Complexe de La Romaine
Étiquette stratigraphique : [mpro]csr
Symbole cartographique : mPcsr
 

Première publication :  
Dernière modification : 27 août 2025

Subdivision(s) informelle(s)
La numérotation ne reflète pas nécessairement la position stratigraphique.
 
mPcsr5 Paragneiss migmatitisé à biotite et grenat ± sillimanite ± cordiérite
mPcsr4 Roches calco-silicatées rubanées
mPcsr3 Amphibolite
mPcsr2 Roches métavolcanoclastiques felsiques à intermédiaires, gneiss alumineux migmatitisé et roche métavolcanique felsique
mPcsr1 Paragneiss, méta-arénite, métapélite et quartzite
 
Auteur(s) : Bonnet et Corriveau, 2003
Âge:
Mésoprotérozoïque
Stratotype:
Aucun
Région type:
Région de La Romaine (feuillet 12K02)
Province géologique:
Subdivision géologique:
Lithologie: Roches volcano-sédimentaires
Catégorie :
Lithodémique
Rang:
Complexe
Statut: Formel
Usage: Actif

Historique

Cette unité a été informellement nommée « Ceinture supracrustale de La Romaine » par Bonnet et Corriveau (2003). Lors de la cartographie de la région du lac Coacoachou, elle a été formellement renommée « Complexe de La Romaine » par Daoudene et Lafrance (2024) afin de regrouper un ensemble de roches volcano-sédimentaires variablement métamorphisées, de gneiss et d’amphibolite, dont l’origine est localement incertaine. Auparavant, Bourne et al. (1978) avaient aussi décrit une unité de quartzite avec des proportions mineures de conglomérat, de métapélite et de marbre dans la région de La Romaine.

Bien que Bonnet et Corriveau (2003) aient inclus dans leur description de la Ceinture supracrustale de La Romaine des séquences de roches volcano-sédimentaires localisées dans la région des lacs Musquaro et d’Auteuil (feuillet 12K11 et partie nord du feuillet 12K06), les roches de ce secteur ont plutôt été assignées au Complexe d’Aguanish dans le cadre d’une synthèse géologique couvrant un secteur situé entre la baie de Moisie et Kegaska qui s’étend jusqu’à 150 km au nord du fleuve Saint-Laurent (Gobeil et al., 2003).

Dans l’attente de la cartographie systématique à l’échelle 1/50 000 des régions de La Romaine et du lac Washicoutai (feuillets 12K02 et 12K07) prévue à l’été 2025, le Complexe de La Romaine est limité aux séquences supracrustales décrites dans les secteurs de La Romaine (feuillet 12K02) et du lac Coacoachou (feuillets 12K01 et 12K08).

Le nom de cette unité provient du village éponyme situé dans la portion nord du feuillet 12K02.

Description

Complexe de La Romaine non subdivisé (mPcsr)

Le Complexe de La Romaine comprend différents faciès de roches volcano-sédimentaires métamorphisées au faciès des amphibolites ou granulites. Il s’agit de : 1) une unité de paragneiss, de méta-arénite, de métapélite et de quartzite (mPcsr1); 2) une unité de métavolcanoclastites felsiques à intermédiaires, de gneiss alumineux migmatitisés et de métavolcanites felsiques (mPcsr2); 3) une unité d’amphibolite (mPcsr3); 4) une unité de roches calco-silicatées rubanées (mPcsr4); et 5) une unité de paragneiss migmatitisé à grenat ± sillimanite ± cordiérite (mPcsr5).

L’alternance entre ces faciès est parallèle à la foliation régionale et généralement d’ordre métrique à décamétrique. Bien qu’ils aient reconnu les différents faciès dans la région du lac Coacoachou, Daoudene et Lafrance (2024) ont rarement été en mesure de les cartographier à l’échelle des levés géologiques réalisés. De plus, les roches de ces unités sont couramment migmatitisées et ont été localement affectées par des altérations hydrothermales antérieurement au métamorphisme de haut grade, ce qui rend l’identification des protolites particulièrement difficile. L’origine volcano-sédimentaire de certains gneiss migmatitisés est aussi incertaine par endroits. Pour ces raisons, Daoudene et Lafrance (2024) ont regroupé la majorité des roches du Complexe de La Romaine dans une unité non subdivisée. À moins que l’unité soit d’une largeur cartographiable à l’échelle des travaux de ces auteurs, l’unité non subdivisée (mPcsr) regroupe ainsi l’ensemble des différents faciès de roches volcano-sédimentaires décrits ci-dessous.

Dans la région de La Romaine, les roches métavolcaniques de l’unité mPcsr2 sont interprétées comme étant sus-jacentes aux roches métasédimentaires principalement arénacées de l’unité mPcsr1 et sous-jacentes à l’unité d’amphibolite mPcsr3 (Bonnet, 2009).

Les descriptions des différentes unités sont tirées des travaux de Bonnet et Corriveau (2003), Bonnet et al. (2005) et Bonnet (2009) dans la région de La Romaine, ainsi que des travaux de Daoudene et Lafrance (2024) dans la région du lac Coacoachou.

 

Complexe de La Romaine 1 (mPcsr1) : Paragneiss, méta-arénite, métapélite et quartzite

L’unité mPcsr1 est composée de paragneiss, de méta-arénite, de métapélite et de quartzite blanc qui alternent en niveaux centimétriques à métriques. La méta-arénite et le quartzite sont laminés et de granulométrie fine à moyenne. Les lamines sont millimétriques, rectilignes, obliques ou ondulées. Elles sont soulignées par des variations de l’abondance et de la dimension de la biotite qui définissent localement un litage compositionnel d’origine sédimentaire. Les feuillets de biotite sont alignés dans un plan de foliation parallèle ou oblique à celui du litage. L’unité mPcsr1 comprend aussi du paragneiss homogène, équigranulaire à grain fin, leucocrate et présentant une cassure fraiche beige. 

Localement, une gradation de la granulométrie dans certains bancs arénacés pourrait représenter du granoclassement normal. S’il s’agit bel et bien de granoclassement primaire, celui-ci semble indiquer localement une polarité stratigraphique vers le NW, dans le secteur sud-ouest de la région du lac Coacoachou (p. ex. affleurement 24-IL-3179), et vers le NE dans le secteur sud-est (p. ex. affleurement 24-YD-2037).

 

En lame mince, la méta-arénite est en majeure partie constituée de grains fins équigranulaires de quartz et de feldspath. Elle contient aussi 1 à 3 % de biotite et localement de la magnétite et du grenat. Ce dernier se présente généralement en pœciloblastes millimétriques à inclusions de quartz et de feldspath. Les bordures entre les grains de feldspath sont droites à arrondies. Le quartz est interlobé à amiboïde. Le quartzite présente aussi une texture granoblastique. Il se compose de quartz avec une proportion moindre de feldspath et de biotite (2 à 4 %). Les minéraux accessoires sont la magnétite et l’hématite. La métapélite présente une minéralogie et des textures similaires à celles de la méta-arénite, mais elle renferme une proportion plus importante de biotite (15 à 25 %).

Le paragneiss homogène est en majeure partie constitué de feldspath microperthitique et de quartz avec une proportion moindre de plagioclase et de microcline. Les bordures entre les grains de quartz et de feldspath sont arrondies. Les grains de quartz sont interlobés à amiboïdes et présentent une extinction roulante. La biotite est rare (≤1 %) et en fins feuillets fortement chloritisés. Le grenat (1 à 5 %) est en grains fins xénomorphes ou subautomorphes disséminés, légèrement aplatis par endroits. Les minéraux accessoires sont représentés par les minéraux opaques, le zircon et l’apatite.

À proximité de niveaux de roches calco-silicatées (mPcsr4), les roches de l’unité mPcsr1 sont moins siliceuses et peuvent aussi contenir plusieurs des minéraux observés au sein des roches calco-silicatées, comme le clinopyroxène, la scapolite et le carbonate. Ces niveaux pourraient être associés à de l’altération, mais il est plus probable qu’il s’agisse de métawacke calcareux.

 

Complexe de La Romaine 2 (mPcsr2) : Roches métavolcanoclastiques felsiques à intermédiaires, gneiss alumineux migmatitisé et roche métavolcanique felsique

L’unité mPcsr2 regroupe différents types de roches présumées d’origine volcanique en niveaux interstratifiés de taille décimétrique à métrique. Elle se compose de bandes métamorphisées de lapillistone gris, de tuf à lapillis monogénique ou polygénique, de roche volcanique extrusive felsique, de gneiss gris et de gneiss nodulaire rose. Bien que ces roches aient couramment l’apparence de gneiss quartzo-feldspathique, elles renferment localement des zones où des textures primaires sont préservées, tels des lapillis, des bombes, des ponces, des flammes et des scories ainsi que des textures de moulage et de fragmentation.

Les roches volcaniques et volcanoclastiques les moins altérées ont une composition rhyolitique à dacitique (Bonnet et al., 2005; Bonnet, 2009). Les lapillis et les bombes, généralement de composition rhyolitique à dacitique, se trouvent dans une matrice à grain fin à très fin (Corriveau et Bonnet, 2005). Le lapillistone contient aussi localement des fragments mafiques vésiculaires.

Le gneiss alumineux (gris ou rose) est couramment migmatitisé, mais présente localement des textures bien préservées (lapillis et bombes). La minéralogie et le taux de migmatitisation de ces roches varient d’un endroit à l’autre. Dans le cas des roches migmatitisées, celles-ci contiennent des niveaux mélanocrates à biotite et sillimanite ainsi que du leucosome granitique stromatique ou amiboïde à grenat et cordiérite. Selon Bonnet (2009), le peu de connectivité entre les leucosomes indique un caractère in situ qui implique peu de transport de matériel. Le paléosome est à grain fin et est composé de quartz, plagioclase, feldspath potassique, biotite, sillimanite, fibrolite et grenat. Ce dernier est xénomorphe, en grains millimétriques à centimétriques et contient de nombreuses inclusions de sillimanite et de biotite. Les minéraux accessoires sont le zircon, la magnétite et la pyrite. Le leucosome est à grain moyen à grossier et constitué de feldspath potassique, de quartz, de plagioclase, de grenat et de cordiérite. Le grenat est xénomorphe à subautomorphe et contient peu d’inclusions (sillimanite, quartz, biotite). La cordiérite est variablement altérée en pinnite et se trouve en contact avec le grenat et le feldspath potassique dans le leucosome. Elle contient localement des inclusions de biotite et de sillimanite. De la sillimanite prismatique et de la biotite sont aussi observées en excroissance autour des porphyroblastes de grenat.

Le gneiss gris est équigranulaire à grain fin à très fin, homogène, folié ou laminé ou massif. Des lamines sont localement présentes et celles-ci montrent des bordures diffuses. La foliation est légèrement ondulante et marquée par l’alignement des feuillets de biotite. Certains feuillets sont toutefois à angle avec la foliation. Dans la région de La Romaine, le gneiss rose est leucocrate et contient localement 15 à 30 % de nodules zonés centimétriques à cœur de fibrolite-muscovite et à bordure de quartz-feldspath. Ces nodules forment couramment des trainées blanchâtres en relief positif ressemblant à des veines boudinées. Les minéraux accessoires (zircon, magnétite et hématite) sont plus abondants au sein des nodules, où ils peuvent atteindre 3 % (Bonnet et al., 2005). Le grenat forme des porphyroblastes automorphes à subautomorphes de 3 à 7 mm. Il contient une proportion élevée d’inclusions idiomorphes de sillimanite. Dans le secteur du lac Coacoachou, les nodules sont plutôt constitués de fibrolite ou de sillimanite prismatique à laquelle est associée de la cordiérite. La foliation est bien marquée par : le rubanement, l’alignement de la biotite, le fort aplatissement des nodules de fibrolite, et l’aplatissement de plusieurs grains de quartz.

Dans le secteur de Havre Mackenzie, Bonnet et al. (2005) mentionnent la présence de gneiss à quartz, feldspath potassique, plagioclase et cordiérite en contact avec le lapillistone et qui est interprété comme étant dérivé d’un protolite ayant subi une altération hydrothermale. Aucune texture primaire n’a été observée dans ce gneiss et les oxydes de fer y sont localement abondants.

En lame mince, les roches volcanoclastiques sont constituées de quartz, de plagioclase et de microcline avec des proportions variables de biotite et de hornblende. Les minéraux accessoires sont la magnétite (1 %), le sphène (<1 %) et le zircon (<1 %). Dans les faciès volcanoclastiques, les fragments sont foliés et constitués de feldspath potassique renfermant d’abondantes inclusions de quartz, de biotite, de plagioclase et de zircon. Ils sont entourés d’une matrice finement recristallisée, sans inclusions et riche en sillimanite et biotite.

Le gneiss gris est principalement composé de quartz (28 à 40 %), de plagioclase (30 à 45 %) et de feldspath potassique (10 à 35 %) avec une proportion moindre de biotite (1 à 7 %) et de grenat (<5 %). Le feldspath potassique comprend du microcline et du feldspath perthitique (exsolutions en flammes). Les bordures entre les grains de feldspath sont droites, localement interlobées. Le quartz est en grains légèrement arrondis et à extinction ondulante. Localement, on note des pœciloblastes de microcline contenant des inclusions de l’ensemble des autres phases minérales. La biotite est en fins feuillets bruns subautomorphes et xénomorphes. Celle-ci contient des inclusions de zircon et est localement chloritisée. Dans les échantillons contenant du grenat, ce dernier forme des grains couramment aplatis de 1 à 2 mm. Les minéraux accessoires sont peu abondants et comprennent les minéraux opaques, la muscovite et le zircon.

Au microscope, le gneiss rose de la région du lac Coacoachou est à grains sériés et montre un rubanement millimétrique granulométrique et compositionnel. La majeure partie des rubans sont constitués de grains interlobés de microcline, de feldspath potassique et de quartz avec une proportion moindre de plagioclase. Les aluminosilicates forment de minces lentilles ou lamines discontinues. La sillimanite (5 à 15 %) est soit prismatique, soit en fibrolite, selon les échantillons. La cordiérite (~5 %) est jaunâtre et assez fortement altérée en pinnite. Les feuillets de biotite (1 à 3 %) se concentrent dans certains rubans et sont localement chloritisés. Des feuillets non orientés de muscovite (<1 %) sont par endroits associés à la biotite chloritisée. Les principaux minéraux accessoires sont les minéraux opaques, le zircon (en inclusion dans la biotite) et l’apatite. Les minéraux opaques sont localement aplatis et contiennent des inclusions de spinelle vert foncé. Des cristaux opaques subautomorphes montrant un réseau de lamelles entrecroisées à quartz et sphène (ou rutile) sont aussi observés localement. Ces cristaux pourraient exprimer un possible remplacement de la titanomagnétite par de l’ilménite ou du rutile et du quartz.

 

Complexe de La Romaine 3 (mPcsr3) : Amphibolite

Bonnet et al. (2005) ont regroupé au sein de l’unité d’amphibolite des niveaux métriques à hectométriques de roches mafiques d’origine incertaine comprenant des roches gabbroïques, des roches volcaniques mafiques et des métavolcanoclastites intermédiaires à lapillis. Bien que leur faible épaisseur fasse en sorte qu’il n’a pas toujours été possible pour Daoudene et Lafrance (2024) de cartographier ces unités à l’échelle de leurs travaux, ces auteurs ont préféré regrouper les roches mafiques clairement d’origine intrusive au sein de la Suite intrusive de Blacklands (mPbak).

 

Dans la région côtière de La Romaine, l’unité d’amphibolite est considérée par Bonnet (2009) comme sus-jacente aux dépôts volcanoclastiques. Cette unité comprend de l’amphibolite laminée renfermant localement des fragments volcaniques (volcanoclastite), de l’amphibolite carbonatée, de l’amphibolite minéralisée en sulfures et de l’amphibolite à taches ovoïdes s’apparentant à des varioles ou des sphérolites (laves mafiques). Les différents faciès d’amphibolite sont foliés et à texture granoblastique. L’amphibolite laminée et l’amphibolite à taches ovoïdes présentent une matrice à grain fin constituée en majeure partie de hornblende et de plagioclase avec des proportions moindres d’orthopyroxène, de biotite et localement de clinopyroxène. Les fragments observés par endroits au sein de l’amphibolite laminée sont similaires à ceux décrits dans l’unité mPcsr2. Bien qu’elles puissent faire penser à des oïkocristaux, il semble plutôt que les taches ovoïdes constituées d’orthopyroxène à inclusions granoblastiques de plagioclase soient des reliques de varioles ou de sphérolites, suggérant ainsi une origine volcanique (Bonnet, 2009). L’amphibolite carbonatée présente des lamines à grain moyen riches en minéraux calco-silicatés interlitées avec des lamines à grain grossier riches en biotite et en sulfures (pyrrhotite et pyrite). Les grains de zircon se trouvent surtout dans les niveaux riches en biotite et en sulfures et sont considérés comme étant d’origine hydrothermale (Bonnet, 2009). L’amphibolite minéralisée se présente en bandes de 1 à 10 m d’épaisseur qui s’étendent sur plusieurs mètres de longueur (Bonnet et al., 2005). Elle est constituée d’un assemblage à hornblende, plagioclase, clinopyroxène, quartz, épidote, biotite et sulfures. La proportion de sulfures (pyrite, pyrrhotite ± chalcopyrite) excède rarement 5 %. Ils sont généralement disséminés ou associés à de minces veines de quartz, mais Bonnet et al. (2005) rapportent la présence de sulfures massifs prenant la forme de nodules dans le secteur de Baie-des-Loups, ou d’un niveau de largeur centimétrique à l’est du Havre Mackenzie.

Dans la région du lac Coacoachou, des niveaux décimétriques à métriques d’amphibolite homogène, noire, foliée et à grain fin ont été observés en alternance avec des niveaux métriques à décamétriques de roches calco-silicatées (mPcsr3) et métasédimentaires (mPcsr1).

 

 

Complexe de La Romaine 4 (mPcsr4) : Roches calco-silicatées rubanées

Les niveaux les plus importants (métriques à décamétriques) de roches calco-silicatées sont observés au contact entre l’unité métasédimentaire (mPcsr1) et l’amphibolite (mPcsr3). Ces niveaux peuvent comprendre une proportion mineure de marbre. La roche présente un rubanement millimétrique compositionnel et granulométrique (grain fin à moyen). Ce rubanement est couramment accentué par l’alignement des minéraux ferromagnésiens et les trainées de grenat.

 

En lame mince, les proportions modales varient selon les rubans, mais les principales phases minérales observées sont la calcite, le plagioclase, le quartz, la scapolite, le diopside, la trémolite et le grenat. Les bordures entre les grains sont arrondies à droites. Le quartz est à extinction ondulante et les plus gros grains sont amiboïdes et peuvent contenir des inclusions de clinopyroxène et de scapolite. La calcite est soit fine et interstitielle, soit en grains moyens et polygonaux. Le grenat est jaunâtre à brun, possiblement de variété andradite ou spessartine. Ce minéral est observé soit en trainées en contact avec le clinopyroxène, soit en pœciloblastes à inclusions de quartz et clinopyroxène. Le diopside est localement remplacé par une amphibole vert clair. Les principaux minéraux accessoires sont les minéraux opaques, le sphène, l’épidote et l’apatite.

 

Complexe de La Romaine 5 (mPcsr5) : Paragneiss migmatitisé à biotite et grenat ± sillimanite ± cordiérite

Contrairement à l’unité mPcsr1, le paragneiss de l’unité mPcsr5 ne présente plus aucune évidence de texture sédimentaire primaire. Il comprend différents faciès de paragneiss migmatitisé, allant de la métatexite à la diatexite. Le faciès le plus couramment observé est un paragneiss migmatitisé à biotite-grenat renfermant 20 à 35 % de leucosome stromatique. Ce leucosome se présente en rubans millimétriques à centimétriques qui sont disposés parallèlement à la foliation et sont localement plissés. Le paléosome est à grain fin et gris ou beige en cassure fraiche. Le leucosome est blanchâtre à beige et à grain moyen à grossier. Il contient couramment des grains de grenat de 2 à 5 mm de diamètre. La foliation est bien marquée par l’alignement des feuillets de biotite, l’aplatissement des grains de quartz, l’alternance des rubans et la disposition des grains de grenat, qui sont aussi localement aplatis. Dans les secteurs les plus migmatitisés, la diatexite à radeaux contient des lentilles décimétriques de paragneiss et des mélanosomes riches en biotite et en grenat. Les roches dont le leucosome contient de l’orthopyroxène (p. ex. affleurement 24-EG-1073A) prennent une teinte cassonade.

En lame mince, le paléosome du paragneiss migmatitisé à biotite-grenat est en majeure partie constitué de grains fins de quartz (25 à 35 %), de plagioclase (20 à 40 %) et de feldspath potassique (10 à 35 %). Il contient aussi de fins feuillets bruns de biotite (1 à 15 %) et du grenat (2 à 15 %), en cristaux de 0,2 à 1 mm ou en pœciloblastes aplatis de 1 à 3 mm de large. Les feuillets de biotite sont subautomorphes et xénomorphes, à inclusions de zircon et localement chloritisés. Certains rubans contiennent 1 à 2 % de spinelle vert profond couramment associé à des minéraux opaques, autour desquels il forme localement une couronne. Cette association minérale (spinelle-minéraux opaques) est aussi observée dans certains pœciloblastes de grenat. Les minéraux accessoires sont l’épidote, l’allanite, le sphène et l’apatite. Deux types de leucosome sont observés. Le premier type est riche en quartz (60 à 70 %) et contient des proportions moindres de feldspath microperthitique, peu de plagioclase et 5 à 10 % de grenat. Le quartz est xénomorphe, amiboïde et à extinction roulante, localement en échiquier. Le deuxième type de leucosome est principalement composé de feldspath microperthitique avec des proportions moindres de plagioclase et de quartz. Ces leucosomes sont riches en grenat (20 à 25 %), et celui-ci qui se présente en grains xénomorphes à subautomorphes et contient couramment des inclusions arrondies de quartz et de biotite. Les deux types de leucosomes montrent localement des lisérés de feuillets de biotite à grain moyen. Le feldspath potassique est chagriné. Les bordures entre les grains de quartz et de feldspath sont arrondies, localement droites. Dans le cas où l’orthopyroxène est présent dans le leucosome, la biotite a une teinte rouge et est couramment squelettique. L’orthopyroxène est fortement altéré en un fin mélange orangé de biotite, d’amphibole et de chlorite.

L’unité mPcsr5 comprend aussi du paragneiss migmatitisé à biotite, grenat et cordiérite (p. ex. affleurement 24-IL-3050, lithologie B). Ce faciès montre une alternance millimétrique à centimétrique de rubans gris à grain fin contenant 5 % de biotite et de rubans leucocrates beiges à grain moyen à fin. En lame mince, la cordiérite (8 %) est jaunâtre et fortement altérée. Elle se présente en grains fins le long de certaines lamines ainsi qu’en gros grains pœcilitiques et aplatis de part et d’autre d’une fracture. Dans tous les rubans, les feldspaths (plagioclase, feldspath perthitique et microcline) et le quartz sont en grains interlobés et aplatis. La biotite est en fins feuillets subautomorphes bruns. Le grenat se concentre aussi dans un ruban, où il forme une trainée de grains pœcilitiques à inclusions de quartz et de biotite. Le quartz est à extinction ondulante et certains grains sont amiboïdes. Les minéraux accessoires sont les minéraux opaques, l’épidote, le zircon et l’apatite.

Enfin, un troisième faciès de paragneiss migmatitisé est à grenat, cordiérite et sillimanite (p. ex. affleurement 24-YD-2174). Le leucosome est stromatique ou amiboïde et contient du grenat et de la cordiérite. La foliation est marquée par l’alignement de l’ensemble des minéraux et par l’aplatissement des grains de grenat et de plusieurs quartz. Au microscope, la roche montre un rubanement caractérisé par une alternance millimétrique de rubans quartzo-feldspathiques et de rubans riches en aluminosilicates et en grenat. Des lamines très finement recristallisées et des plis serrés affectant l’ensemble des minéraux ainsi que les inclusions dans le grenat sont aussi observés. Dans les rubans quartzo-feldspathiques, les bordures entre les grains sont droites à interlobées et le quartz est à extinction ondulante. Les rubans à aluminosilicates contiennent ~20 % de sillimanite (prismatique et fibrolite) en association avec ~10 % de cordiérite jaune pâle. Le grenat est en grains aplatis ou subarrondis de 0,5 à 1 mm et à inclusions de quartz et de sillimanite dans le paléosome. Dans le leucosome, il forme des grains de 0,5 à 1 cm de diamètre et contient des inclusions de feldspath et de biotite. La biotite est en feuillets bruns à orangés, subautomorphes ou xénomorphes, et localement à inclusions de zircon. Les autres minéraux accessoires sont les minéraux opaques, l’apatite et l’épidote.

 

Épaisseur et distribution

Le Complexe de La Romaine comprend une séquence supracrustale plissée, décrite dans le secteur de La Romaine (feuillet 12K02), qui mesure ∼2 km de largeur sur 8 km de longueur. Il comprend aussi des lambeaux de largeur hectométrique à kilométrique qui s’étirent sur plusieurs kilomètres de long dans la région du lac Coacoachou (feuillets 12K01 et 12K08). Ces lambeaux ont été mieux observés dans la partie sud de la région, en bordure du golfe du Saint-Laurent. La superficie totale de l’unité est de ∼89 km².

Unité informelle Superficie (km²) Superficie (%)
mPcsr non divisée 52,5 59
mPcsr1 9,9 11
mPcsr2 17,7 20
mPcsr4 6 6,7
mPcsr4 1,5 1,6
mPcsr5 1,6 1,7

 

Datation

L’âge de 1508 ±14 Ma (Bonnet, 2009), obtenu sur des zircons d’origine ignée d’un gneiss alumineux interprété comme étant dérivé d’un lapillistone lessivé par hydrothermalisme, fournit une limite supérieure pour le volcanisme du Complexe de La Romaine. Cet âge est similaire à ceux obtenus dans des échantillons de roches métavolcanoclastiques prélevés dans la région des lacs Musquaro et d’Auteuil (1511 à 1502 Ma; van Breemen et Corriveau, 2005) ainsi qu’à celui de 1519 ±11 Ma (Jean David, comm. pers., 2024), obtenu dans un métatuf felsique du Complexe de Coude (mPcud), dans la région de Kegaska.

Unité Numéro d’échantillon Système isotopique Minéral Âge de cristallisation (Ma) (+) (-) Référence(s)
mPcsr2 CQA-02-547A U-Pb Zircon 1508 14 14 Bonnet, 2009

Relations stratigraphiques

Le Complexe de La Romaine est considéré comme l’une des plus vieilles unités de la région du lac Coacoachou, comme illustré dans ce schéma stratigraphique (Daoudene et Lafrance, 2024). À l’instar du Complexe de Coude, dans la région de Kegaska, les roches du Complexe de La Romaine se seraient déposées sur celles de la Suite intrusive de Kegaska (mPkeg). 

Le Complexe de La Romaine pourrait représenter un équivalent plus métamorphisé de roches métasédimentaires localisées dans la région des lacs Musquaro et d’Auteuil (feuillet 12K11). Ces dernières ont elles-mêmes été interprétées par Bonnet et Corriveau (2003) comme représentant des équivalents plus métamorphisés de certaines unités du Groupe de Wakeham (mPwk), dans la région au nord de Havre-Saint-Pierre et de Baie-Johan-Beetz. Dans la région de Kegaska (feuillets 12K03 et 12K06), Lafrance et Daoudene (2023) ont regroupé dans le Complexe de Coude des roches métamorphisées d’origine principalement volcanoclastique, soit un faciès qui n’a été observé que localement dans la région du lac Coacoachou (Daoudene et Lafrance, 2024). Il est possible que le plus fort degré de métamorphisme dans ce second secteur ait fait en sorte qu’il soit plus difficile de reconnaître les protolites. La cartographie de la région entre celles de Kegaska et du lac Coacoachou, à l’été 2025, devrait permettre de déterminer si ces unités appartiennent à une seule et même entité. Wodicka et al. (2003) restreignent l’âge du Groupe de Wakeham entre 1630 Ma, l’âge maximum de déposition des sédiments, et 1503 +6/-4 Ma, l’âge d’une roche intrusive porphyroïde coupant les roches sédimentaires.

Les roches de la Suite intrusive de Blacklands forment couramment des filons-couches de largeur décamétrique à hectométrique au sein des roches du Complexe de La Romaine. Selon Corriveau et Bonnet (2005) et Bonnet (2009), l’association spatiale entre ces deux unités et la présence d’assemblages minéralogiques au faciès des granulites dans les deux unités semblent indiquer que les roches mafiques de la Suite intrusive de Blacklands représentent des intrusions mafiques synvolcaniques. Bien que les roches de l’unité mPbak1 aient une signature chimique distincte des roches volcaniques mafiques à felsiques du Complexe de La Romaine, puisqu’elles sont plus alcalines (Bonnet, 2009; Daoudene et Lafrance, 2024), les relations de terrain entre ces deux unités laissent penser que les roches intrusives sont contemporaines ou légèrement plus jeunes que les roches volcaniques (Bonnet et al., 2005; Daoudene et Lafrance, 2024). D’ailleurs, bien que la plupart des contacts entre les deux unités soient concordants, une gabbronorite de la Suite intrusive de Blacklands est localement en injection dans les roches calco-silicatées du Complexe de La Romaine (mPcsr4).

Les roches du Complexe de La Romaine sont coupées par des dykes et des injections décimétriques à métriques de granitoïde de la Suite intrusive de Washicoutai (nPwai).

 

Les unités métasédimentaires (mPcsr1 et mPcsr5) ont été observées en enclaves au sein des roches de la Suite intrusive de Wapitagun (nPwap) et de l’Intrusion de Mukanipan (nPmip). Les roches de ces deux suites sont aussi intrusives dans les paragneiss.

 

Paléontologie

Ne s’applique pas.

 

Références

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine

DAOUDENE, Y., LAFRANCE, I., 2024. Géologie de la région du lac Coacoachou, Province de Grenville, région de la Côte-Nord, Québec, Canada. MRNF; BG 2024-06, 1 plan.

GOBEIL, A., BRISEBOIS, D., CLARK, T., VERPAELST, P., MADORE, L., WODICKA, N., CHEVÉ, S., 2003. Synthèse géologique de la région de Manitou–Wakeham (Moyenne-Côte-Nord). In: Géologie et ressources minérales de la partie orientale de la Province de Grenville (Brisebois, D., Clark, T., éditeurs). MRNFP; DV 2002-03, pages 9-58.

WODICKA, N., DAVID, J., PARENT, M., GOBEIL, A., VERPAELST, P., 2003. Géochronologie U-Pb et Pb-Pb de la région de Sept-Îles – Natashquan, Province de Grenville, moyenne Côte-Nord. In: Géologie et ressources minérales de la partie orientale de la Province de Grenville (Brisebois, D., Clark, T., éditeurs). MRNFP; DV 2002-03, pages 59-117.

 

Autres publications

BONNET, A.-L., 2009. Les zones d’altération comme vecteur d’exploration des ceintures volcano-plutoniques felsiques metamorphisées à haut-grade : concepts et exemple du système hydrothermal de La Romaine dans la province de Grenville. Thèse. Québec, Université du Québec, Institut national de la recherche scientifique, Doctorat en sciences de la terre, 459 pages.

BONNET, A.-L., CORRIVEAU, L., 2003. Caractérisation structurale et métamorphique de la marge sud-est du Groupe de Wakeham, régions du lac Musquaro et de La Romaine, Province de Grenville (Québec, Canada). Recherches en cours 2003-C17. Commission géologique du Canada. https://publications.gc.ca/Collection/GSC-CGC/M44-2003/Articles/c17.pdf

BONNET, A.-L., CORRIVEAU, L., LA FLÈCHE, M.R., 2005. Chemical imprint of highly metamorphosed volcanic-hosted hydrothermal alterations in the La Romaine Supracrustal Belt, eastern Grenville Province, Quebec. Canadian Journal of Earth Sciences, volume 42, pages 1783-1814. doi.org/10.1139/e05-098

BOURNE, J.H., ASHTON, K.E., GOULET, N., HELMSTAEDT, H., LALONDE, A., NEWMAN, P., 1978. Portions of the Natashquan, Musquaro and Harrington Harbour map-sheets, eastern Grenville Province, Quebec – A preliminary report. Commission géologique du Canada, Étude 78-1A, pages 413-418.

CORRIVEAU, L., BONNET, A.-L., 2005. Pinwarian (1.50 Ga) volcanism and hydrothermal activity at the eastern margin of the Wakeham Group, Grenville Province, Quebec. Canadian Journal of Earth Sciences, volume 42, pages 1749-1782. doi.org/10.1139/e05-086

SAWYER, E.W., 2008. Atlas of migmatites. The Canadian Mineralogist; Special Publication 9, 371 pages. doi.org/10.3749/canmin.46.5.1373

 

Citation suggérée

Ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF). Complexe de la Romaine. Lexique stratigraphique du Québec. https://gq.mines.gouv.qc.ca/lexique-stratigraphique/complexe-de-la-romaine [cité le jour mois année].

 

Collaborateurs

Première publication

Isabelle Lafrance, géo., M. Sc. isabelle.lafrance@mrnf.gouv.qc.ca; Yannick Daoudene, géo., Ph. D. yannick.daoudene@mrnf.gouv.qc.ca (rédaction)

Philippe Pagé, géo., Ph. D. (coordination); François Huot, géo., Ph. D. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique); André Tremblay (montage HTML).

 

 

27 août 2025