Auteur(s) | Hébert et Lacoste, 1994 |
Méthodologie | Défini à partir d’une compilation géologique |
Subdivision(s) géologique(s) | Province de Grenville / Allochtone |
Mouvement principal | Dextre |
Style de déformation | Anastomosé |
Faciès métamorphique (faciès moyen lié à la déformation principale) | Non déterminé |
Historique et méthodologie
La Zone de cisaillement de Saint-Fulgence a été cartographiée pour la première fois par Hébert et Lacoste (1994) dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean sous le nom de « Linéament de Saint-Fulgence-Poulin-de-Courval ». Elle a été par la suite renommée « Zone de cisaillement de Saint-Fulgence » durant les travaux de cartographie effectués par Hébert et Lacoste (1998a,b,c,d). Une seconde cartographie par Hébert et al. (2009) a été produite dans la région du réservoir de Pipmuacan. Celle-ci a menée à la prolongation des segments de la Zone de cisaillement de Saint-Fulgence sur plusieurs kilomètres. Récemment, une étude structurale détaillée de la Zone de cisaillement de Saint-François-de-Sales par Gosselin et al. (2022) a permis de produire une interprétation des linéaments géophysiques dans les feuillets 22D04, 21M13 et 31P16. Cette interprétation géophysique suggère la continuité des segments de la Zone de cisaillement de Saint-Fulgence vers la région de la Mauricie.
Limites et morphologie
Largeur | 2 km (largeur minimale) |
Longueur | ~400 km |
Orientation | NE-SW |
La Zone de cisaillement de Saint-Fulgence correspond à une bande anastomosée de >2 km de largeur et de ~400 km de longueur (feuillets 31P16, 21M13, 22D04, 22D03, 22D06, 22D07, 22D10). Elle se prolonge du coin NE du feuillet 22D10 jusqu’au feuillet 31P16, selon un tracé orienté NE-SW. Dans le feuillet 22D10, elle est interprétée comme se séparant en deux segments distincts (Hébert et al., 2009). Ces deux segments semblent rejoindre la Zone de cisaillement de Pipmuacan, située plusieurs dizaines de kilomètres au NE, dans le feuillet 22F13 (Hébert et al., 2009). Dans les feuillets 31P16 et 31P09, le segment NE-SW de la Zone de cisaillement de Saint-Fulgence est prolongé vers le SW selon les interprétations des linéaments géophysiques de Gosselin et al. (2022). La Zone de cisaillement de Saint-Fulgence semble être connectée avec plusieurs autres zones de cisaillement dans la région située au sud du lac Saint-Jean (feuillets 31M13 et 31P16). Ainsi, elle plisse la Zone de cisaillement des Cèdres et pourrait délimiter l’extrémité sud de la Zone de cisaillement de Saint-François-de-Sales (Gosselin et al., 2022). Sa continuité jusqu’à l’extrémité sud de la région de la Mauricie a été discutée par des auteurs (Rondot, 1978, 1979, 1986), mais elle n’est pas confirmée. La Zone de cisaillement de Saint-Fulgence délimite deux principales unités lithostratigraphiques, soit la Suite anorthositique de Lac-Saint-Jean et le Complexe gneissique de Cap à l’Est. Cependant, la zone de cisaillement ne délimite pas de façon exclusive ces deux unités sur toute sa longueur. Il n’existe actuellement aucune analyse structurale des domaines adjacents. La Zone de cisaillement de Saint-Fulgence affecte des unités protérozoïques diverses différenciées à non différenciées de l’Allochtone, dans la Province de Grenville.
Unités stratigraphiques concernées
Les unités stratigraphiques affectées par la Zone de cisaillement de Saint-Fulgence sont :
Caractéristiques structurales
Selon Hébert et Lacoste (1998a,b,c,d), les fabriques structurales dans la Zone de cisaillement de Saint-Fulgence sont associées à au moins trois phases de déformation D1, D2 et D3, nommées ici Dn-1, Dn et Dn+1. Selon ces auteurs, il pourrait y avoir une phase de déformation supplémentaire Dn-2 dans les roches des séquences supracrustales, c’est-à-dire les complexe gneissiques de Saguenay et de Cap à l’Est. En effet, ils interprètent que ces roches étaient déjà déformées en gneiss droit et migmatitisées avant l’évènement de déformation Dn-1 (Hébert et Lacoste, 1998a).
❯ Fabriques principales
Sn = S2
La Zone de cisaillement de Saint-Fulgence forme des corridors de déformation anastomosés (Hébert et Lacoste, 1998a). Ces corridors peuvent avoir quelques kilomètres (~2 km) à plusieurs kilomètres (>10 km) de largeur.
La fabrique principale Sn est une foliation mylonitique d’orientation NE-SW coupant la gneissossité Sn-1 (Hébert et Lacoste, 1994; Hébert et Lacoste, 1998a,b,c,d; Hébert et van Breemen, 2004). La direction de la foliation mylonitique varie entre 25° et 60° (Hébert et van Breemen, 2004), mais son pendage moyen est inconnu. La linéation d’étirement minéral est généralement aval-pendage, plonge modérément (~45°) à fortement vers le nord, voire localement subverticale (Hébert et van Breemen, 2004). Toutefois, certaines linéations ont une orientation oblique et plongent vers l’est ou le SSE.
❯ Autres fabriques
Sn+1 = S3
Selon Hébert et Lacoste (1998a,b,c,d), la Zone de cisaillement de Saint-Fulgence est marquée par la présence de failles et des zones de cisaillement fragiles-ductiles définies par une foliation mylonitique Sn+1 d’orientation N-S à NNE-SSW. La linéation est horizontale à subhorizontale.
Sn-1 = S1
Hébert et Lacoste (1998a,b,c,d) notent la présence d’une fabrique antérieure Sn-1 décrite comme une gneissosité orientée E-W à ESE-WNW. Son pendage est modéré et majoritairement vers le nord (Hébert et van Breemen, 2004).
❯ Plis
Dans la région du lac Jalobert, Hébert et Lacoste (1998c) décrivent un plissement de la fabrique gneissique Sn-1 dans les roches supracrustales du Complexe gneissique de Saguenay causé par la fabrique principale Sn de la Zone de cisaillement de Saint-Fulgence (photos ci-dessus). Ces plis sont en forme de « Z », soit de mouvement apparent dextre, et leur orientation est similaire à celle de la fabrique Sn. De plus, la linéation mesurée à la charnière de pli est de faible plongée vers le NE.
❯ Relations de recoupement
Paramètres géométriques des failles régionales coupant la Zone de cisaillement de Saint-Fulgence :
Faille ou Famille de failles | Type | Direction (°) (moy) | Pendage (°) (moy) | Plongée de la linéation dans le plan de la faille | Largeur estimée (m) | Longueur estimée (km) | Mouvement apparent | Position | Commentaires |
Faille associée au Graben du Saguenay | Faille régionale | NW-SW | Vers le nord | – | – | Normale | Certaine | Hébert et Lacoste (1998a,b,c,d) | |
Famille N-S à NNE-SSW | Faille régionale | N-S à NNE-SSW | – | – | – | – | Senestre | Certaine | Hébert et Lacoste (1998a,b,c,d) |
❯ Cinématique
Les indicateurs cinématiques associés à la phase de déformation Dn sont des bandes de cisaillement, des porphyroclastes en rotation et des plis d’entrainement (Hébert et Lacoste, 1998a). Selon ces critères, le mouvement tectonique est donc inverse-dextre durant une phase de déformation Dn (Hébert et Lacoste, 1994; Hébert et Lacoste, 1998a,b,c,d; Hébert et van Breemen, 2004).
Les indicateurs cinématiques associés à la phase de déformation Dn+1 sont associés à une tectonique décrochante senestre (Hébert et Lacoste, 1998a,b,c,d).
Style de la déformation
La Zone de cisaillement de Saint-Fulgence correspond à un corridor kilométrique, anastomosé, dont la déformation intense est associée à une histoire polyphasée (Hébert et Lacoste, 1994; Hébert et Lacoste, 1998a,b,c,d; Hébert et van Breemen, 2004).
La gneissosité associée à l’évènement de déformation Dn-1 a été reliée à un épisode de chevauchement. Ceci repose sur la présence d’une linéation subhorizontale vers le nord, subparallèle au pendage du litage magmatique d’une anorthosite dans le secteur de Jonquière (Hébert et Lacoste, 1998a). Toutefois, le type de linéation n’est pas défini (linéation minérale primaire magmatique ou minérale secondaire tectonométamorphique). De plus, il n’y a aucune mention quant au sens de mouvement (senestre ou dextre), qui serait appuyé par des indicateurs cinématiques, pour associer l’évènement Dn-1 à une tectonique de raccourcissement, d’extension ou de décrochement.
Durant Dn, la zone de cisaillement présente un mouvement dextre-inverse, impliquant le chevauchement du domaine SE vers le N-NW (Hébert et Lacoste, 1998a,b,c,d). Toutefois, une confusion est présente dans la littérature, car Hébert et van Breemen (2004) semblent associer la phase de déformation Dn dans la Zone de cisaillement de Saint-Fulgence uniquement un mouvement principalement décrochant dextre. Cependant, ces auteurs ne mentionnent pas l’observation de linéations d’étirement minéral de faible plongée associées à la foliation mylonitique Sn pour démontrer l’existance d’un mouvement tectonique majoritairement en décrochement.
La phase de déformation Dn+1 est associée à du décrochement senestre. Le déplacement relatif dans les zones de mylonites est de plusieurs mètres et rarement sur plusieurs centaines de mètres (Hébert et van Breemen, 2004).
Caractéristiques métamorphiques
Non déterminées.
Altérations
Non déterminées.
Caractéristiques géophysiques
Dans les feuillets 31P09, 31P16, 21M13, 22D04, 22D03, 22D06, 22D07 et 22D10, la Zone de cisaillement de Saint-Fulgence présente un signal généralement homogène sur la carte du champ magnétique et ses dérivés (Intissar et Benahmed, 2015). Selon la carte du gradient vertical du champ magnétique résiduel, la zone de cisaillement forme un patron rubané caractérisé par des bandes plus ou moins continues, orientées NE-SW, de forte susceptibilité magnétique. Ce patron est fortement visible dans les feuillets 22D06, 22D07, 22D10, 31P16 et 21M13. Toutefois, il devient difficile à suivre dans les feuillets 22D04 et 22D03. La continuité de la Zone de cisaillement de Saint-Fulgence vers le SW (feuillets 31P09 et 31P16) a été interprétée selon les cartes aéromagnétiques et les observations de terrain de Gosselin et al. (2022). De plus, sa continuité vers le NE est visible selon le patron rubané dans les feuillets 22D10 et 22D09, et se segmente en deux patrons distincts pour se rejoindre dans le feuillet 22F13, où la Zone de cisaillement de Pipmuacan est située.
Repères chronologiques
L’âge maximal de la fabrique principale Sn de la Zone de cisaillement de Saint-Fulgence n’a pas été déterminé. Elle aurait pu être active avant la phase orogénique grenvillienne (>1090 Ma), tout comme les autres zones de déformation orientées NE-SW dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean (zones de cisaillement de Pipmuacan et de Chute-des-Passes; Hébert et van Breemen, 2001; Turcotte, 2001). Cependant, Hébert et van Breemen (2004) ont aussi avancé que les mouvements en décrochement et chevauchement dans la région sont grenvilliens (1090-980 Ma), sans stipuler à quelles phases de déformation ils appartiennent. Ce qui semble clair pour ces auteurs est que le mouvement tardif dextre de la Zone de cisaillement de Saint-Fulgence est d’âge grenvillien, car ils l’associent à un réajustement postcollisionnel, soit au à l’Ottawan tardif (~1060 Ma; Rivers et al., 2012).
Dans la région du réservoir de Pipmuacan, la Suite anorthositique de Vanel contient le Massif anorthositique de Labrieville qui a été daté entre 1010 ±2 Ma et 1008 ±2 Ma (Owens et al., 1994). Selon des observations de terrain, le Massif anorthositique de Labrieville a été affecté par plusieurs phases de chevauchement associées à la Zone de cisaillement de Saint-Fulgence (Hébert et al., 2009). Ainsi, la déformation associée à la Zone de cisaillement de Saint-Fulgence a été active après 1008 Ma. Il est aussi décrit que la Mangérite de Poulin-de-Courval et le Granite de Menton se seraient mise en place de manière syntectonique à Sn dans la Zone de cisaillement de Saint-Fulgence. Ces deux intrusions ont données des âges de 1068 ±3 Ma (Hébert et al., 1998a) et de 1020 ±2 Ma (Hébert et al., 2009).
Ainsi, la Zone de cisaillement de Saint-Fulgence aurait pu être active sur une très longue période de temps, soit avant 1090 Ma et jusqu’à au moins 1008 Ma.
Références
Publications accessibles dans SIGÉOM Examine
GOSSELIN, E., SOUCY LA ROCHE, R., MOUKHSIL, A., LARSON, K., 2022. Caractérisation structurale et temporelle de la zone de cisaillement de Saint-François-de-Sales et implication tectonique durant l’orogénie grenvillienne (Saguenay–Lac-Saint-Jean, Québec). INRS, MERN, UNIVERSITY OF BRITISH COLOMBIA; MB 2022-05, 57 pages.
HÉBERT, C., DAIGNEAULT, R., 2004. Histoire tectonomagmatique d’une partie de la région du Saguenay, Excursion des amis du Grenville 2004, Ministère de l’Énergie et des Ressources Naturelles, MB 2004-12, 50 pages.
HÉBERT, C., LACOSTE, P., 1994. Linéament de Saint-Fulgence-Poulinde-Courval, in Séminaire d’information sur la recherche géologique: Programme et résumés 1994: Québec, Ministère de Ressources Naturelles du Québec, DV 94-09, page 56.
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HÉBERT, C., LACOSTE, P., 1998b. Géologie de région de Bagotville (22D/07): Québec, Ministère de Ressources Naturelles du Québec, RG 97–06, 21 pages.
HÉBERT, C., LACOSTE, P., 1998c. Géologie de la région de Lac Jalobert (22D/10): Québec, Ministère de Ressources Naturelles du Québec, RG 97–05, 15 pages.
HÉBERT, C., LACOSTE, P., 1998d. Géologie de la région du lac Poulin-de-Courval (22D16): Québec, Ministère de Ressources Naturelles du Québec, RG 97–03, 13 pages.
HÉBERT, C., CADIEUX, A.-M., VAN BREEMEN, O., 2009. Région du réservoir Pipmuacan (SNRC 22E) Ministère des Ressources naturelles et de la Faune, Québec. Synthèse Géologique, RG 2009-01.
INTISSAR, R., BENAHMED, S. 2015. LEVE MAGNETIQUE AEROPORTE DANS LE SECTEUR OUEST DU LAC-ST-JEAN, PROVINCE DE GRENVILLE. MERN, GOLDAK AIRBORNE SURVEYS. DP 2015-06, 7 pages et 2 plans.
Autres publications
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HÉBERT, C., VAN BREEMEN, O., 2004. Mesoproterozoic basement of the Lac St. Jean Anorthosite Suite and younger Grenvillian intrusions in the Saguenay region, Québec: Structural relationships and U-Pb geochronology. In: Tollo, R.P., Corriveau, L., McLelland, J., and Bartholomew, M.J., eds., Proterozoic tectonic evolution of the Grenville orogen in North America: Boulder, Colorado, Geological Society of America Memoir 197, pages 65-79.
HÉBERT, C., VAN BREEMEN, O., LACOSTE, P., 1998b. Tectonic setting and U-Pb zircon age of the Poulin-de-Courval Mangerite, Saguenay-Lac-Saint-Jean area, Grenville Province, Quebec. In: Radiogenic Age and Isotopic Studies: Report 11. Geological Survey of Canada; Current Research 1998-F, pages 69-78.
OWENS, B.E., DYMEK, R.F., TUCKER, R.D., BRANNON, J.C., PODOSEK, F. A., 1994. Age and radiogenic isotopic composition of a late-to post-tectonic anorthosite in the Grenville Province: the Labrieville massif, Quebec. Lithos; volume 31(3-4), pages189-206.
RONDOT, J., 1978. Stratigraphie et métamorphisme de la région du Saint-Maurice. In: Métamorphism in the Canadian Shield, J.A.Fraser, and W.W.Heywood, editors. Geological Survey of Canada; Paper 78-10, pages 329-352.
RONDOT, J., 1979. Méta-ophiolites et géosutures dans le Grenville. Association géologique du Canada; Programmes et résumés, volume 4, page 75.
RONDOT, J., 1986. Géosutures dans le Grenville. In: The Grenville Province, J.M.Moore, A.Davidson, et A.J.Baer, editors, Geological Association of Canada, Special Paper 31, pages 313-325.
RIVERS, T., CULSHAW, N., HYNES, A., INDARES, A., JAMIESON, R., MARTIGNOLE, J., 2012. The Grenville Orogen – A post-LITHOPROBE perspective, Chapter 3. In: Percival, J.A., Cook, F.A., Clowes, R.M. (Eds.), Tectonic Styles in Canada: the LITHOPROBE Perspective. Geological Association of Canada, Special Paper 49, pages 97-236.
TURCOTTE, S., 2001. Mise en place de la portion nord-ouest de la Suite anorthositique du Lac-Saint-Jean durant le chevauchement grenvillien. Thèse de Maîtrise, Université du Québec à Chicoutimi; 204 pages.
Citation suggérée
Ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF). Zone de cisaillement de Saint-Fulgence. Lexique structural du Québec. https://gq.mines.gouv.qc.ca/lexique-structural/zone-de-cisaillement-de-saint-fulgence [cité le jour mois année].
Collaborateurs
Première publication |
Eve Gosselin, géo. stag. eveg1913@gmail.com; Yannick Daoudene, géo., Ph. D. (rédaction) Ghyslain Roy, géo. (coordination); Abdelali Moukhsil, géo., Ph. D. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique); André Tremblay (montage HTML). |