Dernière modification : 22 janvier 2024
Auteur : | Mathieu et Bilodeau, 2020 |
Âge : | Paléoprotérozoïque |
Stratotype : | Affleurement de référence d’anorthosite blanche rubanée (16-JC-5071) |
Région type : | Secteur nord du Réservoir Manicouagan, feuillets SNRC 22N10, 22N11, 22N14 et 22N15 |
Province géologique : | Province de Grenville |
Subdivision géologique : | Allochtone |
Lithologie : | Roches intrusives mafiques leucocrates |
Catégorie : | Lithodémique |
Rang : | Suite |
Statut : | Formel |
Usage : | Actif |
Aucune
Historique
Ce massif anorthositique apparaît pour la première fois sur les cartes géologiques à la suite des travaux de cartographie de l’été 1961 du Ministère des Richesses naturelles (Bérard, 1962). Cette intrusion est ensuite désignée comme « Anorthosite de Lelukuan » en référence aux monts Lelukuan, au nord du réservoir Manicouagan (source inconnue). À partir du début des années 1990, Indares et al. (1998) réalisent plusieurs coupes dans la région du Seignelay et introduisent le terme « Anorthosite de Seignelay », repris dans les publications récentes, en référence à la rivière Seignelay qui traverse le massif. Cette dernière appellation est adoptée et formalisée en 2016 lors des travaux de cartographie systématique entrepris dans le secteur par le Ministère (Mathieu et Bilodeau, 2020).
Description
Bérard (1962) avait d’abord décrit cette unité comme une anorthosite gabbroïque blanche contenant de l’augite et de minuscules cristaux de grenat, puis comme une anorthosite blanche à grenat équigranulaire finement à moyennement grenue. Cet auteur rapporte également que la bordure du massif est gneissique (Bérard, 1962). Indares et al. (1998) la présentent ensuite comme une anorthosite massive, partiellement recristallisée, avec des quantités mineures de grenat, de clinopyroxène et de kyanite.
L’Anorthosite de Seignelay forme une intrusion kilométrique de forme ovoïde facile à circonscrire par son relief important et sa signature aéromagnétique homogène et bien définie. L’anorthosite se caractérise globalement par son aspect massif, son homogénéité et sa couleur blanche typique. Elle se subdivise en deux unités : une première dominée par l’anorthosite blanche recristallisée à grenat (pPsgl1), et une seconde constituée de leucogabbronorite à grenat alternant avec des niveaux d’anorthosite (pPsgl2).
Anorthosite de Seignelay 1 (pPsgl1) : Anorthosite blanche et recristallisée à grenat
En affleurements, l’unité pPsgl1 est décrite comme une roche massive à légèrement foliée montrant par endroits une faible linéation minérale. La foliation est soulignée par les traînées ou les rubans de minéraux mafiques et, en bordure de l’intrusion, de plagioclase. Au microscope, les structures associées au mécanisme de migration de limites de grains (Boundaries Grain Migration, BGM) sont omniprésentes, sauf dans le cas des échantillons provenant du centre du massif. Ces observations témoignent d’un niveau de déformation plus important que celui évalué sur le terrain. Les affleurements situés en bordure de la rivière Seignelay et au bord du réservoir Manicouagan présentent couramment des structures d’impact associées à l’Astroblème de Manicouagan, incluant des brèches à fragments anguleux jointifs dans une matrice carbonatée très fine, des tachylites, des cristaux de plagioclases fracturés et des microbrèches à matrice de verre, de micas et de carbonate.
Anorthosite de Seignelay 2 (pPsgl2) : Leucogabbronorite granoblastique à grenat et anorthosite blanche
L’unité pPsgl2 est principalement constituée de leucograbbronorite non magnétique et homogène. La roche leucocrate intègre au moins 10 % de minéraux mafiques formant des bandes et des amas millimétriques. Ils se composent d’un coeur d’orthopyroxène entouré d’une couronne de hornblende ou de clinopyroxène, elle-même bordée de très fins grains de grenat automorphe. Le clinopyroxène est plus abondant que dans l’unité pPsgl1. Des traces de sphène et d’épidote ont également été observées. Cette unité intègre des bancs métriques d’anorthosite blanche similaire à l’unité pPsgl1 en alternance avec des bancs majoritaires et plus épais de leucogabbronorite.
Une bande d’au moins 2 m d’épaisseur apparente a été cartographiée dans un niveau de pPsgl2. L’échantillon est composé en grande partie de magnétite recristallisée, de 10 % d’ilménite arrondie interstitielle, d’hercynite cubique et de 30 % de clinopyroxène granoblastique équigranulaire en amas à couronne de grenat.
Épaisseur et distribution
L’Anorthosite de Seignelay forme un massif de 30 km de long par 15 km de large allongé selon une direction NNW-SSE. Il s’agit de la seule intrusion de ce type dans l’Allochtone grenvillien au nord du réservoir Manicouagan. Le secteur du Seignelay renferme les plus gros affleurements de la région qui expose l’unité pPsgl1 sur des épaisseurs de plus de 10 m. L’unité pPsgl2 occupe essentiellement la partie ouest de l’intrusion. Cette zone particulièrement complexe fait partie d’une importante zone de déformation ceinturant le massif anorthositique de Seignelay.
Datation
Un âge de cristallisation imprécis de 1692 ±85 Ma a été obtenu par la méthode U-Pb sur zircons sur un échantillon d’anorthosite massive. Un âge métamorphique mieux défini à 1007 ±6 Ma a également été mesuré (Indares et al, 1998).
Système isotopique | Minéral | Âge de cristallisation (Ma) | (+) | (-) | Âge métamorphique (Ma) | (+) | (-) | Référence(s) |
U-Pb | Zircon | 1692 | 85 | 85 | 1007 | 6 | 6 | Indares et al., 1998 |
Relations stratigraphiques
L’Anorthosite de Seignelay représente la plus vieille unité allochtone du secteur nord du réservoir Manicouagan. Elle chevauche des unités labradoriennes à peine plus jeunes. La zone de chevauchement n’a pas été directement observée, mais la déformation en bordure de l’anorthosite est très prononcée. Cette structure est bien visible sur le levé aéromagnétique régional.
Paléontologie
Ne s’applique pas.
Références
Auteur(s) | Titre | Année de publication | Hyperlien (EXAMINE ou Autre) |
---|---|---|---|
BÉRARD, J. | Étude géologique sommaire le long des Lacs Manicouagan et Mouchalagane, comté de Saguenay. Ministère des Richesse Naturelles, Québec; RP 489, 18 pages, 1 plan. | 1962 | RP 489 |
INDARES, A. – DUNNING, G. – COX, R. – GALE, G. – CONNELLY, J. | High-pressure, high-temperature rocks from the base of thick continental crust: Geology and age constraints from the Manicouagan Imbricate Zone, eastern Grenville Province. Tectonics; volume 17, pages 426-440. | 1998 | Source |
MATHIEU, G. – BILODEAU, C. | Géologie de la région nord-ouest du réservoir Manicouagan (SNRC 22N06, 22N11, 22N14 et 22N10). MERN, 36 pages, 1 plan. | 2020 | RG 2018-05 |