La Formation de La Bruère est cartographiée dans la région de Rouyn-Noranda (feuillet SQRC 32D02-200-0201) dès les années 1930 comme du conglomérat avec du grauwacke interstratifié (Cooke et al., 1931; Hawley, 1934; James et al., 1935; CGC, 1936). Cependant, ces roches ne sont pas différenciées de celles de la Formation de Granada, au sud et au SW (feuillets 32D02-200-0201 et 32D03-200-0202), et du Groupe de Timiskaming, à l’est et à l’ouest (moitié nord des feuillets 32D01, 32D02 et 32D03). Par la suite, Robinson (1952) et Dugas et Gilbert (1953) individualisent, respectivement, une unité de grauwacke, au sud, et une unité de conglomérat, au nord, parmi les roches sédimentaires de type témiscamien non différenciées de la région. Dugas et al. (1961) et Goodwin (1980) identifient simplement ces roches sédimentaires de type témiscamien non différenciées, alors que Dimroth et al. (1974) les nomment « Groupe Timiskaming » et en distinguent une unité constituée essentiellement de conglomérat polygénique avec quelques interstratifications de grès fin à grossier, et une unité de grès fin à grossier avec quelques interstratifications de conglomérat polygénique.

Goulet (1978) distingue les roches sédimentaires situées au nord de la Zone tectonique de Cadillac (« Faille de Cadillac-Larder Lake ») de celles du Groupe de Timiskaming, au sud, et les nomme de façon informelle « groupe de Granada ». Le groupe de Granada comprend alors la Formation de La Bruère dans le secteur de l’avenue Larivière, à l’est, et l’unité nAti3 du Groupe de Timiskaming actuel dans le secteur de Granada, à l’ouest. Goulet (1978) définit une unité de conglomérat de base contenant des galets de jaspilite à magnétite et de fuchsite (M1) ainsi qu’une unité de grauwacke et de grès (M2). Rocheleau (1980) renomme de façon formelle ces roches situées au nord de la Zone tectonique de Cadillac « Formation de La Bruère ». Leduc et Forest (1984) et Leduc (1986) associent également la grauwacke laminée située à l’extrémité ouest de l’unité nAti3 du Groupe de Timiskaming (feuillet 32D03-200-0202) à la Formation de La Bruère. Le nom de formation de La Bruère apparaît de façon informelle dans les travaux de Jébrak et al. (1991) portant sur l’ancienne mine aurifère McWatters. Ces auteurs décrivent, du nord au sud, du conglomérat polygénique (S4E) et du wacke lithique (S3E), par endroits interstratifiés (S4E+S3E), du grès lithique (S1E) et du siltslate (S6C). La Formation de La Bruère est limitée au secteur de McWatters (feuillet 32D02-200-0201) dans les travaux de compilation du Ministère (Beausoleil et Goutier, 2005) qui différencient en carte du conglomérat polygénique (S4D) ainsi que du grès lithique et du siltslate (S1E-S6C). La subdivision actuelle en deux unités informelles a été définie dans le cadre de la rédaction de cette fiche stratigraphique en fonction de ces distinctions en carte. Le nom fait référence au lac La Bruère situé dans le secteur SE de la ville de Rouyn-Noranda (feuillet 32D02-200-0201).

La Formation de La Bruère consiste en un assemblage distinct de conglomérat polygénique et de grès lithique (Goulet, 1978). Elle comprend deux unités informelles : un conglomérat polygénique, à la base, caractérisé par des fragments de jaspilite, de fuchsite, de magnétite et de basalte variolitique (nAlb1) ainsi qu’une séquence de grès et de siltslate sus-jacente (nAlb2) (Goulet, 1978; Jébrak et al., 1991). Le patron de chenalisation, les stratifications entrecroisées grossières et les variations latérales rapides entre le conglomérat et le grès suggèrent que les roches sédimentaires de la Formation de La Bruère représentent des dépôts de cône fluviatile alluvionnaire (Goulet, 1978; Rocheleau, 1980; Jébrak et al., 1991).

Formation de La Bruère 1 (nAbl1) : Conglomérat polygénique

L’unité nAlb1 est constituée de conglomérat polygénique dans une matrice volcanique à la base (épaisseur de ~20 m), gréseuse au sommet (Jébrak et al., 1991). Le conglomérat de base est composé de cailloux et de galets arrondis à subarrondis de roches volcaniques mafique et felsique, de wacke, de siltstone, de porphyre feldspathique, de quartz, de magnétite, de jaspilite, de fuchsite, de granodiorite et de chert (Goulet, 1978; Jébrak et al., 1991). Les fragments sont jointifs et baignent dans une matrice de wacke à grain fin à moyen contenant de la tourmaline fine (Goulet, 1978; Rocheleau, 1980). Les fragments de grandes dimensions ont habituellement un diamètre de 10 à 30 cm, atteignant rarement 60 cm. Ils sont généralement beaucoup moins déformés que ceux observés dans les conglomérats au sud de la Zone tectonique de Cadillac (p. ex. dans la Formation de Granada) (Goulet, 1978). La présence de fuchsite vert pâle (un mica chromifère) et de jaspilite caractérise cette unité. La proportion de fragments de roche volcanique mafique augmente vers le nord, c.-à-d. vers la base de l’unité, et ceux-ci sont subangulaires, mais plutôt bien triés.

Formation de La Bruère 2 (nAbl2) : Grès lithique et siltslate

Dans la partie la plus épaisse de la formation, le conglomérat de base (nAlb1) passe graduellement à un grès lithique de granulométrie moyenne à grossière, rarement trié (nAlb2) (Goulet, 1978). Le sommet de la Formation de La Bruère est marqué par des unités de grès silteux et argileux (Jébrak et al., 1991). La taille des clastes décroît donc vers le sommet, alors que la taille et le nombre des unités gréseuses augmentent. Le grès de l’unité nAlb2 a la même composition que le grès interstratifié dans l’unité de conglomérat de base (nAlb1) (Goulet, 1978). Des chenaux sécants aux stratifications parallèles dans du grès à cailloux sont remplis de conglomérat polygénique. Des traînées et des lentilles de conglomérat ainsi que des stratifications entrecroisées en séquence de 10 cm de hauteur sont également communes.

Le grès se compose de grains subarrondis de quartz, de feldspath, de fragments de roche volcanique, de chlorite, de séricite, de muscovite et d’une proportion variable de carbonate (Goulet, 1978). La proportion de carbonate, un minéral d’altération tardive, augmente vers le sommet de l’unité et en s’approchant de la Zone tectonique de Cadillac et constitue, localement, jusqu’à 50 % de la roche qui arbore alors une teinte brun rouille.