La Suite plutonique d’Allegrin a été définie par Moukhsil et El Bourki (2020) lors des travaux de cartographie géologique du secteur de Normandin–Roberval–Saint-Félicien, dans la région de Saguenay–Lac-Saint-Jean (feuillets 32A09, 32A10, 32A15 et 32A16). Elle est très magnétique et facilement identifiable sur les cartes aéromagnétiques (Intissar et Benahmed, 2015) sous forme de deux batholites distincts.

La Suite plutonique d’Allegrin correspond à deux larges batholites polyphasés constitués de syénite quartzifère, de granite à feldspath alcalin, de granite à hypersthène (charnockite) et de gabbronorite. Des gneiss granitiques sont également présents en bordure des batholites.

La syénite quartzifère est gris-rose en surface fraîche et grise en patine d’altération. Le grain est grossier et la structure foliée. La roche renferme du quartz en larges plages, du plagioclase (séricitisé), du feldspath potassique (microcline), de la hornblende verte en amas orientés selon la foliation, des minéraux opaques (magnétite) et des minéraux accessoires tels que l’apatite et le zircon. Des enclaves centimétriques de gabbronorite noirâtre à pyroxène-grenat-biotite à grain fin à moyen sont présentes. La charnockite est gris-blanc en surface fraîche, brun rouille en patine d’altération, à grain fin à moyen et granoblastique. Elle est composée de quartz, d’orthopyroxène, de feldspath potassique, de plagioclase et de biotite. Localement, la charnockite présente une foliation mylonitique et des plis isoclinaux d’orientation NNW-SSE parallèlement à la foliation régionale.

Le granite à feldspath alcalin est rose en surface fraîche, gris rose en patine d’altération, folié à gneissique et porphyroclastique à phénocristaux de feldspath potassique perthitique. En présence de déformation, la granulométrie est fine à moyenne. Au microscope, la roche contient du quartz en sous-grains, de la hornblende verte, de la biotite en proportion variable, des minéraux opaques (magnétite) et accessoires (apatite et zircon). La biotite et la hornblende verte sont surtout observées sous forme d’amas de grains.

La gabbronorite est gris-noir en surfaces fraîche et altérée, à grain grossier, localement porphyrique à phénocristaux de plagioclase et à structure subophitique. Au microscope, lorsque la roche est déformée, le plagioclase présente localement de nombreuses macles polysynthétiques étroites. Ces dernières sont plus ou moins courbes et en biseau vers les bordures du minéral. La gabbronorite contient également de gros cristaux de hornblende verte, d’orthopyroxène, de clinopyroxène, de magnétite et une proportion moindre d’apatite. La hornblende, plus abondante que le pyroxène, est communément associée à l’orthopyroxène (ouralitisation). Sur le terrain, la gabbronorite apparaît aussi sous forme de boudins centimétriques à métriques. Elle est également injectée par des dykes de pegmatite granitique et syénitique.

Le gneiss granitique est gris-rose en surface fraîche et rose en patine d’altération. La roche est à grain moyen et constituée de quartz, de feldspath potassique, de plagioclase, de biotite, de hornblende et de minéraux accessoires comme l’apatite et le zircon. Ce gneiss est surtout observé en bordure de la suite et injecté de veines et de veinules granitiques roses.