Localisé sur la rive de la rivière Eastmain, l’affleurement échantillonné est constitué d’une tonalite foliée à grain fin à moyen qui contient de la biotite et de la magnétite. La roche contient de nombreux rubans centimétriques rectilignes de granite rose et de rares enclaves de diorite. Les rubans granitiques donnent à la roche un aspect rubané et localement marbré. On note 5 à 20 % de rubans granitiques sur l’ensemble de l’affleurement. La tonalite contient aussi des amas diffus de matériel blanchâtre. On note également 10 à 25 % d’injections de granite rosé à grain moyen plus ou moins déformées et plus jeunes que les amas blanchâtres et les rubans granitiques. L’échantillon de géochronologie provient de la partie de l’affleurement où la tonalite est la plus homogène, sans rubans blanchâtres ou injections granitiques.

 

L’objectif de cette datation est d’obtenir l’âge de la cristallisation d’une des composantes du Complexe de Misasque et de dater les épisodes de métamorphisme ou d’altération qu’elle a subis. Le Complexe de Misasque est composé de plusieurs phases de roches tonalitiques et dioritique foliées à gneissiques qui sont coupées par des injections granitiques. En 2016, un échantillon de tonalite du Complexe de Misasque (2016-FM-2705A) a donné un âge de cristallisation de 2695 ±8 Ma. Les zircons de cet échantillon présentaient une histoire assez complexe. Des zircons hérités datés à 2822 Ma indiquaient que la tonalite était dérivée d’une croûte mésoarchéenne, alors que l’âge des zircons métamorphiques était estimé à 2620 Ma.

Les analyses U-Pb appauvries en Sr présentent une dispersion relativement importante des âges ²⁰⁷Pb/²⁰⁶Pb. Le zircon le plus jeune daté à 2418 ±24 Ma présente un rapport Th/U de 0,04, ce qui semble indiquer qu’il s’agit d’une surcroissance métamorphique. L’analyse paraconcordante la plus jeune d’un grain d’origine magmatique a donné un âge ²⁰⁷Pb/²⁰⁶Pb de 2698 ±28 Ma, soit l’âge maximal de cristallisation de l’intrusion. On trouve un groupement d’âges à ~2790 Ma, mais les données ne s’accordent pas dans les limites des erreurs. L’âge du plus vieux zircon est de 3024 ±22 Ma. Ces résultats laissent croire que la plupart des zircons sont hérités d’un socle néoarchéen qui pourrait contenir une composante mésoarchéenne.

Les résultats des analyses sont disponibles dans le SIGÉOM et accessibles en cliquant sur ce lien (voir fichiers Excel dans MB201909ADN001.zip).

L’âge de mise en place de l’intrusion à 2698 ±28 Ma est comparable à celui d’un autre échantillon de tonalite du Complexe de Misasque (2016-FM-2705A) daté à 2695 ±8 Ma. Néanmoins, ces deux échantillons présentent des populations de zircons mésoarchéens.

Le Complexe de Misasque constitue un socle gneissique et intrusif polyphasé de type TTG. L’étalement des âges archéens obtenus dans les roches de ce complexe démontre l’existence de plusieurs générations de zircons et reflète l’hétérogénéité de cette unité qui renferme plusieurs phases en contact diffus. Même si les âges de cristallisation magmatique obtenus pour les tonalites homogènes du Complexe de Misasque sont, pour le moment, tous néoarchéens, la présence d’unités gneissiques non datées et les âges hérités mésoarchéens obtenus suggèrent que certaines phases précoces du Misasque pourraient être mésoarchéennes et antérieures à la mise en place du Pluton de Digne.

 

Références

 

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine