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Étymologie
Le terme kame, dérivé des mots caim et kaim d’origine écossaise signifiant « courbé et sinueux » (Holmes, 1947; Benn et Evans, 2010), a été introduit par James Geikie (1874) de la Commission géologique écossaise. Le terme kettle, signifiant bouilloire ou marmite en anglais, est attribué à certaines formes en raison de leur morphologie caractérisée par une dépression circulaire. La topographie en kames et kettles est une expression utilisée pour décrire une zone où les deux formes coexistent. On y observe alors un paysage marqué par une alternance de reliefs positifs (kames) et négatifs (kettles) (Price, 1969; Benn et Evans, 2010).
Description
Kame
Les kames prennent la forme de collines à morphologie irrégulière, en monticule ou en plateau, isolées ou regroupées (Sugden et John, 1976). La nature du matériel composant les kames est assez irrégulière, généralement caractérisée par l’alternance de lits de sable, de graviers stratifiés et de diamicton (Holmes, 1947; Goudie, 2013). La taille et la disposition des kames sont extrêmement variables, mais correspondent habituellement à des cônes sans orientation particulière. Ils sont fortement associés aux eskers et à d’autres types de sédiments juxtaglaciaires.
Kettle
Les kettles forment des dépressions topographiques escarpées dans un sédiment. Ils se présentent sous différentes formes, mais leur aspect est généralement circulaire ou arrondi. Ils peuvent mesurer de quelques centimètres à plusieurs kilomètres de diamètre et leur profondeur peut atteindre quelques dizaines de mètres (Flint, 1971). Les kettles sont généralement comblés d’eau et forment un lac ou un marais (Maizels, 1977).
Genèse
Kame
Il existe plusieurs mécanismes, tous d’origine fluvioglaciaire, responsables de la formation des kames. En contexte supraglaciaire, intraglaciaire ou sous-glaciaire, l’eau de fonte circule dans des cavités; du sable et du gravier peuvent s’accumuler dans ces tunnels, moulins ou fissures. Lors de la fonte de la glace, ces sédiments seront déposés au sol pour former un relief positif (Cook, 1946; Holmes, 1947; Clayton, 1964; Sugden et John, 1976).
Les kames peuvent aussi être formés à la marge glaciaire par déposition de sédiments délestés, de la même manière qu’un cône de déjection qui, suite au recul de la marge, forme une colline isolée dont l’origine sédimentaire ne peut être attribuée au relief environnant (Sugden et John, 1976; Benn et Evans, 2010).
Les delta-kames et les terrasses de kames sont d’autres types d’accumulations juxtaglaciaires partageant l’appellation « kame », mais leur morphologie particulière et caractéristique permet de les classifier plus spécifiquement.
Kettle
Le détachement d’un culot de glace provenant de la marge glaciaire stagnante ou d’une partie du glacier est à l’origine de la formation des kettles (Rich, 1943; Price, 1969; 1971). Cette glace est ensuite entièrement ou partiellement enfouie sous une couche de sédiments meubles entraînés par les eaux de fonte (Embleton et King, 1975), créant une couche isolante au-dessus de la glace. À mesure que le culot de glace fond, les sédiments sus-jacents s’effondrent, créant une dépression (Clark, 1969; Maizels, 1977).
Les kettles se forment typiquement dans des corridors fluvioglaciaires, où le retrait rapide du glacier déleste des blocs de glace rapidement enfouis par des sédiments d’épandage (Broscoe, 1972; Sugden et John, 1976). La dimension des dépressions est fonction du volume de glace enfouie et de la quantité de sédiments accumulée au pourtour.
Répartition spatiale
Puisque les kames et les kettles se forment dans le même environnement, il est commun de les observer en association, de même qu’avec d’autres formes fluvioglaciaires. Essentiellement, les termes kames et kettles sont généraux et désignent les reliefs positifs et négatifs d’origine fluvioglaciaire (Geikie, 1874; Holmes, 1947). Ils sont également observés à proximité de till à morphologie bosselée (Benn et Evans, 2010).
On rencontre les kames et les kettles sur de vastes territoires, occupant la plupart des régions ayant été englacées. Dans la majorité des cas, la répartition spatiale des kames et kettles ne suit pas un alignement préférentiel, sauf dans le cas d’accumulation marginale ou latérale formant respectivement des deltas-kames et des terrasses de kame.
Synonymes
Un kettle est parfois nommé « cavité en forme de marmite » ou « bassin de kettle ». Kettle hole et pothole sont des termes courants en anglais. Sölle est commun dans la littérature et représente son équivalent en allemand (Clark, 1969). La topographie en « bosses et creux » et en « creux et crêtes » sont également des synonymes. Le terme « complexe de kames » est couramment employé pour désigner une zone comportant un essaim de kames (Sugden et John, 1976).
Références
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GOUDIE, A.S., 2013. Encyclopedia of geomorphology. Routledge, London, 1200 pages. Source
HOLMES, C.D., 1947. Kames. American journal of Science; volume 245, pages 240-249. doi.org/10.2475/ajs.245.4.240
HUTCHINSON, G.E., 1957. A Treatise on Limnology; Volume 1: Georgraphy, Physics and Chemistry. John Wiley & Sons.
MAIZELS, J.K., 1977. Experiments on the origin of kettle-holes. Journal of Glaciology; volume 18, pages 291-303. doi.org/10.3189/S0022143000021365
PRICE, R.J., 1969. Moraines, sandar, kames and eskers near Breidamerkurjökull, Iceland. Transactions of the Institute of British Geographers, volume 46, pages 17-43. doi.org/10.2307/621406
PRICE, R.J., 1971. The development and destruction of a sandur, Breidamerkurjökull, Iceland. Arctic and Alpine Research; volume 3, pages 225-237.
RICH, J.L., 1943. Buried stagnant ice as a normal product of a progressively retreating glacier in a hilly region. American Journal of Science; volume 241, pages 95-100. doi.org/10.2475/ajs.241.2.95
SUGDEN, D.E., JOHN, B.S., 1976. Glaciers and landscape, a geomorphological approach. John Wiley and Sons, New York, 376 pages.
ZUMBERGE, J.H., 1952. The lakes of Minnesota: Their origin and classification. No. 35, University of Minnesota Press.
Collaborateurs
Première publication |
Hugo Raymond, géo. stag., B. Sc. (rédaction) Olivier Lamarche, géo., M. Sc. olivier.lamarche@mern.gouv.qc.ca (lecture critique et rédaction); François Leclerc, géo., Ph. D. (conformité du gabarit et du contenu); Hugo Dubé-Loubert, géo., Ph. D. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique); Céline Dupuis, géo., Ph.D. (version anglaise); André Tremblay (montage HTML). |