La Suite de Fargues a été introduite dans la région du lac Sirmiq (Vanier et Lafrance, 2020) afin de regrouper les roches intrusives potassiques majoritairement intermédiaires du Domaine lithotectonique de Narsajuaq. Elle a été prolongée dans le secteur nord-ouest de la région d’Amarurtuuq (Lafrance et al., 2023).

Le nom de l’unité fait référence au lac Fargues.

La Suite de Fargues est associée à une forte anomalie magnétique positive régionale et comprend trois unités : 1) une unité de clinopyroxénite et de monzogabbro; 2) une unité de syénite, de mangérite et de granite à feldspath alcalin; 3) une unité de monzonite et de syénite mouchetées et à phénocristaux de plagioclase.

Suite de Fargues 1 (pPfag1) : Clinopyroxénite et monzogabbro

Suite de Fargues 1a (pPfag1a) : Clinopyroxénite et monzogabbro mélanocrate

L’unité pPfag1a regroupe de la clinopyroxénite et du monzogabbro mélanocrate variablement amphibolitisés. Ces deux lithologies sont à grain fin à grossier et injectées par la syénite de l’unité pPfag2, les bréchifiant localement. La pyroxénite est vert très foncé et contient 5 à 15 % d’amas de plagioclase interstitiel. Elle est massive ou peu foliée et couramment fracturée. Le clinopyroxène est partiellement remplacé par de la hornblende, dans des proportions de 3 à 50 %. 

En lame mince, la pyroxénite est inéquigranulaire, localement avec une distribution granulométrique continue. Les grains sont partiellement granoblastiques à interlobés. . Des porphyroblastes (3 à 7 mm) de hornblende et de clinopyroxène variablement ouralitisés sont présents dans une matrice plus finement grenue. La hornblende est généralement verte, mais les porphyroblastes sont brunâtres et à inclusions arrondies de quartz, de plagioclase ou les deux. Localement, des niveaux renfermant 10 % de biotite rouge en feuillets sont présents à proximité du contact avec la syénite de l’unité pPfag2. Cette biotite forme des feutres non orientés à extinction ondulante.

Le monzogabbro mélanocrate est en contact diffus avec la pyroxénite; localement, cette dernière semble s’y présenter en enclaves décimétriques à métriques. Le gabbro contient >75 % de minéraux ferromagnésiens à prédominance de hornblende, laquelle forme couramment des amas et est faiblement alignée dans la foliation. Le clinopyroxène (2 à 25 %) est partiellement à complètement ouralitisé. Le monzogabbro renferme aussi 5 à 15 % de biotite brune à rouge qui est soit associée aux amas de hornblende, soit en pseudomorphe de cristaux grossiers de clinopyroxène. La biotite est variablement chloritisée. Le plagioclase forme des amas de cristaux granoblastiques entre les minéraux ferromagnésiens.

Une phase à gloméroporphyres de plagioclase a aussi été observée en bordure de la pyroxénite. Les minéraux opaques, l’apatite, le sphène, l’hématite, la chlorite et le carbonate sont accessoirement présents dans l’unité pPfag1a.

Suite de Fargues 1b (pPfag1b) : Monzogabbro moucheté

L’aspect moucheté du monzogabbro est causé par des amas centimétriques de minéraux ferromagnésiens (verts ou noirs) contenus dans une masse de plagioclase (blanc). Ces amas sont subarrondis à lenticulaires. Le monzogabbro est homogène et renferme 40 à 50 % de minéraux ferromagnésiens, jusqu’à 5 % de feldspath potassique et 1 à 2 % de quartz. Il est coupé par 5 à 10 % de dykes de syénite et de granite à feldspath alcalin de largeur centimétrique à décimétrique.

En lame mince, le plagioclase est granoblastique à interlobé et généralement peu séricitisé. Les minéraux ferromagnésiens forment des rubans discontinus et des lentilles marquant la foliation. Ils consistent en clinopyroxène (10 à 30 %), hornblende verte (8 à 18 %) et biotite brune (8 à 12 %). Le clinopyroxène forme localement des porphyroblastes variablement ouralitisés, ne subsistant par endroits qu’au cœur de la hornblende. La biotite est localement chloritisée. Le quartz forme de petites plages xénomorphes au sein des amas de plagioclase. Les minéraux accessoires sont la magnétite, l’allanite, l’apatite et le sphène.

Suite de Fargues 2 (pPfag2) : Syénite, mangérite et granite à feldspath alcalin

Suite de Fargues 2a (pPfag2a) : Syénite et mangérite

La syénite et la mangérite sont fortement magnétiques, très bien foliées, équigranulaires et à grain fin. Elles contiennent peu de quartz (2 à 5 %) prenant la forme de lentilles ou de minces rubans. En cassure fraiche, la syénite est rose moyen alors que la mangérite est gris verdâtre foncé. Ces deux lithologies sont associées en affleurement et ne se distinguent que par le type des minéraux ferromagnésiens dominants (10 à 15 %). Dans la mangérite, le minéral ferromagnésien principal est l’hypersthène, alors que le clinopyroxène ou la hornblende sont majoritaires dans la syénite.

De l’orthopyroxène fortement rétrogradé en symplectites de biotite et quartz a été observé en lame mince dans la syénite, suggérant que cette roche ait été rétrogradée. Le feldspath potassique (40 à 65 %) comprend du microcline et de l’orthose perthitique, ce dernier formant couramment de plus gros cristaux. Il est inéquigranulaire et interlobé avec une recristallisation par rotation des sous-grains. Le plagioclase se concentre en bordure des minéraux ferromagnésiens, lesquels sont fortement étirés dans la foliation ou en amas lenticulaires. Localement, la biotite est chloritisée, l’orthopyroxène est altéré en un assemblage de serpentine et de chlorite et le clinopyroxène est variablement ouralitisé. Les minéraux opaques et l’apatite sont courants, alors que le zircon et le sphène sont plutôt rares.

Suite de Fargues 2b (pPfag2b) : Granite à feldspath alcalin

Le granite à feldspath alcalin est leucocrate et renferme 20 à 25 % de quartz. En affleurement, il présente une alternance décimétrique de phase blanche (sodique) et rose foncé (potassique) en contact net, la dernière étant majoritaire. Le granite est grossièrement grenu et massif. Il coupe la syénite et la mangérite.

Suite de Fargues 3 (pPfag3) : Monzonite, mangérite et syénite mouchetées à phénocristaux de plagioclase