L’échantillon provient d’un affleurement homogène de granodiorite contenant 5 à 20 % de phénocristaux de feldspath potassique de 2 à 7 cm répartis de façon hétérogène. On observe par endroits un alignement de phénocristaux qui pourrait représenter une foliation magmatique. La Suite granitique de De Pas fait partie d’un grand batholite d’envergure régionale constituant la Supersuite de De Pas qui recoupe l’ensemble de la Zone noyau selon un axe NW-SE à N-S. Dans le secteur des feuillets 24A13 et 24H, les roches porphyriques de la Suite granitique de De Pas ont été divisées en deux unités informelles. La première (pPdep2), datée à 1820 ±6 Ma (Davis et al., 2018), est associée à de fortes anomalies magnétiques de forme elliptique et comprend des roches granitiques renfermant 30 % à 50 % de phénocristaux presque jointifs de 1 à 3 cm. Ces anomalies magnétiques se trouvent dans l’enveloppe « normale » du De Pas, à proximité de la Zone de cisaillement de la Rivière George (ZCRG). La seconde unité (pPdep2c) est située du côté ouest de la ZCRG, dans une zone faiblement à moyennement magnétique. Cette unité moins homogène se caractérise par des variations importantes du pourcentage de phénocristaux qui peut passer de 0 % à 40 % sur un même affleurement, avec des niveaux décimétriques contenant localement jusqu’à 90 % de phénocristaux (litage magmatique?). La taille des phénocristaux est aussi beaucoup plus variable (2 à 12 cm) et la présence de quartz bleuté est couramment notée.

 

Afin de déterminer l’âge de la granodiorite, des terminaisons de cristaux prismatiques ont été soigneusement sélectionnées et abrasées. Cinq analyses ont été effectuées par dilution isotopique à partir de terminaisons de cristaux. Les résultats analytiques montrent des teneurs élevées en uranium et des rapports Th/U similaires variant de 0,360 à 0,418. Les résultats ont livré des âges apparents compris entre 1804,4 Ma et 1813,3 Ma, le plus ancien étant le moins discordant à 1,0 %. Ces résultats s’alignent le long d’une droite. Un calcul de régression linéaire a permis de déterminer une intersection supérieure représentant un âge de 1813,4 ±3,1 Ma (MSWD = 3,9), lequel constitue la meilleure estimation de l’âge de cristallisation de la granodiorite. Quarante analyses par ablation laser ont été effectuées en ciblant les terminaisons ainsi que la portion centrale des cristaux les moins métamictes. L’analyse de 23 terminaisons a produit des résultats cohérents qui ont pu faire l’objet d’un calcul de régression. L’intersection supérieure de la droite ainsi obtenue donne un âge de 1815,2 ±6,8 Ma (MSWD = 0,58, probabilité de coïncidence de 0,93), identique à celui calculé à partir des analyses par dilution isotopique. Les résultats de seize analyses ont donné des âges apparents plus anciens pour lesquels la modélisation statistique fait ressortir un âge moyen de 1852 ±8 Ma.

Les résultats des analyses sont disponibles dans le SIGÉOM et accessibles en cliquant sur ce lien (voir fichiers Excel dans MB201903ADN001.zip).

L’âge paléoprotérozoïque de ~1813 Ma est interprété comme celui de la cristallisation de la granodiorite. Cet âge est le plus jeune obtenu dans l’unité de granodiorite et de monzodiorite quartzifère à structure porphyroïde de la Suite granitique de De Pas (pPdep2). Cette suite se serait donc mise en place durant une période de ~50 Ma, entre 1862 Ma (échantillon 2014-IL-3158A) et 1813 Ma.