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Intrusion de la Baie Kyak
Étiquette stratigraphique : [ppro]kya
Symbole cartographique : pPkya

Première publication :  
Dernière modification :

 

 

Subdivision(s) informelle(s)
La numérotation ne reflète pas nécessairement la position stratigraphique.
 
pPkya2 Lherzolite à plagioclase
pPkya2a Mélagabbronorite à olivine
pPkya1 Gabbronorite, gabbronorite à pyroxène et hornblende, gabbro à hornblende
pPkya1b Gabbronorite à niveaux lenticulaires de hornblende
pPkya1a Gabbronorite et dykes mafiques décimétriques
 
Auteur :Hardy, 1976
Âge :Paléoprotérozoïque
Coupe type : 
Région type :Région de la baie Kyak (feuillet SNRC 25C04)
Province géologique :Province de Churchill
Subdivision géologique :Fosse du Labrador
Lithologie :Intrusion mafique-ultramafique (gabbronorite, gabbro et lherzolite)
Type :Lithodémique
Rang :Lithodème
Statut :Formel
Usage :Actif

 

 

Historique

Cette unité a été décrite pour la première fois par Hardy (1976) dans la région de la baie Kyak entre les lacs Virgin et Hardy (feuillet SNRC 25C04). Cet auteur la décrit comme un massif de gabbro à hypersthène. Le nom d’Intrusion de la Baie Kyak a été introduit par Kiddie (1999) lors de travaux de prospection et de cartographie géologique. Par la suite, les travaux de cartographie à l’échelle de 1/50 000 de Kiddie et Mungal (2000) ont grandement amélioré les connaissances au sujet de cette intrusion. Le rapport de ces derniers est probablement le travail le plus complet sur le Kyak qui a été réalisé jusqu’à présent. L’Intrusion de la Baie Kyak a aussi été étudiée lors des travaux de cartographie régionale de l’été 2017 par Bilodeau et Caron-Côté (2018).

 

Description

L’Intrusion de la Baie Kyak (pPkya) correspond à l’unique intrusion d’envergure kilométrique située au cœur du Synclinal de Roberts, au nord de Kangirsuk. Elle consiste en un stock de roche mafique de composition variable (pPkya1) et, localement, de roche ultramafique (pPkya2). L’intrusion est caractérisée par son hétérogénéité compositionnelle et structurale. Certains secteurs se composent de lithologies litées et homogènes, alors que d’autres sont hétérogènes, renfermant plusieurs variations lithologiques (recoupement, enclave ou injection) témoignant d’une évolution magmatique polyphasée. Les roches présentent généralement des structures massives, un litage magmatique et, localement, une foliation peu marquée d’orientation NW à pendage abrupt concordante à la fabrique régionale mesurée dans le Synclinal de Roberts.

Kiddie et Mungal (2000) ont établi une stratigraphie magmatique ayant une polarité vers le SW. Ils ont séparé le Kyak en trois « séries » : inférieure, médiane et supérieure. La série inférieure consiste en roches mafiques et ultramafiques correspondant à la base et à la partie NE de l’intrusion. Elle se caractérise par son hétérogénéité lithologique et montre un assemblage de déformation hétérogène pouvant être affecté par la Zone de déformation de Virgin établie par Bilodeau et Caron-Côté (2018). La série médiane se trouve au coeur de l’intrusion et est constitué d’une variété de roches mafiques. Cette série est litée et montre des variations modales d’épaisseur centimétrique à décamétrique. Kiddie et Mungal (2000) ont observé que le litage d’épaisseur centimétrique est discontinu sur des distances de quelques mètres et suggèrent que ce litage pourrait avoir été généré par des processus soit magmatiques, soit métamorphiques. Le litage d’épaisseur décamétrique est continu sur des distances décamétriques et semble être le produit de processus magmatiques. Selon Kiddie et Mungal (2000), il semble y avoir une évolution de lits plus mélanocrates à plus leucocrates de la base vers le sommet de la série médiane. La série supérieure correspond au sommet et à la partie SW de l’intrusion. Elle surmonte la série médiane et a été décrite comme de la diorite par Kiddie et Mungal (2000).

Les séries magmatiques de Kiddie et Mungal (2000) peuvent être corrélées avec les subdivisions et les descriptions effectuées par Bilodeau et Caron-Côté (2018) qui sont exposées ci-dessous. La série inférieure correspond aux sous-unités pPkya2 et pPkya2a, la série médiane semble correspondre aux gabbronorite et gabbronorite à pyroxène et hornblende de la sous-unité pPkya1, alors que la série supérieure pourrait être corrélée avec le gabbro à hornblende pPkya1b. 

Intrusion de la Baie Kyak 1 (pPkya1) : Gabbronorite, gabbronorite à pyroxène et hornblende, gabbro à hornblende

L’Intrusion de la Baie Kyak 1 (pPkya1) est constituée en ordre d’importance de : 1) gabbronorite, 2) gabbronorite à pyroxène et hornblende, et 3) gabbro à hornblende. Ces roches sont leucocrates à mélanocrates et de granulométrie fine à grossière. Les constituants sont le plagioclase, l’orthopyroxène, le clinopyroxène, la hornblende, l’actinote-trémolite et l’épidote. Les variations compositionnelles s’expriment par des variations des pourcentages de clinopyroxène, d’orthopyroxène et de hornblende brune. En microscopie, le plagioclase apparaît généralement très épidotisé et localement partiellement séricitisé. Les pyroxènes sont à plusieurs endroits partiellement ou complètement remplacés par l’actinote ou la trémolite et, plus localement, par la serpentine ou la chlorite. La hornblende est brune et d’origine magmatique, ne présentant pas d’évidence de recristallisation ou de remplacement d’autre minéral.

La gabbronorite se compose de plagioclase, d’orthopyroxène et de clinopyroxène. Elle est généralement mésocrate, massive, homogène et à grain fin. Un litage magmatique est généralement observé au sein de cette lithologie, où des lits d’épaisseur métrique présentent une alternance entre des faciès leucocrates et mélanocrates. Cette roche est localement injectée par une gabbronorite à pyroxène et hornblende ou forme des enclaves décimétriques dans cette dernière.

La gabbronorite à pyroxène et hornblende est généralement composée de plagioclase, d’orthopyroxène, de clinopyroxène et de hornblende. Elle est principalement hétérogranulaire, sa granulométrie variant de moyenne à grossière, ce qui lui procure un aspect hétérogène. Elle est plus localement homogène et massive. Elle présente majoritairement un faciès mésocrate, mais des faciès leucocrates et mélanocrates sont aussi observés à quelques endroits. Localement, cette roche injecte la gabbronorite sans hornblende décrite précédemment ou contient des enclaves de cette dernière. Elle est aussi localement injectée par un gabbro à hornblende. Au microscope, la hornblende est coronitique, interstitielle ou en « structure en filets ». Elle apparaît aussi localement sous forme poecilitique et contient des oikocristaux de plagioclase et de pyroxène.

Le gabbro à hornblende se compose de plagioclase et de hornblende subautomorphes à automorphes. La titanite à grain fin est une phase accessoire observable en microscopie. Le gabbro présente généralement un faciès mésocrate, mais apparaît aussi leucocrate à plusieurs endroits. La granulométrie estgénéralement grossière à moyenne. Ce gabbroconstitue à quelques endroits la lithologie principale, mais il représente majoritairement une phase tardive s’injectant dans les lithologies décrites précédemment. Les injections sont généralement parallèles au litage magmatique, mais le coupent aussi à plusieurs endroits. Dans ces cas, les injections fracturent les gabbronorites, leur procurant un aspect de brèche d’intrusion.

Hardy (1976) a observé une zonalité pétrographique à l’échelle du Kyak 1. Les roches en bordure de l’intrusion contiennent jusqu’à 55 % de hornblende à inclusions de magnétite et olivine alors que celles au centre n’en contiennent que 2 %, renfermant plutôt des inclusions de clinopyroxène et d’orthopyroxène.

Intrusion de la Baie Kyak 1a (pPkya1a) : Gabbronorite et dykes mafiques décimétriques

Cette sous-unité consiste en quelques lentilles d’épaisseur hectométrique et de longueur kilométrique. Ces lentilles sont situées au centre de l’intrusion et dispersées sur un axe d’une longueur de quatre kilomètres et orienté NW-SE. Cette sous-unité se distingue par la présence de plusieurs dykes mafiques d’épaisseur décimétrique qui coupent la gabbronorite de la sous-unité pPkya1. Ces dykes sont gris noirâtre et contiennent de la magnétite. Ils sont massifs et de granulométrie fine.

Intrusion de la Baie Kyak 1b (pPkya1b) : Gabbronorite à niveaux lenticulaires de hornblende

Tout comme pour l’unité précédente, celle-ci correspond à des lentilles d’épaisseur hectométrique et de longueur kilométrique, situées au centre de l’intrusion et dispersées sur un axe orienté NW-SE de cinq kilomètres de longueur. Cette sous-untié se distingue par la présence de 5 à 10 % de niveaux lenticulaires de hornblende. Ces niveaux sont noirs, d’épaisseur centimétrique et de longueur décimétrique. Ils sont composés majoritairement de hornblende grenue subautomorphe à automorphe.

Intrusion de la Baie Kyak 2 (pPkya2) : Lherzolite à plagioclase

 La lherzolite à plagioclase se présente sous forme de lentilles d’épaisseur hectométrique et de longueur kilométrique à la bordure nord-est de l’intrusion, soit près de la base stratigraphique du Kyak. Elle se compose majoritairement de clinopyroxène, d’orthopyroxène et d’olivine. Elle contient généralement moins de 10 % de plagioclase. Les phases secondaires et accessoires sont l’actinote-trémolite, la hornblende brune, l’épidote, le carbonate, la pyrrhotite, la chalcopyrite et la pentlandite. La lherzolite montre une granulométrie moyenne et plus localement grossière, généralement automorphe à subautomorphe. L’olivine est partiellement à complètement serpentinisée. On observe généralement des cristaux d’olivine fracturés présentant une altération en serpentine ou en talc à grain très fin dans les fractures, ainsi que de la serpentine contenant des reliques d’olivine. L’olivine se retrouve localement en inclusion dans un pyroxène poecilitique. Le plagioclase est généralement épidotisé et plus localement carbonatisé. La hornblende n’est présente que très localement, de façon interstitielle ou en structure en filets.

Intrusion de la Baie Kyak 2a (pPkya2a) : Mélagabbronorite à olivine

Cette sous-unité consiste en une lentille hectométrique de mélagabbronorite à olivine située au sud-ouest des lentilles de lherzolite à plagioclase. Elle se trouve stratigraphiquement au-dessus de ces lentilles ultramafiques. Elle se distingue des roches mafiques de l’unité principale pPkya1 par la présence d’olivine et par son aspect mélanocrate. Elle contient 70 % de clinopyroxène et d’orthopyroxène, 15 % d’olivine, 14 % de plagioclase et 1 % de magnétite. Ses caractéristiques pétrographiques sont similaires à celles de la lherzolite à plagioclase. Elle montre une patine d’altération brun orangé.  Elle est homogène et présente une structure massive et une granulométrie moyenne. En microscopie, l’olivine est légèrement serpentinisée dans les fractures. Elle se retrouve aussi en inclusion dans les pyroxènes poecilitiques.

Des couloirs de déformation affectent les roches de l’Intrusion de la Baie Kyak et engendrent des changements minéralogiques et structuraux. Ces couloirs de déformation sont orientés NW-SE, ont une épaisseur décimétrique à décamétrique et traversent la partie NE de l’intrusion. À ces endroits, les roches sont constituées de porphyroclastes de plagioclase à grain moyen et grossier. Les unités à hornblende renferment également des porphyroclastes de plagioclase à grain fin et moyen. La matrice est foliée et présente un rubanement millimétrique composée de biotite et de plagioclase à grain très fin. Les roches du Kyak affectées par le couloir de déformation de Virgin à l’extrémité SE montrent des caractéristiques pétrographiques similaires, mais semblent plus altérées et présentent une matrice qui diffère en termes de composition minéralogique. En microscopie, la matrice de ces roches apparaît sous forme de rubans millimétriques anastomosés dominés par la chlorite et composés en moindres proportions de séricite et de carbonate. Les porphyroclastes de plagioclase sont moyennement à fortement séricitisés, carbonatisés et épidotisés. Elles contiennent aussi localement de la titanite.

Épaisseur et distribution

L’Intrusion de la Baie Kyak se situe au sud-est du Synclinal de Roberts, à l’extrémité nord de la Fosse du Labrador. Elle se trouve au nord de la rivière Arnaud et à l’ouest de la Baie Kyak. De forme ovoïde, elle est allongée selon un axe NW-SE. Elle s’étend sur environ 14 km de longueur et 6 km de largeur. Quelques affleurements satellites ayant de fortes similitudes pétrographiques semblent indiquer que le Kyak se soit injecté hors du corps intrusif ovoïde au nord-ouest (affleurement 17-WC-5051) ou qu’une partie du Kyak ait été cisaillée au sud-est (affleurements 17-EC-2023 et 17-EC-2141).

Datation

Aucune.

Relation(s) stratigraphique(s)

L’Intrusion de la Baie Kyak s’injecte dans les roches volcaniques et sédimentaires de la Formation d’Hellancourt et occupe le cœur du Synclinal de Roberts. Les pourtours de l’intrusion présentent des évidences de déformation, soit des cisaillements mineurs et une schistosité marquée. Le contact à la bordure nord-est de l’intrusion est cisaillé par le couloir de déformation de Virgin, provoquant certains décalages dextres sans lacune stratigraphique. Localement, il arrive également que les roches ultramafiques de l’unité pPkya2 coupent les autres unités du Kyak et s’injectent dans un de ces couloirs de déformation.

Paléontologie

Ne s’applique pas.

Références

 

Auteur(s)TitreAnnée de publicationHyperlien (EXAMINE ou Autre)
HARDY, R.Région des lacs Roberts et des Chefs. Ministère des Richesses naturelles, Québec; RG 171, 109 pages, 2 cartes.1976RG 171
KIDDIE, A.Report on the 1999 reconnaissance program, Payne Bay property (PEM 1413). Chimitec Ltee, Groupe-Conseil Cygnus Inc. GM 57203. 86 pages, 4 cartes.1999GM 57203
KIDDIE, A.,  – MUNGALL, J.Final report on the 2000 exploration program, Payne Bay property (PEM1507). Chimitec Ltee, Groupe-Conseil Cygnus Inc. GM 58 723. 96 pages 1 carte.2000GM 58723
BILODEAU, C. – CARON-CÔTÉ, E.Géologie de la région de la rivière Arnaud, provinces du Supérieur (Minto) et de Churchill (Fosse du Labrador), secteur de Kangirsuk, Nunavik, Québec, Canada. Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, Québec.2018Bulletin géologiQUE

 

 

2 mai 2018