Historique
L’unité est initialement reconnue comme un complexe lité, puis associée à la suite intrusive de Rainboth (Dubé, 1989). Elle a été identifiée suite à la vérification d’une anomalie du champ magnétique identifiée par Rhéault (1989). L’unité est nommée « Complexe lité de Valrennes » par Dubé (1993), puis « Complexe mafique de Valrennes » par Legault et al. (2000) puisque le litage n’est observé que localement avec une puissance généralement de <1 m. L’appellation simplifiée « Complexe de Valrennes » est attribuée par Legault et al. (2002) et est utilisée sur les cartes du Sigéom (Legault 2002, 2003; Legault et al., 2003; Chabot et al., 2003; Rhéaume et al., 2010).
Description
Le Complexe de Valrennes est essentiellement composé de hornblendite, de gabbro, de diorite et de granitoïde riche en quartz (granophyre). Le complexe comprend des proportions moindres de gabbro quartzifère et de diorite quartzifère ainsi qu’un affleurement de troctolite et de norite.
Selon Legault et al. (2000, p. 14) : « La hornblendite est généralement présente sous forme de lits métriques en contact graduel avec le gabbro. Ces lits sont retrouvés dans la partie ouest du complexe; c’est-à-dire à la base du complexe ». Selon Dubé (1993, p. 14) : « Plusieurs bancs de hornblendite, d’épaisseur métrique, sont bien exposés le long de la route Joutel à Authier. Ces bancs sont massifs et ont une patine brun rougeâtre légèrement iridescente. Au microscope polarisant, la roche est composée de hornblende (dmax = 2 mm) au pléochroïsme variant de verdâtre à brun rougeâtre. Peu de plagioclase, de pyroxène et d’olivine sont présents. À la microsonde, les amphiboles sont surtout des actinotes, des hornblendes ferroédénitiques et ferroactinolitiques contenant un peu de chlore. Un métasomatisme magmatique (Irvine, 1982, p.138) pourrait expliquer cette anomalie en chlore. Les plagioclases contenus dans les hornblendites sont des oligoclases et des labradorites.
Une seule occurrence de troctolite leucocrate et de norite a été rencontrée dans le NW du Complexe. Ce sont des lamines millimétriques de troctolite et de norite. La roche a une patine brun rougeâtre et une teinte variant de brun violacé à brun saumoné en cassure fraiche. La leucotroctolite est formée d’un mésocumulat d’olivine (cumulus; Fo56-Fo60) et de plagioclase (cumulus et intercumulus An67-An75). Les olivines sont à grain fin à moyen entourées d’une couronne de minéraux symplectitiques. Les olivines, les plagioclases et les pyroxènes sont frais. La norite est composée de plagioclase et d’orthopyroxène intercumulus formant une texture pœcilitique. Le plagioclase (An62-An77) est en lattes montrant des macles de Carlsbad. Le pyroxène est surtout un orthopyroxène du type hypersthène (Fs34) accompagné de clinopyroxène de type pigeonite et d’augite subcalcique ».
Les gabbros [i.e. faciès gabbroïques du Complexe de Valrennes] comprennent des gabbronorites à olivine, des gabbros anorthositiques, des gabbros [ainsi que des diorites et des diorites à quartz; Legault
et al., 2002] et des granophyres. Les gabbronorites ont une patine brun rougeâtre et une forte susceptibilité magnétique. Le plagioclase (labradorite) définit une foliation magmatique et est accompagné de pyroxène (augites et pigeonites) et d’olivine (Fo
44-48) en phase intercumulus. Les gabbros anorthositiques constituent la majeure partie du secteur nord du complexe. Sur les surfaces d’altération, ayant une patine brun rougeâtre, les textures caractéristiques de cumulats et la foliation magmatique s’observent nettement. Des structures d’accumulation sont rarement observées sur les affleurements. Le plagioclase (An
43 à An
61) est automorphe, montre des macles du péricline et de Carlsbad, et définit communément une foliation magmatique. Le pyroxène est surtout un clinopyroxène, soit une augite ou une pigeonite. Dans la majorité des cas, les minéraux secondaires ne sont présents que le long des fractures. Les assemblages minéralogiques secondaires semblent surtout causés par un métasomatisme magmatique (Irvine, 1982). Ceci est mis en évidence sur un affleurement où le litage est formé par la juxtaposition de deux bancs de gabbro anorthositique d’épaisseur centimétrique et de patines différentes. Au microscope polarisant, on observe deux gabbros dont la minéralogie et les textures primaires sont identiques, à l’exception près que, pour le second, les phases sont altérées et le premier est dénué de minéraux secondaires. Des méso- à mélanogabbros sont rencontrés surtout de part et d’autre de la diabase protérozoïque [i.e.
Dykes paléoprotérozoïques de Biscotasing] et, par endroits, le long de la route Joutel à Authier. Au microscope, ils sont composés de plagioclase et de clinopyroxène. Des gabbros à quartz [et les diorites à quartz; Legault
et al., 2002] à grain moyen, comprenant jusqu’à 5 % de quartz, sont présents sur la bordure ouest du complexe. Nous en avons également observé sur la bordure NW du Complexe de Valrennes ainsi que dans le canton de Rainboth sur des affleurements à mi-distance entre les roches ultramafiques (Hocq, 1983) et les affleurements visités sur le bord de la route Joutel à Authier.
Les granophyres [granitoïdes riches en quartz] ont une épaisseur estimée de l’ordre de 800 à 1200 m le long de la route Joutel à Authier. Ils sont caractérisés par des textures granophyriques (d
max ≈ 2 cm), par la cristallisation d’amphiboles en aiguilles (l ≈ 4 cm) ou en nodules (d ≈ 1 cm) et par la présence de quartz bleuté. Au microscope polarisant les amphiboles sont en aiguilles monocristallines au pléochroïsme variant de vert jaunâtre à vert foncé, voire bleu verdâtre. Les nodules sont formés d’un agrégat d’amphiboles à grain fin contenant un peu de quartz à grain fin. Un granophyre [granitoïde riche en quartz] aux amphiboles bleutées contient des plagioclases (An
13 à An
37) en texture granophyrique et des amphiboles ferropargasitiques en aiguilles ».
Épaisseur et distribution
Le Complexe de Valrennes s’observe sur une largeur E-W maximale de ∼5 km et s’étend selon un axe N-S sur >24 km. Il est limité au nord par la
Zone de cisaillement de Kakinogama et au sud par une zone de cisaillement qui n’a pas été nommée. L’unité correspond à une anomalie aéromagnétique de forte intensité à la bordure est du
Pluton de Mistaouac (Keating et D’Amours, 2010); le patron de l’anomalie suggère l’interférence entre deux générations de plis, soit N-S et E-W.
Datation
Un échantillon de diorite quartzifère pegmatitique (
SGNO-1999-04) récolté à la base du Complexe de Valrennes, à ∼7 km au SW de la mine de Poirier, a livré des zircons permettant de déterminer un âge de cristallisation U/Pb de 2728,0 ±0,9 Ma (Legault
et al., 2002).
Unité |
Système isotopique |
Minéral |
Âge de cristallisation (Ma) |
(+) |
(-) |
Référence(s) |
nAvln |
U-Pb |
Zircon |
2728,0 |
0,9 |
0,9 |
Legault et al., 2002 |
Relation(s) stratigraphique(s)
Selon Legault et al. (2000, p. 14) : « Le complexe se situe au contact entre les formations de Valrennes et de Joutel. Plusieurs inclusions de basalte et de rhyolite atteignant jusqu’à 300 m d’épaisseur [i.e. de diamètre] sont présentes dans le complexe. Une lentille de sulfures massifs (pyrrhotine, pyrite) stérile est associée à l’inclusion de rhyolite ». Selon Legault et al. (2000, p. 16) : « Les mesures de litage magmatique indiquent que celui-ci est parallèle à la forme du complexe; c’est-à-dire que la stratigraphie est N-S dans la partie SW et qu’elle devient E-W dans la partie NE. Ces mesures sont aussi compatibles avec celles prises dans la Formation de Valrennes, suggérant que le complexe est concordant. Cependant, ce dernier semble recouper les différentes coulées formant le Membre de Poirier, indiquant que le complexe est sub-concordant ». La partie sud du Complexe de Valrennes s’est mise en place directement à la limite entre la Formation de Valrennes et le Groupe de Vanier-Dalet-Poirier.
Paléontologie
Ne s’applique pas.
Références
Publications accessibles dans SIGÉOM Examine
CHABOT, N., LACROIX, S., BEAUSOLEIL, C., 2003. Rivière Gale (32E08-200-0102) In: MRNF, 2010. CARTE(S) GÉOLOGIQUE(S) DU SIGEOM – feuillet 32E. CG SIGEOM32E, 57 plans. Disponible à https://gq.mines.gouv.qc.ca/documents/EXAMINE/RP200705.
DUBÉ, L.-M., 1989. GÉOLOGIE DE LA RÉGION DE JOUTEL-RUISSEAU KISTABICHE – ABITIBI -. MRN. DP-89-10, 1 plan.
DUBÉ, L.-M., 1993. GÉOLOGIE DE LA RÉGION DE JOUTEL (ABITIBI). MRN. ET 90-12, 72 pages et 2 plans.
HOCQ, M., 1983. CANTONS DE DALET ET DE MAZARIN ET PARTIES DES CANTONS ADJACENTS. MRN. DP-83-25, 1 plan.
KEATING, P., D’AMOURS, I., 2010. Réédition des données numériques en format Géosoft (profils) des levés aéroportés de l’Abitibi, au Québec. MRNF, COMMISSION GÉOLOGIQUE DU CANADA; DP 2010-09, 6 pages.
LEGAULT, M., 2002. Compilation géologique – Lac Wawagosic (32E07-200-0102) In: MRNF, 2010. CARTE(S) GÉOLOGIQUE(S) DU SIGEOM – feuillet 32E. CG SIGEOM32E, 57 plans. Disponible à https://gq.mines.gouv.qc.ca/documents/EXAMINE/GM59903. Disponible à https://gq.mines.gouv.qc.ca/documents/EXAMINE/RP200902. Disponible à https://gq.mines.gouv.qc.ca/documents/EXAMINE/ET200205. Disponible à https://gq.mines.gouv.qc.ca/documents/EXAMINE/RG201002. Disponible à https://gq.mines.gouv.qc.ca/documents/EXAMINE/RP200906.
LEGAULT, M., 2003. Compilation géologique – Joutel (32E08-200-0201) In: MRNF, 2010. CARTE(S) GÉOLOGIQUE(S) DU SIGEOM – feuillet 32E. CG SIGEOM32E, 57 plans. Disponible à https://gq.mines.gouv.qc.ca/documents/EXAMINE/DPV574.
LEGAULT, M., CHABOT, N., BEAUSOLEIL, C., 2003. Compilation géologique – Collines Hedge (32E08-200-0101) In: MRNF, 2010. CARTE(S) GÉOLOGIQUE(S) DU SIGEOM – feuillet 32E. CG SIGEOM32E, 57 plans. Disponible à https://gq.mines.gouv.qc.ca/documents/EXAMINE/RG200004.
LEGAULT, M., DAIGNEAULT, R., MUELLER, W., GAUTHIER, M., JÉBRAK, M., PICHÉ, M., 2000. CONTEXTE GÉOLOGIQUE DU CAMP MINIER DE JOUTEL. MRN. MB 2000-10, 46 pages. Disponible à https://gq.mines.gouv.qc.ca/documents/EXAMINE/RG200209. Disponible à https://gq.mines.gouv.qc.ca/documents/EXAMINE/ET200206.
LEGAULT, M., GAUTHIER, M., JÉBRAK, M., MUELLER, W.U., DAIGNEAULT, R., DAVIS, D.W., BAILLARGEON, F., 2002. ÉVOLUTION DU COMPLEXE VOLCANIQUE DE JOUTEL, SOUS-PROVINCE DE L’ABITIBI. MRN. ET 2001-01, 49 pages. Disponible à https://gq.mines.gouv.qc.ca/documents/EXAMINE/RG200108.
RHÉAULT, M., 1989. INTÉGRATION DE DONNÉES GÉOPHYSIQUES, GÉOCHIMIQUES ET DE TÉLÉDÉTECTION DANS LA RÉGION DE JOUTEL, ABITIBI. LAVALIN. MB 88-42, 49 pages et 7 plans. Disponible à https://gq.mines.gouv.qc.ca/documents/EXAMINE/GM59904.
RHÉAUME, P., 2010. GÉOLOGIE DU FEUILLET LAC WATSON (32F12-200-0201), ET DES PORTIONS ATTENANTES DES FEUILLETS RIVIÈRE SUBERCASE (32E09-200-0202), LAC DE LA GAUCHETIÈRE (32E16-200-0102) ET LAC MACIVOR (32F13-200-0101), RÉGION DE MATAGAMI. MRNF; MB 2010-05, 14 pages, 4 plans.
Autres publications
Citation suggérée
Collaborateurs
Première publication
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François Leclerc, géo. Ph. D. francois.leclerc@mrnf.gouv.qc.ca (rédaction)
Philippe Pagé, géo., Ph. D. (coordination et lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique); André Tremblay (montage HTML).
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