Le terme « Pluton de Wapitagun » a été instauré par Bourne et al. (1978) afin de décrire une masse plutonique localisée à la limite entre les feuillets SNRC 12K et 12J, dans leur partie méridionale. Daoudene et Lafrance (2024) ont porté l’unité au rang de suite et l’ont renommée la Suite intrusive de Wapitagun, étant donné la présence de deux unités distinctes.

L’appellation de l’unité est tirée de l’île de Ouapitagone, située dans le secteur.

La Suite intrusive de Wapitagun comprend deux unités, soit : 1) une unité de monzonite quartzifère et de syénite quartzifère porphyroïdes (nPwap1); et 2) une unité de syénogranite et de monzogranite porphyroïdes (nPwap2).

Bien que l’unité nPwap1 soit localement observée en enclaves au sein de l’unité nPwap2 (p. ex. affleurement 24-YD-2023), le passage d’une unité à l’autre peut aussi être transitionnel (p. ex. affleurement 24-BM-6000). Localement, la roche montre une composition à la limite entre les deux unités, avec une proportion de quartz de ∼20 %. 

Les roches de ces deux unités sont peu déformées. Localement, elles sont massives ou, dans certains secteurs, plus intensément déformées, particulièrement le long de la bordure nord de la suite intrusive. Dans les roches exhibant une foliation, celle-ci est marquée par l’alignement des minéraux ferromagnésiens et des phénocristaux de feldspath potassique, ainsi que par un léger aplatissement des grains de quartz. Dans les secteurs moins déformés, les phénocristaux sont idiomorphes; localement, ils sont non orientés ou définissent une foliation magmatique. Dans les secteurs les plus déformés, le quartz forme des rubans discontinus et les phénocristaux de feldspath potassique sont lenticulaires. Par endroits, la roche présente localement une linéation par l’étirement de l’ensemble des minéraux en crayons (p. ex. affleurement 24-IL-3176). 

Suite intrusive de Wapitagun 1 (nPwap1) : Monzonite quartzifère et syénite quartzifère porphyroïdes

L’unité nPwap1 est en majeure partie constituée de monzonite quartzifère et de syénite quartzifère, mais elle comprend aussi une faible proportion de monzodiorite quartzifère. Ces roches sont généralement homogènes, hétérogranulaires et contiennent 15 à 35 % de phénocristaux de feldspath potassique rose. Ces derniers sont subidiomorphes ou idiomorphes; ils peuvent être rectangulaires ou légèrement arrondis. On observe une variation importante dans la taille et la proportion des phénocristaux au sein de l’unité nPwap1. En général, ceux-ci mesurent 1 cm sur 2 à 3 cm, mais atteignent une longueur de 6 cm par endroits.

Les roches de cette unité ont une cassure fraiche gris rosé et une patine d’altération blanche mouchetée de rose et de noir. Elles sont moyennement à fortement magnétiques et contiennent 8 à 15 % de quartz, 25 à 45 % de feldspath potassique, 25 à 45 % de plagioclase et 15 à 20 % d’amas de minéraux ferromagnésiens. En plus des phénocristaux, le feldspath potassique est aussi de granulométrie fine à moyenne. Les minéraux ferromagnésiens forment des amas de 3 à 8 mm.

Au microscope, la roche est de type « sériée », c’est-à-dire avec une granulométrie très étalée; on note la présence de grains très fins et de nombreuses myrmékites en bordure de grains moyens et grossiers. L’orthose et le microcline sont plus abondants que le plagioclase. Ce dernier est faiblement séricitisé par endroits. Les bordures entre les grains de feldspath sont interlobées à rectilignes. Les phénocristaux de feldspath peuvent être amiboïdes et présentent couramment une extinction roulante. Le quartz est xénomorphe, interlobé et à extinction ondulante, localement lamellaire. Les amas ferromagnésiens sont constitués de grains subautomorphes de hornblende verte à vert clair (8 à 10 %) et de feuillets subautomorphes et xénomorphes de biotite brune (5 à 7 %). La hornblende est localement altérée en un fin mélange de chlorite et de biotite. Localement, dans certains échantillons (p. ex. un échantillon prélevé à l’affleurement 24-BM-6074), la répartition des minéraux ferromagnésiens n’est pas uniforme en lame mince. Une partie de la lame contient uniquement de la biotite et aucune hornblende. Il pourrait s’agir d’une zone de transition entre l’unité nPwai1 (renfermant toujours de la hornblende) et l’unité nPwap2, au sein de laquelle la hornblende est couramment absente. Les minéraux opaques sont abondants (2 à 4 %) et accolés aux amas de minéraux ferromagnésiens. Les minéraux accessoires sont eux aussi abondants et comprennent l’épidote (zoïsite et pistachite), l’apatite, l’allanite, le sphène, la chlorite et le zircon. Ce dernier est couramment en inclusions dans la biotite.

Les analyses d’échantillons choisis de l’unité nPwap1 indiquent une composition de monzonite quartzifère et de syénite quartzifère, et une affinité à la limite entre ferrifère à magnésienne et alcaline-calcique à alcaline (Daoudene et Lafrance, 2024). 

Suite intrusive de Wapitagun 2 (nPwap2) : Syénogranite et monzogranite porphyroïdes

L’unité nPwap2 est en majeure partie constituée de syénogranite et de monzogranite, mais elle comprend aussi une faible proportion de farsundite (monzogranite à hypersthène). Ces roches se distinguent de celles de l’unité nPwai1 par des proportions généralement plus élevées en phénocristaux de feldspath potassique (30 à 45 %) et en quartz (25 à 30 %), par une plus faible proportion en minéraux ferromagnésiens (5 à 10 %) ainsi que par un magnétisme modéré. La taille et la forme des phénocristaux sont toutefois similaires à ceux décrits précédemment.

Les roches de l’unité nPwai2 ont aussi une teinte un peu plus claire que celles de l’unité nPwap1, tant en cassure fraiche qu’en patine d’altération. Localement, la farsundite exhibe une cassure fraiche beige verdâtre. Un contact graduel entre le monzogranite et la farsundite a été observé à l’affleurement 24-IL-3175, localisé en bordure nord de la suite intrusive; la roche à orthopyroxène se trouvant du côté nord de l’affleurement.

Au microscope, les textures et microstructures observées sont similaires à celles de l’unité nPwap1. Comme mentionné précédemment, les amas de minéraux ferromagnésiens sont moins nombreux, et sont ici dominés par la biotite en feuillets bruns subautomorphes et xénomorphes. Localement, la biotite est variablement chloritisée et contient des minéraux opaques et du sphène le long des plans de clivage. Lorsque présente, la hornblende verte (<2 %) est xénomorphe et fortement altérée en un fin mélange de chlorite et de biotite. La farsundite contient ~2 % d’orthopyroxène fortement altéré en un mélange de biotite, d’amphibole et de chlorite. Les minéraux opaques (1 à 2 %) forment des grains xénomorphes, communément aplatis, de 1 à 3 mm. Ils sont couramment entourés d’une bordure de sphène et accolés à la biotite. Les minéraux opaques et les feuillets de biotite sont localement squelettiques, particulièrement à proximité de l’orthopyroxène dans la farsundite. Les phases accessoires (épidote, apatite, allanite, sphène, chlorite, zircon) sont les mêmes que celles observées dans l’unité mPwap1.

Les analyses d’échantillons choisis de l’unité nPwap2 indiquent une composition de syénogranite avec une affinité alcaline calcique, à la limite entre ferrifère et magnésienne (Daoudene et Lafrance, 2024).