Historique et méthodologie

Le Domaine structural de Kangillialuk (DSkan) est introduit dans le cadre du levé géologique du lac Serpentine (Mathieu et al., 2023). Auparavant, cette zone était incorporée au Domaine structural de Qaqqakallaaluk (Mathieu et al., 2022). Ce dernier s’étend plus à l’est et est caractérisé par des axes de plis et de crénulation subhorizontaux orientés E-W. Dans le Kangillialuk, ces types de fabriques sont plutôt orientés vers le nord ou le NW et leur plongée est modérée.

La méthodologie employée pour définir le Domaine structural de Kangillialuk se base principalement sur des observations de terrain suivies d’une analyse structurale à l’aide de stéréonets. L’interprétation de la carte aéromagnétique a été utile à certains endroits.

Limites et morphologie

Unités stratigraphiques concernées

Le Groupe de Spartan constitue l’essentiel des roches du DSkan. Quelques niveaux décamétriques de roches volcaniques du Groupe de Parent affleurent dans le Domaine structural de Kangillialuk.

Caractéristiques structurales

❯ Fabriques principales

La fabrique principale (S₂) du Domaine structural de Kangillialuk est une foliation tectonométamorphique pénétrative, laquelle est responsable du débit schisteux généralisé dans l’ensemble des roches sédimentaires du domaine. La fabrique est marquée par l’alignement de phyllosilicates (muscovite, séricite, chlorite et biotite). La fabrique est aussi accentuée par l’alternance de lits clairs et sombres associés au litage primaire et généralement transposée dans la foliation. Les mesures structurales sont projetées sur des stéréogrammes en deux sous-groupes, soit est et ouest. La limite entre les deux se trouve à la limite entre les feuillets SNRC 35G09 et 35G10. À l’ouest, la foliation moyenne est de 256°/43°, alors qu’elle est en moyenne de 254°/34° à l’est. Ces deux valeurs sont relativement rapprochées et démontrent un grain structural régional bien défini dans l’axe WSW-ENE à pendage modéré.

Le plan de foliation contient communément une linéation minérale ou d’étirement. La linéation est couramment soulignée par un alignement des phyllosilicates qui peut s’apparenter à une crénulation d’amplitude submillimétrique. Ces deux fabriques sont parallélisées et peuvent être présentes sur un même affleurement. La linéation d’étirement affecte le plagioclase et le quartz. Il n’y a pas de différence d’orientation entre les types de linéations. À l’instar des foliations, il y a peu de variation entre les sections est et ouest du domaine. Toutefois, les linéations sont plus dispersées à l’est, le long du grand cercle formé par la foliation moyenne. Ainsi, l’orientation générale des linéations est NNW avec une plongée modérée de 35° à 45°.

Les mesures structurales présentées dans les stéréogrammes ci-dessous incluent celles des levés géologiques les plus récents du Ministère (Mathieu et Beaudette, 2019; Mathieu et al., 2022; Mathieu et al., 2023).

❯ Autres fabriques

Les roches sédimentaires du Groupe de Spartan présentent une stratification sédimentaire (S₀) à différentes échelles, allant de lamines submillimétriques aux bancs métriques. Une foliation tectonométamorphique peu développée (S₁) est parallèle à ce plan. Le litage sédimentaire est affecté par des plis isoclinaux à très serrés, de sorte que sur les flancs, la surface S₀ est totalement transposée dans la foliation tectonométamorphique (S₂) et, à l’endroit des charnières, le litage (S₀) est sécant à la foliation S₂. Au total, seulement 18 mesures de S_0-1 sont disponibles dans le DSkan. Celles-ci montrent une distribution semblable avec celle des foliations (S₂), comme attendu.

❯ Plis

Du plissement isoclinal à très serré est présent à différentes échelles dans le Domaine structural de Kangillialuk. Comme mentionné plus haut, ce dernier affecte le litage sédimentaire. La foliation (S₂) représente une foliation de plan axial. L’attitude de cette fabrique (256°/43° à l’ouest; 254°/34° à l’est) indique que les plis ont une géométrie déversée vers le SSE. Plusieurs charnières de plis et axes de crénulation ont été mesurées sur le terrain. Dans le secteur ouest, ces fabriques correspondent à la linéation moyenne et plongent modérément vers le NNW (344°/51°). À l’est, la correspondance est moins bien définie, ce qui est attribuable à une plus grande dispersion des mesures de charnières et de crénulations. Quelques mesures de plans axiaux sont aussi projetées : la majorité est près de la foliation (S₂) moyenne, confirmant qu’il s’agit d’une foliation de plan axial. La variabilité des charnières, crénulations et plans axiaux est causée par des plis parasitaires qui peuvent avoir des orientations variables par rapport aux patrons de plissement régional dominant, sans toutefois qu’il y ait d’évidence d’une autre phase de plissement.

Étant donné l’homogénéité des sous-unités du Groupe de Spartan et la faible exposition de ces roches à la surface, il n’a pas été possible d’identifier des plis à l’échelle kilométrique dans ces sous-unités. Les images du levé aéromagnétique (Paré, 2005) montrent des linéaments plissés. Ces linéaments correspondent à des crêtes positives. Certaines crêtes correspondent à des roches volcaniques du Groupe de Parent intercalées par le jeu des plis isoclinaux dans le Groupe de Spartan.

Paramètres géométriques des plis régionaux : 

❯ Relations de recoupement

Non observées.

❯ Cinématique

Ne s’applique pas.

Style de la déformation

La déformation au sein du Domaine structural de Kangillialuk est d’intensité faible à modérée, puisque les roches présentent un débit schisteux tout en ayant préservé une stratification primaire. La foliation principale S₂ est corrélable d’un affleurement à l’autre et peut être extrapolée, ce qui est aussi le cas pour les fabriques linéaires. Près des failles d’Ombilic (FAomb) et de Bergeron (FAber), l’intensité de la déformation est plus élevée et peut être qualifiée d’intense.

Le style de la déformation est celui d’un domaine caractérisé par la présence de plis isoclinaux à très serrés qui sont déversés vers le SSE et réclinés, c’est-à-dire que leurs axes plongent modérément vers le NNW (344°/51° et 312°/38°). La foliation S₂ correspond à la foliation de plan axial associée à ces plis. Le caractère isoclinal et déversé des plis fait en sorte que le style de la déformation de ce domaine s’apparente à une séquence monoclinale.

Caractéristiques métamorphiques

La muscovite, la chlorite et la biotite sont les minéraux métamorphiques les plus courants dans le Domaine structural de Kangillialuk. Ces minéraux donnent une texture lépidoblastique à la roche, indiquant une croissance synchrone avec la déformation. Des porphyroblastes d’andalousite et des porphyroclastes de cordiérite sont également présents localement. L’andalousite est post-déformation, alors que la cordiérite est syndéformation, puisqu’elle présente une rotation de la foliation S₂.

Les conditions métamorphiques lors de l’évènement principal de déformation sont estimées au faciès des schistes verts, étant donné la présence de chlorite, de muscovite et de biotite. La présence locale d’andalousite et de cordiérite précise qu’il s’agit de conditions métamorphiques de basse pression pour ce faciès, soit <4 kbar (Winter, 2013).

Altérations

Les roches sédimentaires du Groupe de Spartan présentent à un degré varié une altération en carbonates de fer. Ceux-ci prennent la forme de porphyroblastes ou de veinules. Les veinules peuvent être sécantes à la foliation, parallèles au litage ou plus rarement parallèles à un plan axial. La diversité des occurrences de carbonates de fer suggère une remobilisation sur une période prolongée, laquelle a débuté durant la déformation et s’est terminée après la fin de la déformation principale. 

Caractéristiques géophysiques

La signature géophysique du Domaine structural de Kangillialuk se définit par des zones relativement homogènes d’anomalie négative et par la présence de quelques crêtes ayant une susceptibilité magnétique plus forte. Comme mentionné précédemment, ces crêtes définissent le patron structural plissé du Kangillialuk.

Repères chronologiques

Les roches métasédimentaires du Groupe de Spartan ont un âge minimal de 1852 ±7 Ma (Davis, 2019). La déformation a donc un âge maximal de 1852 Ma.

Références

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine

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