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Auteur(s) | Bandyayera et Daoudene, 2018a |
Méthodologie | Défini à partir d’un levé géologique |
Appartenance | Province du Supérieur/Sous-province de Nemiscau |
Mouvement principal | Senestre-normal |
Style de déformation | Homogène |
Faciès métamorphique (faciès moyen lié à la déformation principale) | Amphibolites supérieur à granulites |
Historique et méthodologie
La Zone de cisaillement de l’Échancrure a d’abord été introduite par Bandyayera et Daoudene (2018a) dans les feuillets SNRC 32N06 et 32N07 à la suite du levé géologique du secteur ouest de la rivière Rupert. Bandyayera et Daoudene (2018a) ont déterminé le tracé de la zone de déformation, initialement baptisée la « Zone de cisaillement du Lac de l’Échancrure », principalement à partir des contrastes métamorphique et géophysique entre les domaines situés de part et d’autre. Toutefois, ils ont noté que les paragneiss migmatitisés du Complexe de Ruppert sont plus déformés au voisinage du tracé. Bandyayera et Daoudene (2018b) ont ensuite prolongé la zone de déformation vers l’est (coin SW du feuillet 32N08). À l’aide du levé aéromagnétique régional de D’Amours (2011), et dans le cadre de leur synthèse géologique de la Sous-province de Nemiscau, Bandyayera et al. (2022) ont finalement étendu la zone de déformation, renommée la « Zone de cisaillement de l’Échancrure », de la partie nord du feuillet 32N01 jusqu’à la Plate-forme de la baie d’Hudson (feuillet 32M07). Il est à noter que Pedreira et al. (2018, 2019 et 2020) ont aussi étudié la Zone de cisaillement de l’Échancrure dans les feuillets 32N06, 32N07 et 32N08.
Le nom de cette zone de cisaillement provient du lac de l’Échancrure, situé dans le coin SE du feuillet 32N06.
Limites et morphologie
Largeur (km) | 0,2 à 0,6 |
Longueur (km) | ~185 |
Orientation | E-W |
La Zone de cisaillement de l’Échancrure s’étend d’ouest en est (feuillets 32M07, 32M08, 32N05, 32N06, 32N07, 32N08 et 32N01). Elle forme une étroite bande orientée E-W à ESE-WNW d’une longueur de ~185 km et d’une largeur de 200 m à 600 m. Sur la majeure partie de son tracé, cette zone de cisaillement sépare le Domaine structural de Mezières, au nord, du Domaine structural d’Encaissé, au sud. À son extrémité occidentale, elle sépare les domaines structuraux de Baie de Rupert, au nord, et d’Encaissé, au sud.
Unités stratigraphiques concernées
Les unités stratigraphiques présentes le long de la Zone de cisaillement de l’Échancrure sont :
- Le Complexe de Wettigo (Awti2).
- le Complexe de Rupert (Aru2, nAru3, nAru4 et nAru5);
- les Dykes de Senneterre (pPsen);
- les Dykes de l’Abitibi (mPabi).
Caractéristiques structurales
Bandyayera et Daoudene (2018a) et Pedreira et al. (2019) soulignent que les affleurements sont rares et généralement de piètre qualité le long de la Zone de cisaillement de l’Échancrure. Néanmoins, les observations de ces auteurs dans les feuillets 32N06 et 32N07 indiquent que les roches de la Zone de cisaillement de l’Échancrure présentent des fabriques associées minimalement à deux phases de déformation. La phase la plus tardive Dn est régionalement attribuée à D3, alors que la plus précoce Dn-1 est associée à D2 (Bandyayera et al., 2022).
❯ Fabriques principales
Les unités stratigraphiques affectées par la Zone de cisaillement de l’Échancrure sont les paragneiss variablement migmatitisés du Complexe de Rupert (nAru2, nAru3, nAru4 et nAru5) et les granodiorites du Complexe de Wettigo (Awti2).
La fabrique Sn consiste en une foliation tectonométamorphique diffuse, fortement développée et communément mylonitique. Le caractère rectiligne de la fabrique Sn dans la zone de cisaillement est un critère distinctif par rapport aux fabriques régionales des domaines adjacents (Bandyayera et Daoudene, 2018a; Pedreira et al., 2019), où leur attitude est plus variable et couramment curviligne en carte.
En affleurement, les évidences d’une déformation intense au sein de la Zone de cisaillement de l’Échancrure se manifestent principalement par la très forte parallélisation de l’ensemble des fabriques planaires (foliation migmatitique précoce Sn-1, plans axiaux Pn+1, etc.) et par la structure en boudins et étranglements (pinch-and-swell structure) des injections quartzofeldspathiques (Bandyayera et Daoudene, 2018a; Pedreira et al., 2019). La structure mylonitique peut localement s’observer avec la désagrégation des niveaux de mobilisat le long des plans de foliation, montrant ainsi une réduction significative de la taille des grains.
La projection stéréographique des pôles de 44 mesures montre que la fabrique Sn est constamment orientée E-W à ESE-WNW. La direction moyenne (281°) est cohérente avec l’orientation générale de la zone de cisaillement. Bien que certaines mesures ont un pendage vers le sud, la majorité présente un pendage abrupt dirigé vers le nord. Pour cette raison, le pendage moyen de 85° semble être représentatif de celui de la zone de cisaillement qui dont la pente est globalement vers le nord.
Selon Pedreira et al. (2019) les rares linéation Ln mesurées dans les feuillets 32N06 et 32N07 montrent un angle de chute faible (<25°) vers l’ouest.
Fabrique principale | Type de fabrique | Direction (°) | Pendage (°) | Nombre de mesures | Commentaires |
Foliation Sn | Rubanement migmatitique et foliation mylonitique | 281 | 85 | 44 | Mesures provenant de Gilain (1964), Remick et Ahmedali (1974) et Bandyayera et Daoudene (2018a, 2018b) |
Linéation Ln | – | – | – | – | Selon Pedreira et al. (2019), les linéations Ln présentent généralement un faible ange de chute (<25°) vers l’ouest (feuillets 32N06 et 32N07). |
❯ Autres fabriques
La fabrique planaire Sn-1 s’exprime par le rubanement migmatitique des paragneiss du Complexe de Rupert. Du fait de l’intensité de la déformation, cette fabrique est généralement confondue avec Sn.
❯ Plis
En affleurement, des plis Pn avec Sn comme plan axial reprennent la foliation migmatitique Sn-1 des paragneiss du Complexe de Ruppert. Ces plis sont isoclinaux et montrent une longueur d’onde centimétrique et une amplitude pouvant atteindre plusieurs dizaines de centimètres.
❯ Relations de recoupement
Non observé.
❯ Cinématique
Que ce soit à l’échelle macroscopique ou microscopique, aucun indicateur cinématique observé dans un plan perpendiculaire à la foliation et parallèle à la linéation ne permet de préciser la direction et le sens du mouvement le long de la Zone de cisaillement de l’Échancrure. Toutefois, en considérant un pendage moyen vers le nord, une linéation à faible angle de chute vers l’ouest et des roches aux conditions métamorphiques de plus haute température dans le Domaine structural d’Encaissé au sud, la zone de cisaillement semble globalement montrer un mouvement senestre-normal durant la phase de déformation Dn, même si Pedreira et al. (2019) ont observé localement sur des plans horizontaux des bandes de cisaillement dextres coupant des niveaux de mobilisat.
Style de la déformation
Malgré la rareté et la piètre qualité des affleurements, les observations de terrain montrent que les paragneiss migmatitisés du Complex de Rupert sont intensément déformés le long de la Zone de cisaillement de l’Échancrure. L’intensité de la déformation, qui est assez homogène à l’échelle de la zone de cisaillement, est soulignée par la rectitude de la fabriques Sn, la forte transposition de l’ensemble des fabriques planaires et la mylonitisation locale des niveaux de mobilisat. La présence de plis isoclinaux aux plans axiaux E-W et d’injections ou de niveaux de mobilisat à structure en boudins et étranglements témoignent d’un fort raccourcissement N-S et d’un étirement E-W significatif durant Dn, lequel est aussi souligné par les linéations à angle de chute faible généralement vers l’ouest dans les feuillets 32N06 et 32N07 (Pedreira et al., 2019). Par l’analyse des caractéristiques métamorphiques des régions situées de part et d’autre, on note que la Zone de cisaillement de l’Échancrure semble avoir accommodé la remontée et le déplacement relatif vers l’est du Domaine structural d’Encaissé, au sud, par rapport au Domaine structural de Mezières, au nord, durant la phase de déformation Dn.
Caractéristiques métamorphiques
La Zone de cisaillement de l’Échancrure se superpose à l’isograde métamorphique d’apparition de l’orthopyroxène qui caractérise les paragneiss du Complexe de Rupert, dans le Domaine structural d’Encaissé, au sud. Ainsi, la zone de cisaillement semble s’être développée dans des conditions correspondantes à la transition entre le faciès supérieur des amphibolites et le faciès des granulites.
Altérations
Non observé.
Caractéristiques géophysiques
Les caractéristiques géophysiques sont décrites en utilisant la nomenclature de Lavoie (2017). La description des textures magnétiques est faite à partir de la carte du gradient vertical du champ magnétique résiduel (D’Amours, 2011a et 2011b; D’Amours et Intissar, 2012).
Le tracé de la Zone de cisaillement de l’Échancrure se superpose à un changement abrupt de la susceptibilité magnétique (carte du gradient vertical). Les domaines structuraux de Mezières et de Baie de Rupert, situés immédiatement au nord de la zone de cisaillement, montrent respectivement des textures isotropes lisses et chagrinées avec une valeur moyenne de susceptibilité faible à modérée. Au sud, le Domaine structural d’Encaissé se démarque par une texture rubanée avec d’intenses valeurs de susceptibilité magnétique.
Repères chronologiques
À ce jour, aucun âge absolu ne permet de préciser l’âge de la Zone de cisaillement de l’Échancrure. Néanmoins, une diatexite dérivée de paragneiss du Complexe de Rupert, échantillonnée dans la partie orientale du Domaine structural de Mezières (feuillet 32N08; éch. 2017-DB-1050A), a été datée en U/Pb sur zircon à 2688,3 ±4,7 Ma (David, 2020). Cet âge est interprété comme celui de la fusion partielle des roches sédimentaires ainsi que de la phase de déformation Dn-1, impliquant que le fonctionnement de la zone de cisaillement durant Dn est plus jeune que ~2690 Ma.
Références
Publications accessibles dans Sigéom Examine
BANDYAYERA, D., CARON-CÔTÉ, E., PEDREIRA PÉREZ, R., CÔTÉ-ROBERGE, M., CHARTIER-MONTREUIL, W., 2022. Synthèse géologique de la Sous-province de Nemiscau, Eeyou Istchee Baie-James, Québec, Canada. MERN. BG 2021-03, 1 plan.
BANDYAYERA, D., DAOUDENE, Y., 2018a. Géologie de la région du lac Nemiscau, secteur ouest de la rivière Rupert (SNRC 32N06, 32N07 et 32N11). MERN; RG 2018-03, 58 pages et 1 plan.
BANDYAYERA, D., DAOUDENE, Y., 2018b. Géologie de la région du lac Champion, sous-provinces de La Grande et de Nemiscau, à l’est de Waskaganish, Eeyou Istchee Baie-James, Québec, Canada. MERN; BG 2018-06, 2 plans.
D’AMOURS, I., 2011a. Levé magnétique aéroporté de la partie sud-est de la Sous-province de Nemiscau et de la partie nord de la Sous-province d’Opinaca, Baie-James, Québec. MRNF; DP 2011-02 , 8 pages, 92 plans.
D’AMOURS, I., 2011b. Levé magnétique aéroporté dans le secteur de Nemiscau, Baie-James, Québec. MRNF; DP 2011-03 , 8 pages, 44 plans.
D’AMOURS, I., INTISSAR, R., 2012. Levé magnétique aéroporté dans le secteur du lac Evans, Baie-James. MRNF; DP 2012-01 , 8 pages, 66 plans.
DAVID, J. 2018. Datations U-Pb dans la Province du Supérieur effectuées au GEOTOP en 2015-2016. MERN; MB 2018-16, 24 pages
Citation suggérée
Ministère de l’Énergie et des ressources naturelles (MERN). Zone de cisaillement de l’Échancrure. Lexique structural du Québec. https://gq.mines.gouv.qc.ca/lexique-structural/zone-de-cisaillement-de-lechancrure/ [cité le jour mois année].
Collaborateurs
Première publication |
Emmanuel Caron-Côté, géo. M. Sc. emmanuel.caron-cote@mern.gouv.qc.ca (rédaction) Ghyslain Roy, géo. (coordination); Yannick Daoudene, géo., Ph. D. yannick.daoudene@mern.gouv.qc.ca (lecture critique); Simon Auclair, géo. M. Sc. (révision linguistique); André Tremblay (montage HTML). |