Complexe de Maingault
Étiquette stratigraphique : [narc]mng
Symbole cartographique : nAmng
 

Première publication : 4 décembre 2020
Dernière modification : 16 juin 2025
Subdivision(s) informelle(s)
La numérotation ne reflète pas nécessairement la position stratigraphique.
 
nAmng5 Granite à biotite ± magnétite et pegmatite granitique
nAmng4 Granodiorite foliée à enclaves de tonalite
nAmng3 Tonalite à biotite ± hornblende foliée
nAmng2 Diorite et diorite quartzifère foliées
nAmng1 Gneiss tonalitique et tonalite gneissique
 
Auteur :
Beauchamp, 2020
Âge :
Néoarchéen
Stratotype :
Aucun
Région type :
Régions du lac Cadieux et de l’île Bohier (feuillets SNRC 32P14, 33A01 et 33A02)
Province géologique :
Subdivision géologique :
Sous-province de La Grande
Lithologie : Roches plutoniques et métamorphiques
Catégorie :
Lithodémique
Rang :
Complexe
Statut : Formel
Usage : Actif

Historique

Le nom « Complexe de Maingault » a été introduit par Beauchamp (2020) pour décrire un ensemble de roches intrusives et gneissiques, localement migmatitisées, qui affleure au sud du lac Maingault et au nord des monts Tichégami (feuillets SNRC 33A01, 33A02, 33A03, 32P14, 32P15 et 32P16). Ces roches ont été décrites comme des gneiss quartzo-feldspathiques par Chown (1971) à la suite de travaux de cartographie dans la région de Tichégami. Beauchamp (2020) a plus tard subdivisé le Complexe de Maingault en trois unités principales : tonalite et diorite quartzifère foliées, rubanées à gneissiques, à biotite et hornblende (nAmng1); gabbro, diorite et amphibolite foliées à pyroxène et hornblende (nAmng2); et péridotite foliée, à texture de cumulat (nAmng3).

De nouvelles informations obtenues à la suite des travaux de cartographie à l’échelle 1/50 000 par Bandyayera et al. (2024) et Chartier-Montreuil et Saint-Laurent (2024) au SW et à l’ouest du secteur cartographié par Beauchamp (2020) ont conduit à la révision en profondeur du Complexe de Maingault. Les intrusions mafiques et ultramafiques ont ainsi été réassignées à la Suite mafique-ultramafique de Chamic, tandis que les roches volcano-sédimentaires amphibolitisées font désormais partie de la Formation de Mistamiquechamic. Le Complexe de Maingault ne désigne donc plus que l’ensemble de roches intrusives felsiques et intermédiaires foliées à gneissiques.

Description

Le Complexe de Maingault constitue un ensemble de roches intrusives et gneissiques, felsiques et intermédiaires, localement migmatitisées. Il comprend cinq unités informelles (Bandyayera et al., 2024) :

  • gneiss tonalitique et tonalite gneissique (nAmng1);
  • diorite et diorite quartzifère foliées (nAmng2);
  • tonalite à biotite ± hornblende foliée (nAmng3);
  • granodiorite foliée avec enclaves de tonalite (nAmng4);
  • granite à biotite ± magnétite et pegmatite granitique (nAmng5).

La chronologie relative de ces unités n’est pas établie avec précision. En se basant sur les relations de recoupement, on peut toutefois supposer que les granites et les pegmatites sont plus tardifs. 

Complexe de Maingault 1 (nAmng1) : Gneiss tonalitique, localement granitique; tonalite gneissique

L’unité nAmng1 regroupe un ensemble de gneiss tonalitique, de gneiss granitique et de tonalite gneissique localement rubanés, faiblement migmatitisés et légèrement à fortement magnétiques. La roche est gris blanchâtre à beige rosâtre en surface altérée et gris clair à moyen en cassure fraiche. Par endroits, la tonalite est fortement hématitisée et peut être confondue, sur le terrain, avec un granite. La granulométrie varie de moyenne à fine. La structure gneissique est définie essentiellement par une alternance de rubans grisâtres millimétriques à centimétriques riches en biotite et hornblende (~15 %) avec des rubans blanchâtres plus riches en plagioclase (>50 %). Le rubanement est localement accentué par les injections centimétriques de granite rose ou de granodiorite moyennement à grossièrement grenus formant des rubans millimétriques à centimétriques disposées parallèlement aux plans de foliation. Ces rubans contiennent de la biotite (1 à 15 %) et de la magnétite (1 à 5 %). Le granite est déformé et montre des grains de quartz étirés.

La roche contient généralement 5 à 15 % d’enclaves centimétriques à métriques de diorite granoblastique à hornblende. Ces enclaves sont généralement réalignées dans les plans de gneissosité et sont plissées (plis isoclinaux) par endroits.

Le gneiss granitique est moyennement à grossièrement grenu, hétérogranulaire et fortement folié à gneissique. Il montre également des rubans de quartz. La roche est rose tant en surface altérée qu’en cassure fraiche.

Dans l’unité nAmng1, le quartz (20 à 30 %) forme des plages polycristallines à extinction roulante ou des rubans aplatis et étirés. Par endroits, des grains amiboïdes et étirés de quartz remplacent une mosaïque de grains plus petits de plagioclase et de biotite. Le feldspath potassique (microcline) est présent en faible proportion (<5 %) sous la forme de petits grains interstitiels. Le plagioclase maclé est faiblement à modérément altéré en séricite fine (surtout en bordure des cristaux). La tonalite contient 5 à 20 % de biotite variablement chloritisée qui est couramment accompagnée d’épidote et de magnétite. De la hornblende pœciloblastique en cristaux hypidiomorphes (5 %) est aussi présente dans quelques échantillons de tonalite. Le clinopyroxène et l’orthopyroxène (jusqu’à 5 %) sont généralement présents dans les niveaux migmatitisés de tonalite ou dans les enclaves de diorite. En lame mince, on observe par endroits des couronnes de clinopyroxène autour des cristaux d’orthopyroxène. Les minéraux ferromagnésiens sont généralement alignés selon la foliation principale. La texture granoblastique est particulièrement bien développée et est marquée par des jonctions triples à 120° des bordures de grains. Les principaux minéraux accessoires sont l’allanite, l’apatite, le zircon, le sphène, l’hématite et la magnétite.

Complexe de Maingault 2 (nAmng2) : Diorite et diorite quartzifère foliées

L’unité nAmng2 est constituée de diorite et de diorite quartzifère qui forment des bandes plissées en bordure et au sein des gneiss tonalitiques de l’unité nAmng1. La diorite est gris moyen à noire en surface altérée et gris foncé en cassure fraiche, tandis que la diorite quartzifère est gris verdâtre clair en surface altérée et beige grisâtre à beige verdâtre en cassure fraiche. Toutes ces roches sont à grain moyen, homogènes, denses, magnétiques et moyennement à fortement foliées. La foliation est soulignée par l’aplatissement et l’étirement des grains de quartz et l’alignement des cristaux de hornblende.

La diorite et la diorite quartzifère contiennent 10 à 40 % de hornblende, 2 à 10 % de biotite, 10 à 15 % de quartz, 1 à 5 % de magnétite et 1 % de pyrite. Les roches de cette unité ont également subi une fusion partielle par endroits. Le quartz de ces roches possède une teinte violacée particulière, semblable à celle du quartz dans le mobilisat des amphibolites migmatitisées de la Formation de Mistamiquechamic.

Complexe de Maingault 3 (nAmng3) : Tonalite à biotite ± hornblende foliée

L’unité nAmng3 est formée de tonalite à biotite ± hornblende gris pâle à beige en surface altérée et gris moyen en cassure fraiche. La roche faiblement magnétique est à grain moyen, homogène, faiblement à fortement foliée et localement gneissique. Elle contient généralement 5 à 10 % de biotite, 5 % de hornblende et 1 % de magnétite.

Cette unité renferme 2 à 10 % d’enclaves de diorite amphibolitisée homogène et granoblastique gris foncé tant en surface altérée qu’en cassure fraiche. Des enclaves de gneiss tonalitique sont également observées par endroits. Ces différentes enclaves sont fortement étirées parallèlement aux plans de foliation. La roche est coupée par de nombreuses injections multiphasées de granite rose à biotite et magnétite, à grain grossier à pegmatitique.

Complexe de Maingault 4 (nAmng4) : Granite à feldspath alcalin et granodiorite foliée

L’unité nAmng4 est essentiellement formée de granite à feldspath alcalin (90 %) et localement de granodiorite foliée (10 %). Elle est caractérisée par de fortes anomalies magnétiques positives sur les cartes aéromagnétiques (D’Amours, 2011). Le granite à feldspath alcalin montre une patine rosée et une cassure fraiche rose saumon foncé (affleurement 2024-DB-1044). À première vue, la roche ressemble à une syénite nettement dominée par le feldspath potassique rose. Cependant, elle contient ∼20 % de quartz, en plus de la biotite (1 à 5 %) et de la magnétite (1 %). La roche est à grain moyen, massive et homogène. Elle présente localement une foliation magmatique marquée par l’alignement de cristaux de feldspath potassique.

Au microscope, les textures magmatiques primaires sont bien préservées. La roche contient du feldspath potassique montrant des exsolutions de plagioclase (perthites), de la biotite chloritisée, de la magnétite et des traces d’épidote et de monazite.

Complexe de Maingault 5 (nAmng5) : Granite à biotite ± magnétite et pegmatite granitique

L’unité nAmng5 se présente sous la forme d’intrusions décamétriques à kilométriques au contact entre les intrusions mafiques et ultramafiques (Suite mafique-ultramafique de Chamic, nAcmi) et les roches volcano-sédimentaires de la Formation de Mistamiquechamic (nAmtc). De petites injections décamétriques de même composition sont également observées au sein du basalte amphibolitisé (nAmtc1) ou du paragneiss de la Formation de Voirdye (nAvrd2).

L’unité est constituée de granite à biotite ± magnétite rose clair en surface altérée et rose moyen à rose-beige en cassure fraiche. La roche faiblement à fortement magnétique est hétérogranulaire, homogène, moyennement à grossièrement grenue, localement pegmatitique et massive à légèrement foliée. Le faciès pegmatitique montre généralement une texture graphique. La roche est généralement hématitisée.

L’unité nAmng5 contient <5 % de minéraux ferromagnésiens et ne comporte pas de grenat. Les principaux minéraux constitutifs de la roche sont le feldspath potassique, le plagioclase, le quartz, la biotite partiellement altérée en chlorite (<5 %) et la magnétite (1 à 3 %). La magnétite se présente en petits grains millimétriques disséminés ou en amas centimétriques noir bleuté. L’apatite et le zircon sont observés comme phases accessoires en lame mince.

L’unité nAmng5 renferme jusqu’à 20 % d’enclaves centimétriques à métriques de tonalite foliée à gneissique, d’amphibolite et de roches mafiques ou ultramafiques.

Épaisseur et distribution

Le Complexe de Maingault s’étend d’est en ouest, depuis le NE de la région du lac Chamic (feuillet 32P14) jusqu’au NW de la région du lac Hippocampe (feuillet 32P16), au nord des monts Tichégami. Il forme une bande qui s’étire sur une distance de 66 km et une largeur de 8 km (feuillets 33A01 à 33A03 et 32P14 à 32P16). L’épaisseur et la distribution des différentes unités ne sont pas connues. Dans la région du lac Chamic, les unités de gneiss tonalitique et de tonalite foliée (nAmng1 et nAmng3) forment 80 % du complexe et s’étendent sur 17 km de longueur et sur 500 m à 4 km de largeur.

Datation

Aucune.

Relation(s) stratigraphique(s)

Le Complexe de Maingault est en contact structural avec les formations de Mistamiquechamic et de Voirdye et est injecté par les intrusions de la Suite mafique-ultramafique de Chamic. Les observations recueillies dans la région du lac Chamic semblent indiquer que le Complexe de Maingault forme un socle mésoarchéen à néoarchéen migmatitisé sur lequel se seraient déposées les unités de roches supracrustales représentées par les formations de Mistamiquechamic et de Voirdye. De plus, la foliation subhorizontale observée dans ce complexe appuie l’interprétation selon laquelle il s’agirait de dômes exhumés au cœur d’anticlinaux régionaux.

D’après Cleven et al. (2020), le Complexe de Maingault est localisé au cœur du domaine métasédimentaire transitionnel entre l’Opinaca, au nord, et le La Grande, au sud. Il constitue ainsi un domaine de croûte profonde exhumée d’importance régionale.

Du conglomérat à cailloux de quartz d’âge paléoprotérozoïque appartenant au Supergroupe d’Otish (<2503 Ma et >2169 Ma; Hamilton et Buchan, 2016; Milidragovic et al., 2016) repose en discordance sur les roches archéennes formant l’extrémité est du Complexe de Maingault.

Le Complexe de Maingault est coupé par des dykes de diabase néoarchéens appartenant à l’Essaim de dykes de Mistassini.

Paléontologie

Ne s’applique pas.

Références

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine

BANDYAYERA, D., ST-LOUIS, G., TALON, N., 2024. Géologie de la région du lac Chamic, sous-provinces d’Opatica et de La Grande, Eeyou Istchee Baie-James, Québec, Canada. MRNF; BG 2024-05, 1 plan.

BANDYAYERA, D., TALON, N., ST-LOUIS, G., 2023. Géologie de la région du lac Michaux, sous-provinces d’Opatica et de La Grande, Eeyou Istchee Baie-James, Québec, Canada. MRNF; BG 2023-10, 1 plan.

BEAUCHAMP, A.-M., 2020. Géologie de la région du lac Cadieux, sous-provinces d’Opatica et d’Opinaca, Eeyou Istchee Baie-James, Québec, Canada. MERN; BG 2019-02, 2 plans.

CHARTIER-MONTREUIL, W., SAINT-LAURENT, C., 2024. Géologie de la région du lac Caulincourt, sous-provinces d’Opinaca et de La Grande, Eeyou Istchee Baie-James, Québec, Canada. MRNF; BG 2024-04, 1 plan.

CHOWN, E.H., 1971. Région de Tichégami. MRN; RG-144, 69 pages, 4 plans.

D’AMOURS, I., 2011. Synthèse des levés magnétiques de la Baie-James. MRNF; DP 2011-08, 5 pages, 2 plans.

Autres publications

CLEVEN, N.R., GUILMETTE, C., DAVIS, D.W., CÔTÉ-ROBERGE, M., 2020. Geodyanamic significance of neoarchean metasedimentary belts in the Superior Province: Detrital zircon U-Pb LA-ICP-MS geochronology of the Opinaca and La Grande supbrovinces. Precambrian Research; volume 347, 105819. https://doi.org/10.1016/j.precamres.2020.105819

HAMILTON, M.A., BUCHAN, K.L., 2016. A 2169 Ma U–Pb baddeleyite age for the Otish Gabbro, Quebec: implications for correlation of Proterozoic magmatic events and sedimentary sequences in the eastern Superior Province. Canadian Journal of Earth Sciences, volume 53, pages 119-128. doi.org/10.1139/cjes-2015-0131

MILIDRAGOVIC, D., BEAUDOUIN, G., HAMILTON, M.A., KING, J.J., 2016. The paleoproterozoic Otish Gabbro suite and coeval dyke swarms of the Superior Province : Probing the ca. 2.17 Ga mantle. Precambrian Research; volume 278, pages 126-144. https://doi.org/10.1016/j.precamres.2016.03.012

Citation suggérée

Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN). Complexe de Maingault. Lexique stratigraphique du Québec. https://gq.mines.gouv.qc.ca/lexique-stratigraphique/province-du-superieur/complexe-de-maingault [cité le jour mois année].

Collaborateurs

Première publication

Anne-Marie Beauchamp, ing., M. Sc. anne-marie.beauchamp@mrnf.gouv.qc.ca (rédaction)

Mehdi A. Guemache, géo., Ph. D. (coordination); Patrice Roy, géo., M. Sc. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique); Céline Dupuis, géo., Ph. D. (version anglaise); Ricardo Escobar Moran (montage HTML). 

Révision

Daniel Bandyayera, géo., Ph. D. daniel.bandyayera@mrnf.gouv.qc.ca (rédaction : 2 mai 2025)

Philippe Pagé, géo., Ph. D. (coordination); Claude Dion, ing., M. Sc. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique); André Tremblay (montage HTML).

 
4 décembre 2020