L’échantillon provient d’un affleurement formé essentiellement d’enderbite homogène à grain fin et granoblastique. Cette roche renferme de la biotite, de l’orthopyroxène et de la hornblende. Ces minéraux ferromagnésiens constituent 10 % de la roche, alors que la proportion de quartz a été évaluée à 25 %. La foliation est bien développée. Cette lithologie est couramment observée en association avec de la diorite et la diorite quartzifère à orthopyroxène de la Suite plutonique de Narsajuaq.

Cet échantillon d’enderbite provient de l’unité anciennement désignée comme l’Arc de Narsajuaq, et appartiendrait à la subdivision la plus ancienne de celle-ci datée entre 1863 Ma et 1844 Ma (Dunphy et Ludden, 1998; Lucas et St-Onge, 1992). Le but de cette datation était de confirmer l’âge de mise en place de cette unité ancienne et de déterminer son âge métamorphique, lequel serait possiblement associé à l’Orogénèse trans-hudsonienne (1840 à 1800 Ma).

Les analyses montrent des concentrations variables en uranium, dont certaines dépassent la limite supérieure de détection du spectromètre. Les résultats de ces analyses ont dû être rejetés. Dix-sept analyses s’étalent de 2773 Ma à 1841 ±24 Ma, l’âge le plus jeune étant une moyenne de deux données qui se chevauchent. Les rapports Th/U sont variables, mais se trouvent généralement dans l’intervalle normal pour les roches magmatiques. L’âge du protolite semble être néoarchéen, quoique la roche ait été chauffée sur une assez longue période pour qu’il y ait une perte en Pb du zircon par diffusion au cours du Paléoprotérozoïque.

Les résultats des analyses sont disponibles dans le SIGÉOM et accessibles en cliquant sur ce lien (voir fichiers Excel dans MB201901ADN001.zip).

Les âges obtenus sont assurément plus anciens que ce qui était attendu pour cet échantillon. Ils sont cohérents avec d’autres analyses de roches à orthopyroxène provenant du Domaine lithotectonique de Narsajuaq (anciennement Arc de Narsajuaq; 2017-SM-4102A et 2017-MP-1013A, Davis et Sutcliffe, 2018; 2019-MV-1044A, Davis, 2022).

 

Les deux zircons datés à 1841 ±24 Ma sont fort probablement reliés au métamorphisme associé à l’Orogénèse trans-hudsonnienne. Le diagramme concordia montre un important étalement des âges (2773 Ma à ~2100 Ma), lesquels ne peuvent être associés à un évènement géologique particulier et, par conséquent, sont difficiles à interpréter. Cette dispersion résulte possiblement d’une perte en plomb lors d’un important évènement thermique de longue durée au Paléoprotérozoïque, et qui pourrait correspondre à l’Orogénèse trans-hudsonienne. Toutefois, il est aussi possible que l’unité échantillonnée représente une roche métasédimentaire métamorphisée au faciès des granulites. Dans tous les cas, cette analyse appuie la création d’une nouvelle unité, le Complexe de Pingasualuit, qui regroupe ces roches archéennes d’origine indéterminée.