Historique

Madore et al. (2001, 2002b) ont assigné les granodiorites à clinopyroxène de la région du lac Klotz (feuillets 35A et 35H) à deux suites lithodémiques en tenant compte de la limite des domaines lithotectoniques et de la signature magnétique de ces roches. On note alors que la Suite de Lepelle est caractérisée par un haut magnétique homogène, alors que la Suite de Châtelain (Achl) correspond à une signature magnétique élevée plus irrégulière. Ces auteurs mentionnent toutefois que les deux unités ont des caractéristiques lithologiques similaires. La Suite de Lepelle ainsi définie a été prolongée vers le sud dans la région du lac Pélican (feuillet 34P; Cadieux et al., 2002, 2004). La Suite de Châtelain a pour sa part été reconnue dans les régions des lacs Pélican, Anuc (feuillet 34O; Berclaz et al., 2003, 2005), Couture ainsi que des lacs Nuvilik (feuillets 35B et 35G), où Madore et al. (2002a, 2004) y ont introduit une unité à orthopyroxène. Simard et al. (2008) ont regroupé toutes les granodiorites à clinopyroxène de ces deux suites dans la Suite de Lepelle et ont réassigné les roches essentiellement à orthopy­roxène de la Suite de Châtelain à la Suite de MacMahon. Ces modifications ont mené à l’abandon du terme « Suite de Châtelain ».

Description

La Suite de Lepelle est constituée de granodiorite et granite homogènes, gris pâle à gris verdâtre à rosés, massifs à foliés, à grain moyen à grossier, communément porphyroïdes à phénocristaux de feldspaths (Madore et al., 2001, 2002b; Cadieux et al., 2002, 2004; Madore et al., 2002a, 2004; Berclaz et al., 2003, 2005; Simard et al., 2008; Simard, 2008; MRNF, 2007a-h, 2010a-d). Elle est caractérisée par la présence d’un plagioclase de couleur bourgogne causée par des inclusions de fines aiguilles d’hématite oxydée. À une échelle qui varie de quelques mètres au kilomètre, on observe une variation progressive dans la composition modale des roches, passant de granodioritique à granitique. Les contacts entre ces phases sont diffus. La granodiorite et le granite forment de multiples injections de type lits par lits qui envahissent les roches hôtes.

En lame mince, les roches présentent couramment des structures en mortier au pourtour des phénocristaux de feldspath. Celles-ci résultent d’une recristallisation métamorphique plus ou moins intense superposée à une structure ignée primaire. Les phénocristaux de feldspath sont orientés selon la foliation. Les roches sont formées d’un assemblage hétérogranulaire de quartz, de plagioclase généralement antiperthitique, de microcline et de minéraux ferromagnésiens. Ces derniers soulignent la foliation et sont constitués de biotite, de clinopyroxène et, localement, de hornblende et d’orthopyroxène. La biotite lépidoblastique est verte ou brune ou orangée à rouge, et localement chloritisée. Le clinopyroxène primaire est vert bouteille, grossier ou fin et granoblastique. Il peut être remplacé partiellement (cœurs préservés) par de la hornblende et de la biotite. De l’épidote et de l’allanite coupent localement les minéraux ferromagnésiens. La magnétite est commune (<5 %) et les minéraux accessoires sont les sulfures, l’apatite, le sphène, le zircon zoné et la muscovite.

Des enclaves (≤15 %) de tonalite, de diorite, de roches mafiques (gabbro et amphibolite) et, localement, de roches ultramafiques sont contenues dans les roches intrusives de la Suite de Lepelle. Ces enclaves décimétriques à métriques sont allongées et étirées parallèlement à la foliation. Localement, elles sont réduites à des schlierens centimétriques. L’unité comprend une proportion mineure de tonalite à biotite-clinopyroxène dans le nord des régions des lacs Pélican (Cadieux et al., 2002, 2004) et Anuc (Berclaz et al., 2003, 2005). Dans la région du lac Pélican, la diorite, le gabbro et le leucogabbro forment également des masses de grande dimension (>100 m) interrubanées avec la granodiorite et la tonalite. Ces roches sont gris anthracite ou vert moyen à vert foncé, moyennement à fortement magnétiques, très homogènes, massives à foliées et de granulométrie fine à moyenne. Elles sont composées des mêmes minéraux ferromagnésiens que la granodiorite (biotite ± clinopyroxène ± hornblende), mais en proportions plus élevées, en plus de montrer une structure granoblastique équigranulaire. Localement, des veines et des dykes de granite pegmatitique coupent la granodiorite et le granite.

Épaisseur et distribution

La Suite de Lepelle occupe la totalité de la partie nord du Domaine d’Utsalik (partie NE du feuillet 34O, partie nord du feuillet 34P, feuillet 35A, partie est du feuillet 35B, partie SE du feuillet 35G et partie sud du feuillet 35H).

Datation

Plusieurs datations U-Pb réalisées sur des échantillons de granodiorite et de granite de la Suite de Lepelle ont permis d’interpréter un âge de cristallisation compris entre 2725 Ma et 2714 Ma pour cette unité. Deux échantillons hétérogènes comprenant une phase tonalitique ont également livré des âges de 2759 ±5 Ma et 2760 ±2 Ma, ce qui représente l’âge de mise en place des tonalites de la Suite de Rochefort (David, 2012).

Relations stratigraphiques

La Suite de Lepelle est localisée dans le nord de la Sous-province de Minto, directement dans le prolongement nord de la Suite de MacMahon (2729 à 2720 Ma). Il est donc possible que ces deux unités soient génétiquement liées (Simard, 2008). La Suite de Lepelle est associée à un évènement magmatique majeur ayant affecté le nord de la Sous-province de Minto entre 2735 Ma et 2710 Ma, et qui est responsable de la mise en place de grandes unités intrusives à pyroxènes (Simard et al., 2008).

Paléontologie

Ne s’applique pas.

Références

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine

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