La roche échantillonnée est une tonalite à grain moyen et faiblement folié. Elle contient de la biotite, de la titanite (très abondante) et de l’épidote. La roche est non magnétique et passablement hétérogène; elle contient des schlierens de biotite, des enclaves et des restites de tonalite ou de diorite quartzifère fortement assimilées. Du gabbro est également présent en enclave dans la tonalite. Les enclaves les plus fines et étirées sont couramment entourées de hornblende qui marque une zone de réaction. Les schlierens représentent soit des vestiges d’enclaves, soit des zones de réaction entre différentes phases magmatiques contemporaines. Des plis et des structures de fluage ainsi que des phases granitiques plus grossières en contact diffus sont notés. Les nombreuses fractures qui affectent la roche sont associées à une hématitisation.

 

L’objectif de cette datation est l’obtention de l’âge de cristallisation de la tonalite blanche qui envahit la tonalite, la diorite quartzifère et la diorite du Complexe de Misasque.

Les analyses U-Pb des noyaux donnent des âges ²⁰⁷Pb/²⁰⁶Pb à peu près semblables dans la limite des erreurs avec une moyenne de 2795 ±5 Ma (MSWD = 1,8). Les rapports Th/U indiquent une origine magmatique. Par contre, les analyses des surcroissances donnent des rapports Th/U plutôt faibles, ce qui indique une origine métamorphique. Les âges ²⁰⁷Pb/²⁰⁶Pb de ces surcroissances forment deux groupes avec des âges de 2651 ±9 Ma (MSWD = 0,6) et de 2685 ±10 Ma (MSWD = 0,2); chacun de ces groupes ne contient cependant que quelques données. L’épaisseur variable des surcroissances métamorphiques sur les images BSE est probablement due au fait que le degré de polissage des zircons est relativement faible et que les surfaces ainsi obtenues sont subparallèles au contact entre les noyaux et les surcroissances. La plupart des âges de surcroissances sont calculés à partir de sections limitées au début des profils analytiques caractérisées par des signaux en U forts et des rapports Th/U faibles. Il est possible que, dans certains cas, le faisceau laser ait échantillonné une surcroissance et une portion de noyau, entraînant des variations du rapport Th/U. Les âges de surcroissances les plus jeunes représentent donc probablement la meilleure estimation de l’âge du métamorphisme.

Les analyses U-Pb des titanites sont radiogéniques et la plupart des données se regroupent dans la limite des erreurs avec un âge moyen de 2598 ±2 Ma (MSWD = 1,3). Quelques grains sont légèrement plus vieux, possiblement en raison d’une composante significative de Pb commun ou d’une perte de Pb partielle au cours du refroidissement. Les rapports Th/U relativement faibles de ces titanites suggèrent une origine métamorphique..

Considérant la description de l’affleurement échantillonné et des données U-Pb, l’interprétation la plus probable est que le granite provienne de la fusion métamorphique d’un pluton granitoïde dont l’âge est de 2795 ±5 Ma. La cristallisation et le refroidissement de la migmatite se seraient déroulés sur une longue période ayant débuté vers 2685 Ma et se poursuivant jusqu’à 2600 Ma.

Les résultats des analyses sont disponibles dans le SIGÉOM et accessibles en cliquant sur ce lien (voir fichiers Excel dans MB201909ADN001.zip).

L’âge de cristallisation magmatique de cet échantillon (2795 ±5 Ma) est plus vieux que ceux de deux autres échantillons de tonalite du Complexe de Misasque (2018-FM-2083A, 2698 ±28 Ma; 2016-FM-2705A, 2695 ±8 Ma). Deux âges métamorphiques ont été également obtenus (2683 ±11 Ma et 2650 ±10 Ma), dont l’un correspond, dans les limites d’erreur, à ces âges de cristallisation.

Le Complexe de Misasque constitue un socle gneissique et intrusif polyphasé de type TTG. L’étalement des âges archéens obtenus dans les roches de ce complexe démontre l’existence de plusieurs générations de zircons et reflète l’hétérogénéité de cette unité qui renferme plusieurs phases en contact diffus. Même si les âges de cristallisation magmatique obtenus pour les échantillons de tonalite homogène du Complexe de Misasque sont, jusqu’à preuve du contraire, tous néoarchéens, la présence d’unités gneissiques non datées et les âges hérités mésoarchéens obtenus suggèrent que certaines phases précoces du Misasque pourraient être mésoarchéennes et antérieures à la mise en place du Pluton de Digne.

 

Références

 

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine