La biotite et le grenat sont moins communs, mais représentent localement jusqu’à 10 % de la roche. De la staurotide a également été reconnue dans les amphibolites autour des complexes de Rénia et de Boulder. Presque tous les échantillons observés en lame mince renferment du sphène, de l’apatite et des minéraux opaques (ilménite ± magnétite). L’épidote, le zircon, l’allanite, la tourmaline et les sulfures sont également présents comme phases accessoires.

Suite de Klein 1b (pPkle1b) : métabasalte massif ou coussiné et roche métavolcanoclastique

La sous-unité pPkle1b est similaire à la sous-unité pPkle1a, mais se distingue par la présence de niveaux où des structures primaires telles que des coussins et des vésicules ont été reconnues. Les coussins sont généralement allongés dans la foliation et mesurent 5 à 10 cm de largeur sur 20 à 40 cm de longueur. En raison de la déformation, il est généralement impossible de déterminer les polarités stratigraphiques. Des niveaux de pyroclastites intermédiaires à mafiques et des niveaux à fragments mafiques ovoïdes, qui pourraient représenter des coussins à bordures hyaloclastiques remplis de quartz, ont aussi été décrits localement.

Les amphibolites de la Suite de Klein sont communément injectées par des veinules discontinues et boudinées de carbonate ou de quartz. Localement, la roche montre une forte altération en carbonate et en silice sous la forme de lentilles qui, lorsque suffisamment nombreuses, donnent à la roche une structure bréchique. Dans la région de la baie aux Feuilles, Sauvé (1959) a reconnu une unité d’amphibolite altérée que Simard et al. (2013) ont assigné à la sous-unité pPkle1c.

Suite de Klein 1d (pPkle1d) : amphibolite avec un peu de paraschiste

Des niveaux centimétriques à métriques de roches appartenant aux différentes unités métasédimentaires de la Suite de Freneuse sont par endroits intercalés avec les amphibolites de la Suite de Klein. Certains secteurs renfermant une proportion plus importante de ces niveaux de paraschistes ont été assignés à la sous-unité informelle pPkle1d dans les régions de la baie aux Feuilles (Sauvé, 1959) et du lac Thévenet (Gélinas, 1958a).

Le métagabbro est une roche homogène, non magnétique, de granulométrie moyenne et à structure massive. La roche montre aussi une foliation ou une linéation. Le métagabbro est de teinte foncée, verte ou gris verdâtre, tant en cassure fraiche qu’en surface d’altération. Il renferme généralement 55 à 80 % de minéraux ferromagnésiens, mais peut en contenir localement davantage dans certaines poches ou niveaux discontinus de composition ultramafique. Des variations de composition caractérisent certains affleurements où coexistent des roches ultramafiques riches en trémolite, ainsi que des gabbros mélanocrates et leucocrates. Ces différents lithofaciès peuvent correspondre à des phases intrusives multiples ou résulter d’une différenciation magmatique à l’intérieur d’un même filon-couche. Les affleurements de l’unité pPkle3 contiennent localement 1 à 2 % de veinules millimétriques à centimétriques de quartz ± calcite.

Le métagabbro est principalement constitué de cristaux d’amphibole (hornblende ou actinote) flottant dans une matrice fine et recristallisée composée de plagioclase ± quartz. Le clinopyroxène est localement préservé, mais en général, il est partiellement à complètement remplacé par les amphiboles. La hornblende forme localement des pœciloblastes atteignant 2 cm de longueur. Les phases minérales accessoires sont les minéraux opaques, le sphène, l’apatite, le zircon, la chlorite, la biotite et l’épidote avec, localement, du carbonate et du grenat.

À certains endroits, le métagabbro possède une structure gloméroporphyrique qui résulte de la présence de 10 à 60 % de porphyroblastes blanchâtres. Ceux-ci représentent des agrégats de petits cristaux de plagioclase qui renferment des bâtonnets de hornblende et d’anthophyllite montrant une orientation aléatoire. La déformation de ces structures est variable. Les agrégats peu déformés sont arrondis avec un diamètre généralement de <4 cm, mais pouvant atteindre 12 cm localement (Nadeau, 2017). Plus la déformation est intense, plus ceux-ci prennent une forme ovale ou très étirée et peuvent atteindre 10 cm de longueur (Gélinas, 1956). Ce lithofaciès avait déjà été décrit à l’est du lac Gabriel par Gélinas (1958b) et Sauvé et Bergeron (1965). Dans la Fosse du Labrador, Sauvé et Bergeron (1965) mentionnent la présence de gabbros tachetés (gloméroporphyriques) pouvant représenter un équivalent des métagabbros de la Suite de Klein, à la base des séquences volcaniques de la Formation d’Hellancourt (Sauvé et Bergeron, 1965; Wares et Goutier, 1990; Clark et Wares, 2004).

Dans la région du lac Jeannin (Charette et al., 2016), une intrusion de gabbro à faciès subophitique est présente à l’ouest du lac Horseshoe. L’intrusion, qui mesure ~4 km sur 2 km, montre une alternance de gabbro subophitique et de gabbro partiellement à complètement amphibolitisé similaire au métagabbro décrit plus haut. Le faciès subophitique est gris violacé, faiblement magnétique par endroits et plus leucocrate que le faciès amphibolitisé. Les minéraux ferromagnésiens (40 à 50 %) consistent en clinopyroxène non altéré et en olivine fortement remplacée par un assemblage de serpentine, de chlorite et d’actinote.

Les roches de la Suite de Klein sont communément observées en alternance avec les roches métasédimentaires de la Suite de Freneuse. Les intrusions mafiques (pPkle3) et ultramafiques (pPkle2) sont le plus souvent concordantes avec les niveaux d’amphibolites (pPkle1) et de roches métasédimentaires (pPfru) mais un recoupement net a été observé localement (Lafrance et Vanier, 2021). La Suite de Klein est aussi en contact de faille avec les différents complexes archéens (nappes de chevauchement) du Domaine de Rachel-Laporte et de la Fosse du Labrador, soit les complexes de Boulder, de Rénia, de Highfall, de Boullé et de Wheeler (Simard et al., 2013; Lafrance et al., 2014; Charette et al., 2016). Les différentes unités de la suite de Klein sont localement injectées par des dykes ou des filons-couches de granite et de granite pegmatitique de la Suite de Mercier.

Plusieurs auteurs ont proposé que les amphibolites de la Suite de Klein représentent en bonne partie des équivalents aux roches volcaniques et aux filons-couches du Supergroupe de Kaniapiskau, localisés dans la Fosse du Labrador directement à l’ouest (Harrison, 1952; Gélinas, 1958a, b; Sauvé et Bergeron, 1965; Simard et al., 2013). Plus précisément, dans la partie nord du Rachel-Laporte, les amphibolites de l’unité pPkle1 seraient équivalentes aux laves et aux filons-couches de la Formation d’Hellancourt (Sauvé et Bergeron, 1965; Clark, 1980), laquelle est assignée au Groupe de Koksoak (Wares et Goutier, 1990; Clark et Wares, 2004). Dans la partie sud, les amphibolites seraient en partie équivalentes aux roches volcaniques des formations de Willbob et de Murdoch (Groupe de Doublet; Harrison, 1952; Frarey et Duffell, 1964). Les métagabbros de l’unité pPkle3 représenteraient des équivalents métamorphisés des roches intrusives appartenant à la Suite intrusive de Gérido (Supersuite de Montagnais; Wares et Goutier, 1990; Clark et Wares, 2004), une unité constituée de filons-couches mafiques et ultramafiques s’étant mis en place dans différentes unités sédimentaires et volcaniques de la Fosse du Labrador (Supergroupe de Kaniapiscau).

Les travaux de Henrique-Pinto et al. (2017) suggèrent plutôt des contextes de dépôt différents entre la Supersuite de Laporte (Domaine de Rachel-Laporte) et le Supergroupe de Kaniapiscau (Fosse du Labrador). Le Supergroupe de Kaniapiscau aurait été déposé le long d’une marge continentale intraplaque caractérisée par une prédominance de sources recyclées paléoarchéennes, alors que la Supersuite de Laporte marquerait la transition entre un avant-arc continental ayant une source juvénile vers une zone de sédimentation en contexte de bassin périphérique d’avant-pays collisionnel (Henrique-Pinto et al., 2019). L’âge de ~1883,5 Ma obtenu dans un gabbro de la Suite de Klein indique toutefois que les roches métasédimentaires de la Suite de Freneuse (<1834 Ma; Henrique-Pinto et al., 2017) doivent aussi comprendre une séquence plus ancienne ayant été l’hôte des filons-couches mafiques plus anciens que 1834 Ma). Il est possible qu’une partie des roches inclues dans le Rachel-Laporte soient des roches de la Fosse du Labrador qui ont été imbriquées tectoniquement au sein du Domaine de Rachel-Laporte (Lafrance et Vanier, 2021).