La Formation de Moulin-à-Baude a été définie par Rondot (1979, 1986) lors des travaux de cartographie dans la région de Forestville-Les Escoumins. Par la suite, Groulier et al. (2016) l’ont reconnue et formalisée à la suite de travaux de cartographie réalisés dans la région des Escoumins. Cette unité affleure principalement dans le secteur des synformes de la Baie-des-Bacon, Lac Saint-Onge et Lac Raymond.

La Formation de Moulin à Baude correspond à une séquence volcano-sédimentaire de composition principalement volcanique. Groulier et al. (2015, 2016) ont subdivisé cette unité en trois faciès non cartographiables en se basant sur leur position au sein des synformes : les faciès inférieur, intermédiaire et supérieur.

Le faciès inférieur est bimodal à dominance mafique de teinte verdâtre et caractérisé par la présence d’andésite basaltique, de basalte et de dacite. Il est surmonté par un faciès de composition bimodale à dominance felsique observé seulement dans le synforme du Lac Raymond où des dômes et des coulées de rhyolite, rhyodacite et de dacite ont été reconnus. Les structures primaires des différents types de roches volcaniques sont par endroits encore reconnaissables : tufs (lapillis, phénocristaux, fragments de roches, fiammes), brèches (visibles par endroits sous la forme de pépérites au contact des métasédiments et des laves) et coulées (vésicules, amygdales, phénocristaux, coussins, structures d’écoulement). Des dykes et des filons-couches mafiques à ultramafiques interprétés comme étant des filons nourriciers sont observés au contact direct avec les dépôts volcaniques dans les synformes de la Baie-des-Bacon, du Lac Saint-Onge et de Raymond. Les intrusions ultramafiques sont caractérisées par une paragénèse dominée par les minéraux magnésiens d’origine secondaire (altération hydrothermale). Dans la région du Petit Saguenay, les roches mafiques sont associées à des filons, aux filons-couches et à des intrusions mafiques-ultramafiques intercalées avec de rares niveaux métasédimentaires. Les roches mafiques consistent en des niveaux d’amphibolite massive et homogène d’épaisseur plurimétrique. Certains niveaux contiennent du quartz arrondi, interprété comme des vésicules remplies par du quartz tardif, ainsi que des amas de quartz-amphibole-carbonate-chlorite avec parfois les minéraux ferromagnésiens au cœur ou à la bordure, interprétés comme les reliques d’amygdules. Le tout est associé à des basaltes en coussins. Ces observations démontrent que le faciès inferieur représente des anciennes coulées de basalte et basalte andésitique. De plus, certaines roches mafiques à porphyroclastes de plagioclase et/ou amphibole dans une matrice à grain fin sont interprétées comme des laves porphyriques. Dans les synformes du Lac Saint-Onge et de Raymond, un tuf dacitique à fiammes, qui se transforme dans sa partie supérieure en un conglomérat polygénique à fragments de roches supracrustales et de granitoïdes, marque la limite supérieure de ce faciès. Les amphibolites de ce faciès sont aussi caractérisées par des altérations épidote-quartz en forme de veines, niveaux et amas. Ces zones d’altération représentent probablement des niveaux particulièrement poreux, qui ont favorisé  la circulation des fluides hydrothermaux. La présence quasi-systématique des reliques de quartz arrondi au sein des zones d’altération à épidote, représentant des anciennes vésicules, sont en accord avec cette interprétation. Ces altérations à quartz-épidote (épidosite) sont interprétées comme étant issues de la circulation d’un fluide hydrothermal (eau de mer modifiée) à relativement haute température (~350 degrés celsius) dans la croûte océanique. La présence de métabasalte en coussins, vésiculaire, ainsi que les altérations de type épidosite indiquent une mise en place en milieu subaquatique. La région au sud du Lac Rémi est la plus propice à la reconnaissance de textures primaires au sein de la séquence volcanique inférieure.

Le faciès intermédiaire de la Formation de Moulin à Baude est de composition bimodale. Il est composé dans sa partie inférieure de coulées et de dépôts volcanoclastiques mafiques (andésite basaltique dominante) recoupés par des filons et filons-couches felsiques et mafiques, alors que sa partie supérieure est essentiellement felsique (dacitique à rhyolitique) et présente des vestiges de dômes, de coulées et de dépôts volcanoclastiques préservés dans les trois synformes. La limite entre faciès intermédiaire et supérieur est marquée par la présence d’horizons exhalatifs et sédimentaires. Au niveau du Synforme du Lac Raymond, ce faciès consiste en une alternance de niveaux intermédiaires à felsiques à grain fin, massifs ou hétérogènes avec des fragments lithiques dont certains ressemblent à d’anciennes ponces et/ou des cristaux. Ces roches sont interprétées comme des tufs et des laves felsiques. On note aussi que certains niveaux sont constitués de lits centimétriques à décimétriques qui pourraient représenter des turbidites volcanoclastiques. Ces niveaux sont au contact direct avec un tuf rhyolitique massif, à matrice homogène et à fragments de biotite-muscovite (reliques de ponce), ainsi qu’avec un tuf à bombes et lapillis de composition andésitique à dacitique. De plus, une masse dacitique (dôme?) variablement altérée en andalousite-muscovite-sillimanite-quartz-apatite-tourmaline (parfois sous forme nodulaire) a été observée dans cette unité. Cet assemblage minéralogique témoigne d’une intense altération hydrothermale argillique. Les roches felsiques environnantes sont elles aussi altérées, avec un assemblage de quartz-muscovite-tourmaline (de type dravite). Les roches volcaniques mafiques altérées sont caractérisées par la présence d’orthoamphibole (gedrite, anthophyllite), de grenat (de type almandin) et de biotite. Ces altérations seraient associées à des systèmes générateurs de sulfures massifs volcanogènes.

Le faciès supérieur de la Formation de Moulin-à-Baude est de composition mafique et constitué de coulées et dépôts volcanoclastiques basaltiques. Il est en contact stratigraphique avec la Formation de Port-aux-Quilles dans les synformes de la Baie-des-Bacon, du Lac Saint-Onge et du Lac Raymond. Ce faciès supérieur est constitué de basalte et ferrobasalte à grain fin, de teinte verdâtre, peu déformés dans le synforme du Lac Raymond mais très déformés dans le Synforme du Lac Saint-Onge.

La Formation de Moulin-à-Baude correspond donc à une séquence volcanique, et la présence de basaltes coussinés dans l’unité inférieure, tout comme les nombreuses veines d’épidosite au sein des basaltes et andésites qui sont typiques des systèmes hydrothermaux syn-volcaniques dans les fonds océaniques, sont en faveur d’une mise en place en milieu marin. Concernant l’unité supérieure, il est plus difficile de définir un environnement de dépôt mais la présence de séquence turbiditiques, d’un possible dôme dacitique au sein de dépôt volcanoclastique, de gneiss calco-silicaté associés à des quartzites, cherts et paragneiss semblent être aussi en faveur d’un domaine océanique. Cependant, la présence de quartzite à stratifications entrecroisée ainsi que la possible présence de dépôts felsiques de type ignimbrite indiquent que par endroits la profondeur d’eau était très faible. Il n’est donc pas à exclu que certains dépôts volcaniques aient pu se mettre en place en domaine sub-aérien.

Enfin, il est utile de mentionner que la Formation de Moulin-à-Baude contient les minéralisations en Cu, Zn, Pb et Ag, Au dans la région de Grandes Bergeronnes.