La Suite intrusive de Châteauvert est une unité définie par Moukhsil et Côté (2017) lors de travaux de cartographie du secteur de Wemotaci dans le Haut-Saint-Maurice.

Cette unité de forme circulaire est facile à circonscrire sur les cartes aéromagnétiques où elle se caractérise par un coeur très magnétique par rapport à sa bordure. Du point de vue géochimique, les roches de cette suite sont de compositions variées avec des teneurs en SiO₂ variant de 50,8 à 65 %. Le K₂O varie entre 2,1 et 6,4 %, tandis que le Mg# (100*Mg/(Mg+Fe)) varie entre 23 et 60. Cette suite se classe dans la série shoshonitique de Peccerillo et Taylor(1976). Les analyses se projettent dans le champ des granites intraplaques (Pearce et al., 1985) et semblent indiquer un contexte de mise en place anorogénique (Whalen et al., 1987).  Sur le diagramme des éléments de terres rares normalisés aux chondrites (McDonough et Sun, 1995), les roches de la Suite intrusive de Châteauvert présentent un enrichissement en terres rares légères par rapport aux lourdes et une anomalie positive ou négative en europium.

Suite intrusive de Châteauvert 1 (mPctt1) : Gabbronorite, syénite, syénite quartzifère, syénite à orthopyroxène. Le tout est fortement magnétique.

L’unité mPctt1 forme le coeur de l’intrusion. Elle est principalement constituée de gabbronorite et de syénite. La gabbronorite foliée est à grain moyen à grossier et présente localement des xénocristaux de feldspath potassique. La roche est composée d’orthopyroxène, de clinopyroxène, de plagioclase, de magnétite et de traces de biotite et d’amphibole. La syénite à grain moyen est foliée, magnétique et localement porphyrique à phénocristaux de feldspath potassique. Au microscope, la syénite renferme jusqu’à 30 % de phénocristaux de feldspath perthitique contenant quelques inclusions de zircon. Lorsque présent, le quartz forme de grosses plages avec un faible développement de sous-grains à extinction ondulante. L’orthopyroxène, lorsque présent, est généralement associé à la hornblende verte. La quantité d’orthopyroxène est variable d’un affleurement à l’autre. Ce minéral peut constituer jusqu’à 10 % de la roche; il s’agit alors d’une syénite à orthopyroxène. 

Suite intrusive de Châteauvert 2 (mPctt2) : Syénite, syénite quartzifère et/ou à feldspath alcalin et/ou à orthopyroxène. Quantité mineure de gabbronorite.

Cette unité entoure l’unité mPctt1, surtout à l’ouest de l’intrusion. Elle est constituée de syénite grise, de syénite à orthopyroxène et d’un peu de gabbronorite. Les deux type de syénites sont à grains moyens, foliées, localement porphyriques surtout en feldspath potassique perthitique (jusqu’à 10 % de la roche, jusqu’à 2 cm de longueur) entouré localement par des couronnes de plagioclase. L’orthopyroxène, lorsque présent, est en cristaux millimétriques et constitue moins de 1 % de la roche. Les syénites contiennent également de la biotite, de la magnétite et du clinopyroxène. La gabbronorite à grain fin est porphyrique à phénocristaux de plagioclase. Elle est composée de clinopyroxène, d’orthopyroxène, de biotite, d’hornblende verte et de magnétite et contient jusqu’à 10 % de xénocristaux de feldspath potassique de teinte rosâtre de 0,5 à 1,5 cm de longueur. Ces xénocristaux proviennent probablement de la syénite associée et laisse croire à un lien génétique entre les syénites et la gabbronorite.

Suite intrusive de Châteauvert 3 (mPctt3) : Syénite, syénite quartzifère, syénite à orthopyroxène. Quantité mineure de charnockite

L’unité mPctt3 forme la bordure de l’intrusion. Elle est constituée de syénites caractérisées par la présence d’orthopyroxène et de magnétite L’apatite et l’ilménite font partie des minéraux normatifs calculés dans la norme CIPW. La charnockite est à grain moyen, foliée et contient du feldspath potassique, du plagioclase et de l’orthopyroxène. Quelques dykes de gabbronorite sont injectés dans la charnockite.