Dans les travaux de cartographie de Franconi et al. (1971, 1975), les roches correspondant à la Suite plutonique de Caotibi sont associées principalement à une unité indifférenciée de migmatite. Plusieurs dizaines d’années plus tard, sur les premières cartes récentes (2010) du Ministère (feuillets SNRC 22J13, 22J14, 22O03 et 22O04), une unité de granite porphyroïde déformé et magnétique, hématitisé et localement épidotisé, contenant des dykes de granite à grain fin et de granite pegmatitique est assignée à l’unité mPcca3 de la Suite plutonique de Cacaoui (désormais le Pluton de Cacaoui) (Gagnon et al., 2010; Moukhsil, 2010; Moukhsil et Gagnon, 2010; Solgadi et Moukhsil, 2010). De plus, dans le feuillet 22J13, une unité de syénite et de monzonite est assignée à la Suite de La Ligne (Gagnon et al., 2010). Puisque, contrairement aux autres faciès du Pluton de Cacaoui, l’unité mPcaa3 ne contient pas d’orthopyroxène, elle est rapidement retirée du Pluton de Cacaoui et assignée à une nouvelle unité formelle, la Suite plutonique de Caotibi (mPcao1; Moukhsil, 2012a-d; Moukhsil et Solgadi, 2011; Moukhsil et al., 2012, 2013a-b, 2014, 2017). Cette suite est introduite par Moukhsil et al. (2012) pour définir les roches ignées tarditectoniques de la région du lac du Milieu (feuillets 22J13 et 22J14, 22O03 et 22O04). Comme l’unité de syénite et de monzonite est spatialement associée à l’unité de granite porphyroïde désormais assignée à la Suite plutonique de Caotibi (mPcao1), elle est également réassignée à la Suite plutonique de Caotibi (mPcao2; Moukhsil, 2012c; Moukhsil et al., 2012). Par ailleurs, la Suite de La Ligne est située plus au sud (feuillet 23G). Le nom de la suite plutonique fait référence au Grand lac Caotibi situé à la jonction des feuillets 22J11 à 22J14.

La Suite plutonique de Caotibi est principalement constituée d’une unité de granite et de monzonite porphyroïdes, déformés et magnétiques coupés par des dykes de granite à grain fin ou pegmatitique (mPcao1; Moukhsil, 2012a-d; Moukhsil et Solgadi, 2011; Moukhsil et al., 2012, 2013a-b, 2014, 2017). La suite comprend également une unité mineure de syénite, de monzonite et de syénite quartzifère (Moukhsil, 2012c; Moukhsil et al., 2012).

Suite plutonique de Caotibi 1 (mPcao1) : Granite et monzonite porphyroïdes, déformés, magnétiques; dykes de granite à grain fin ou pegmatitique

L’unité mPcao1 est l’unité principale, étant donné qu’elle représente >90 % de la suite. Elle est constituée de granite et de monzonite porphyroïdes (Moukhsil et al., 2012, 2014). Ces roches sont localement déformées et sont communément fortement hématitisées et épidotisées, principalement le long des fractures et des diaclases tardives. Le granite et la monzonite, très magnétiques, sont faciles à délimiter sur la carte aéromagnétique. La monzonite contient du plagioclase partiellement altéré, et ce dernier est accompagné de titanite en traces, d’épidote et de minéraux ferromagnésiens chloritisés.

Des dykes de granite à grain fin, d’épaisseur centimétrique à métrique et à texture magmatique, s’injectent dans l’unité mPcao1 (Moukhsil et al., 2012, 2014). Plusieurs familles de dykes de pegmatite rose et de composition granitique, elles-mêmes enrichies en magnétite et hématitisés, coupent également l’unité mPcao 1. Ces dykes peuvent donc être considérés comme les derniers magmas qui se sont mis en place et pourraient provenir d’une même source que la lithologie principale. De nombreuses enclaves et de nombreux dykes à contours lobés de roches mafiques (diorite, diorite quartzifère) sont également associés à l’unité mPcao1 et sont probablement contemporains à la mise en place de la masse principale de granite. Une zone minéralisée en terres rares, nommée Arthur Est, est contenue dans des amas et dykes de pegmatite granitique rose qui sont discordants avec le granite à biotite et à magnétite de la Suite plutonique de Caotibi (Moukhsil et al., 2012). La zone est constituée d’amas et de dykes contenant de l’allante visible en affleurement, ainsi que de la titanite et du zircon en traces.

Les roches de l’unité mPcao1 sont peralumineuses à métalumineuses, mais restent dans le domaine des granites de type I (Moukhsil et al., 2012). Du point de vue de l’environnement tectonique, ces roches ont plutôt une signature géochimique de granite d’arc volcanique, bien que quelques points se situent dans le domaine des granites intraplaques ou syncollisionels. Cette variabilité dans les données chimiques est aussi observée sur le diagramme multiéléments, qui montre des patrons très dispersés. Ces observations montrent que l’unité mPcao1 provient probablement de plusieurs injections de magmas d’origine légèrement différente. De plus, les nombreuses enclaves de matériel mafique à l’intérieur de cette unité ont pu contaminer le magma de manière locale, ce qui expliquerait en partie cette dispersion.

Suite plutonique de Caotibi 2 (mPcao2) : Syénite, monzonite, syénite quartzifère

L’unité mPcao2 affleure à ~2 km au nord du Petit lac Caotibi (coin NE du feuillet 22J13), où elle constitue une petite intrusion de ∼6 km moyennement à fortement magnétique (Moukhsil et al., 2012). Cette unité est constituée de syénite de granulométrie fine à moyenne, généralement foliée et contenant de grandes enclaves de gneiss à biotite et porphyroclastique à phénocristaux de feldspath potassique, un faciès ressemblant au faciès déformé de la Suite plutonique de Bardoux (mPbar1). La syénite contient localement des schlierens de biotite. En lame mince, la syénite montre du microcline altéré et hématitisé, des textures magmatiques (quartz en grandes plages, macles polysynthétiques du plagioclase parallèles à subparallèles entre elles) et une proportion relativement élevée de minéraux opaques (10 à 15 %). En affleurement, la syénite contient de petits grains entourés d’un halo rougeâtre, résultant probablement d’une altération radiogénique autour d’un minéral radioactif (non identifié). Elle contient aussi des traces de monazite, une proportion mineure de pyrite et des traces de chalcopyrite. L’unité mPcao2 contient également des proportions mineures de monzonite et de syénite quartzifère.

La seule analyse géochimique de l’unité mPcao2 provient d’une syénite quartzifère, peralumineuse (de type I), qui se situe dans le domaine des granites d’arc volcanique (Moukhsil et al., 2012), comme la majorité des roches de l’unité mPcao1. L’unité mPcao2 possède par contre des valeurs élevées en K, Zr et Hf et des valeurs plus faibles en Nb et en Ta. Elle peut être considérée comme étant constituée de roches intrusives un peu plus évoluées que celles de l’unité mPcao1, enrichies en K et contenant des minéraux accessoires comme le zircon. Par contre, les profils en terres rares de ces deux unités sont comparables.