2014-YD-5004D
 
Lithologie : Migmatite
Unité stratigraphique :

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Numéro d’échantillon :2014-YD-5004D
Lithologie :Migmatite
Âge 1 (évènement) :2724,3 ±0,9 Ma (cristallisation magmatique)
Âge 2 (évènement) :2793 ±40 Ma (héritage)
Province géologique :Province du Supérieur
Subdivision géologique :Sous-province d’Opatica
Unité stratigraphique : 
Feuillet SNRC :32J08
Zone UTM NAD 83 :18
Estant :547162
Nordant :5576854
Méthode d’analyse :

ID-TIMS et LA-HR-ICP-MS sur zircons (méthode d’analyse décrite dans le MB 2018-16, pages 19 à 21)

 

 

Géologie et description de l’échantillon

La Sous-province d’Opatica au nord de Chibougamau est caractérisée par des dômes de granitoïde et de gneiss bordés par des lentilles de roches mafiques à ultramafiques (Daoudene et al., 2016). Les niveaux d’amphibolite de l’affleurement 2014-YD-5004 sont situés à la bordure nord d’un dôme de granitoïde et présentent localement une structure gneissique à migmatitique. L’échantillon 2014-YD-5004D provient de la portion la plus déformée de l’affleurement, où abondent les leucosomes quartzofeldspathiques sous la forme de rubans de ~2 cm d’épaisseur. Le paléosome de granulométrie moyenne à grossière présente une foliation soulignée par l’alignement de l’amphibole et de la biotite.

Objectif de l’analyse géochronologique

L’objectif de l’analyse est de déterminer l’âge de la migmatisation de l’amphibolite et sa position stratigraphique.

Géochronologie

 

 

Les zircons récupérés de cet échantillon sont très abondants et principalement (70 %) composés de fragments de grande taille, limpides et incolores à brun rosé. Associés à ces fragments, on distingue des cristaux brun rosé qui varient d’idiomorphes subanguleux à xénomorphes. Ces zircons peuvent prendre la forme de prismes trapus ou équidimensionnels. Quelques fragments montrent des évidences d’une corrosion prononcée. On distingue un second type de zircons sous la forme de prismes plus ou moins allongés, très émoussés et passablement fracturés. Ils présentent des couleurs très variées et plusieurs montrent des surcroissances.

 

Des analyses par dilution isotopique ont été effectuées à partir de quatre fragments et de deux prismes équidimensionnels. Les résultats obtenus sont similaires avec des concentrations en U comprises entre ~50 ppm et 120 ppm et des rapports Th/U variant de 0,289 à 0,533. Les âges 207Pb/206Pb obtenus varient de 2725,4 ±2,2 Ma à 2720,0 ±2,5 Ma. Les résultats des fragments ont permis de calculer un âge de 2724,3 ±0,9 Ma (MSWD = 1,18; probabilité de 0,32) qui est interprété comme l’âge de mise en place de la roche. Les deux prismes ont livré des âges légèrement plus jeunes à ~2720 Ma qui peuvent être reliés à la présence de surcroissances observées en cathodoluminescence. On a également obtenu un âge plus jeune à 2,68-2,67 Ga possiblement associé à l’épisode de fusion partielle responsable de la formation de la migmatite.

Un âge similaire de 2721 ±2 Ma a été obtenu par Davis et al. (1995) sur des zircons provenant d’un gneiss gris échantillonné dans la même région que la migmatite. Ces auteurs ont associé cet âge à un possible épisode métamorphique sur la base de l’identification de surcroissances reconnues sur certains zircons. L’analyse de trois prismes allongés avait donné des résultats plus anciens et variés, dont un à ~2807 ±13 Ma interprété comme l’âge de cristallisation des gneiss. Une autre interprétation possible, considérant les résultats présentés dans ce rapport, serait que l’âge de 2721 ±2 Ma représente celui de la mise en place des roches volcaniques qui ont récupéré des zircons en provenance d’unités plus anciennes et équivalentes à celles de la Ceinture de Frotet-Evans. La déformation et le métamorphisme autour de 2,68-2,67 Ga seraient responsables de la migmatitisation de ces lithologies.

 

Soixante analyses ont été réalisées par ablation laser à partir des deux populations de cristaux identifiées plus haut. Les analyses effectuées sur les cristaux équidimensionnels ont donné des résultats discordants (3 à 7 %) avec des âges apparents de 2732 Ma à 2709 Ma. Les résultats analytiques sont très cohérents et les rapports Th/U sont pratiquement identiques entre 0,34 et 0,36. Le résultat du calcul de régression a livré un âge de 2723,9 ±5,7 Ma (MSWD = 4,0), pratiquement identique à celui obtenu par dilution isotopique. On interprète la MSWD légèrement plus élevée comme le résultat de l’influence du métamorphisme.

Les analyses issues des cristaux prismatiques ont livrés des âges apparents qui varient de 2789 Ma à 2647 Ma avec des rapports Th/U compris entre 0,34 et 0,41. En considérant que ces résultats proviennent d’une même population, le calcul de régression a donné des intersections inférieure et supérieure correspondant à des âges de 1425 ±580 Ma et de 2793 ±40 Ma (MSWD = 13,0). L’âge le plus jeune n’a aucune signification géologique, alors que l’âge plus ancien est comparable à celui de certaines unités volcaniques de la Ceinture de Frotet-Evans localisée plus au nord. Par contre, la MSWD très élevée pourrait indiquer que la population de cristaux prismatiques n’a pas une origine unique et est héritée de plusieurs sources. Finalement, une analyse a livré un âge apparent de 2825 Ma similaire à l’âge du Pluton du Lac Rodayer.

 

Les résultats des analyses sont disponibles dans le SIGÉOM et accessibles en cliquant sur ce lien (voir fichiers Excel dans MB201816ADN001.zip).

Interprétation

L’amphibolite migmatitisée située dans la partie sud de la Sous-province d’Opatica présente un âge de mise en place de 2724,3 ±0,9 Ma contemporain à la mise en place des roches volcaniques de la Formation de Bruneau (2724,4 ±1,2 Ma; Davis et al., 2014), dans la partie NE de la Sous-province de l’Abitibi (région de Chibougamau). L’âge plus jeune à 2,68-2,67 Ga correspond à l’épisode de fusion partielle responsable de la formation de la migmatite. À l’ouest de Chapais, les échantillons 2013-YD-2793A2 (feuillet 32J04) et 2013-YD-2892A (feuillet 32G13) présentent des âges comparables, également attribués au pic du métamorphisme régional au faciès des amphibolites. L’héritage à 2825 Ma pourrait provenir d’unités contemporaines au Complexe gneissique d’Istotao (2831 ±5 Ma; Roffeis, 2015).

Auteurs

RôleNomCourrielAnnée
GéochronologieJean David, géo., Ph. D.jean.david@mern.gouv.qc.ca2014 – 2016
Échantillonnage et interprétationFrançois Leclerc, géo., Ph. D.francois.leclerc@mern.gouv.qc.ca2014
CoordinationFrancis Talla Takam, géo., Ph. D.francis.tallatakam@mern.gouv.qc.ca2020

Références

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine

DAOUDENE, Y., LECLERC, F., TREMBLAY, A., 2016. Une histoire tectonométamorphique commune et de longue durée pour les sous-provinces d’Abitibi et d’Opatica, Province du Supérieur, Québec, Canada. MERN, UQAM; MB 2016-01, 43 pages.

DAVID, J., 2018. Datation U-Pb dans la Province du Supérieur effectuées au GEOTOP en 2015-2016. MERN; MB 2018-16, 24 pages.

DAVIS, D. W., SIMARD, M., HAMMOUCHE, H., BANDYAYERA, D., GOUTIER, J., PILOTE, P., LECLERC, F., DION, C., 2014. Datations U-Pb effectuées dans les provinces du Supérieur et de Churchill en 2011-2012. MERN; RP 2014-05, 62 pages. 

ROFFEIS, C., 2015. Rapport du contrat de géochronologie MERN (2014-2015). MERN, GEOTOP; MB 2019-06, 17 pages. 

Autres publications 

 

DAVIS, W.J., MACHADO, N., GARIÉPY, C., SAWYER, E.W., BENN, K., 1995. U-Pb geochronology of the Opatica tonalite-gneiss belt and its relationship to the Abitibi greenstone belt, Superior Province, Quebec. Canadian Journal of Earth Sciences; volume 32, pages 113-127. doi.org/10.1139/e95-010

 

9 novembre 2020