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Suite intrusive de Pallatin
Étiquette stratigraphique : [ppro]pal
Symbole cartographique : pPpal
 

Première publication : 30 janvier 2019
Dernière modification : 22 mars 2023

 

 

Subdivision(s) informelle(s)
La numérotation ne reflète pas nécessairement la position stratigraphique.
 
pPpal3 Monzodiorite quartzifère et granodiorite porphyroïdes
pPpal2 Métagabbronorite et métagabbro
pPpal2a Métagabbronorite et métagabbro à grenat
pPpal1 Métawebstérite
 
Auteur(s) :Van der Leeden, 1994
Âge :Paléoprotérozoïque
Stratotype :Aucun
Région type :Région du lac de la Hutte Sauvage (feuillet SNRC 24A02)
Province géologique :Province de Churchill
Subdivision géologique :Domaine lithotectonique de Mistinibi-Raude
Lithologie :Roches intrusives
Catégorie :Lithodémique
Rang :Suite
Statut :Formel
Usage :Actif

 

Historique

La Suite intrusive de Pallatin a été formellement définie par van der Leeden (1994) dans la région du lac de la Hutte Sauvage. Ce terme avait toutefois été utilisé de façon informelle dans les régions du lac Leif (Owen, 1989), de la rivière Déat (Girard, 1990) et du lac Raude (Danis, 1991). Cette suite a aussi été décrite plus au sud dans la région du lac Mistinibi (van der Leeden, 1995). La Suite intrusive de Pallatin correspond à l’unité informelle F3 pour l’ensemble de ces auteurs, sauf pour Girard (1990a) qui a ajouté le Pallatin au groupe E. L’unité F3a (granitoïdes porphyroïdes) de van der Leeden (1994, 1995) comprenait des intrusions dans le secteur du lac Pallatin, et d’autres de forme allongée orientées nord-sud dans le secteur de la rivière George. Considérant leur emplacement et leur composition, ces dernières ont été réassignées à la Suite granitique de De Pas par Charette et al. (2019) dans le cadre de la synthèse du sud-est de la Province de Churchill (SEPC; Lafrance et al., 2018).

Description

La Suite intrusive de Pallatin comprend trois unités : 1) une unité de métawebstérite (pPpal1); 2) une unité de métagabbronorite et de métagabbro; et 3) une unité de monzodiorite quartzifère et de granodiorite porphyroïdes. Ces unités ne sont généralement pas magnétiques. Van der Leeden (1994) mentionne un passage graduel entre les unités pPpal1 et pPpal2. Ces deux unités sont massives à foliées, localement plus déformées dans les zones de cisaillement. Elles sont injectées par des veinules quartzofeldspathiques millimétriques à centimétriques. Le contact est net ou graduel entre les unités pPpal2 et pPpal3.

Suite intrusive de Pallatin 1 (pPpal1) : Métawebstérite

La métawebstérite est vert foncé, homogène et à grain moyen à fin. Elle est complètement amphibolitisée et constituée de 95 % d’actinote ou de hornblende, d’environ 5 % de plagioclase et accessoirement de biotite, d’épidote et de sphène.

 

Suite intrusive de Pallatin 2 (pPpal2) : Métagabbronorite et métagabbro

Les roches de l’unité pPpal2 sont homogènes, de granulométrie fine à moyenne, localement mégacristallines en plagioclase, et de couleur gris foncé ou noir verdâtre en cassure fraîche. Sur certains échantillons, l’unité pPpal2 comprend une phase cumulus constituée d’orthopyroxène et de clinopyroxène alors que la phase intercumulus comprend du plagioclase et du clinopyroxène. Les pyroxènes sont variablement ouralitisés, avec des couronnes de hornblende. Dans la majorité des cas, les pyroxènes sont complètement remplacés par des amphiboles, qui marquent alors la foliation. Le plagioclase forme 30 à 50 % de la roche. Il se présente sous une forme granulaire millimétrique ou en mégacristaux centimétriques idiomorphes (phase cumulus) localement zonés. La structure est toutefois habituellement œillée et granulaire en raison de la déformation. La présence abondante de plagioclase entraîne la formation locale de gabbro anorthositique. Les phases intercumulus sont la hornblende-actinote vert pâle fibreuse (ouralite sur le pyroxène), la bronzite (reliques) et les minéraux opaques. De la biotite brune, de la hornblende verte et du quartz sont occasionnels. Van der Leeden (1994) mentionne la présence de cummingtonite. Les minéraux accessoires sont le zircon, l’apatite, le sphène, l’épidote et le rutile.

Suite intrusive de Pallatin 2a (pPpal2a) : Métagabbronorite et métagabbro à grenat

La sous-unité pPpal2a comprend des roches similaires à celles de l’unité pPpal2, mais renferme 10 à 20 % de grenat submillimétrique. Ce dernier se développe en association avec de la hornblende fibroradiée, à l’interface entre le plagioclase et l’ouralite (Girard, 1990a).

 

Suite intrusive de Pallatin 3 (pPpal3) : Monzodiorite quartzifère et granodiorite porphyroïdes

La plupart des granitoïdes sont foliés ou montrent des linéations, et plusieurs sont mylonitiques. La roche est rarement massive. Les foliations et linéations sont formées par l’alignement préférentiel des phénocristaux de feldspaths (± porphyroclastes) et des minéraux ferromagnésiens. L’unité pPpal3 comprend majoritairement de la monzodiorite quartzifère et de la granodiorite à structure porphyroïde, de couleur grise ou rose en cassure fraîche et à patine gris clair rosâtre ou gris saumoné. Le feldspath potassique, principalement du microcline, se présente en phénocristaux dont la taille varie de 1 à 4 cm de longueur, et dont la proportion se situe entre 10 et 50 %. Les phénocristaux sont idiomorphes et non orientés dans les faciès non déformés, mais montrent généralement un habitus oblong à œillé avec une bordure néoblastique blanchâtre d’épaisseur millimétrique. L’orthose perthitique et le plagioclase antiperthitique sont aussi observés. La bordure et les plans de fracturation des phénocristaux montrent une recristallisation fine où coexistent les grains de feldspath potassique, d’albite et de quartz. Les myrmékites sont abondantes. Le plagioclase (2 à 5 mm) est subidiomorphe à œillé.

La déformation a généré une structure en mortier submillimétrique. Le quartz, dans les faciès non déformés, possède un habitus xénomorphe de 2 à 4 mm. Déformé, il se concentre en rubans polycristallins millimétriques moulant la forme des porphyroclastes de feldspath. Les minéraux ferromagnésiens (biotite et hornblende) sont soit bien cristallisés (2 mm), soit fortement granulaires ou démembrés en association avec le plagioclase granulaire. Le grenat, l’ouralite, l’orthopyroxène et les minéraux opaques sont présents localement comme phases mineures. La présence d’orthopyroxène n’est toutefois observée qu’à proximité des intrusions mafiques de l’unité pPpal2, suggérant une nature xénocristique. Le zircon, l’apatite et le rutile sont présents en phases accessoires. La zoïsite, la pistachite, l’allanite, le sphène, la calcite, la muscovite et la biotite brun pâle et verte sont présents en raison d’altérations secondaires. L’épidote forme des lambeaux, en association avec la calcite, et peut former des symplectites avec le plagioclase.

Épaisseur et distribution

La Suite intrusive de Pallatin forme plusieurs lentilles de quelques kilomètres de longueur et de largeur hectométrique majoritairement situées dans le secteur centre-ouest du Domaine lithotectonique de Mistinibi-Raude. Deux masses plus importantes de l’unité pPpal3 se démarquent : une bande plissée dans le secteur du lac Pallatin (portion sud du Complexe de Ntshuku), de 25 km de longueur sur 0,4 à 2 km de largeur, et une bande N-S d’environ 30 km de long sur 2 km de large. L’unité pPpal3 (73 km2) couvre la superficie la plus importante. Les unités pPpal1 et pPpal2, de même que la sous-unité pPpal2a (13 km2), sont de dimensions plus restreintes.

Datation

Une datation préliminaire U-Pb sur zircon de la granodiorite de Pallatin a donné une courbe discordia à 2,332 Ga (S. Bowring, communication personnelle, in Girard, 1990b).

UnitéNuméro d’échantillonSystème isotopiqueMinéralÂge de cristallisation (Ma)(+)(-)Référence(s)
pPpal22016-BC-1140AU-PbZircon

2336

6,16,1David, 2020 

 

Relation(s) stratigraphique(s)

La Suite intrusive de Pallatin est associée aux roches du Complexe de Ntshuku. L’interstratification des faciès de ces deux unités est localement marquée à l’échelle de l’affleurement (niveaux de 2 à 10 m), ce qui suggère qu’au moins une portion du Pallatin représente des roches subvolcaniques synchrones à celles du Ntshuku. Cependant, puisque van der Leeden (1995) soulève que les deux unités sont déformées, cette alternance de faciès pourrait aussi être d’origine tectonique. Selon Girard (1990b), les filons-couches et les massifs tabulaires de la Suite intrusive de Pallatin sont en continuité avec les basaltes, les dacites, les rhyolites et les volcanoclastites du Complexe de Ntshuku, suggérant que la Suite intrusive de Pallatin représente l’équivalent intrusif du Complexe de Ntshuku.

L’unité pPpal3 contient localement des enclaves de gneiss du Complexe d’Advance. Elle est aussi coupée par les intrusions de la Suite de Dumans. Les unités pPpal1 et pPpal2 forment aussi des lentilles de largeur métrique à décamétrique et de longueur métrique à hectométrique dans l’unité pPpal3, ainsi que dans le Complexe de Ntshuku.

La nature des contacts entre le Pallatin et son encaissant est généralement masquée par un cisaillement mylonitique. Lorsqu’ils sont observés, les contacts sont nets ou graduels sur moins d’un décimètre. Les interdigitations entre le granitoïde et les volcanoclastites montrent un patron complexe se produisant à différentes échelles. Des enclaves de roches encaissantes poursuivent les indentations du contact et forment localement des niveaux continus sur des centaines de mètres dans le granitoïde. Les granitoïdes forment localement des niveaux métriques à décamétriques concordants et continus sur des centaines de mètres, interlités avec les volcanoclastites. Le contact entre ces niveaux et les volcanoclastites est généralement net. Toutefois, Girard (1990a) mentionne que des contacts de transition sur quelques mètres sont mis en évidence par l’apparition d’un litage fruste ou amalgamé, une diminution de la taille et de la proportion de mégacristaux de feldspath et une néoblastogenèse importante sur ces mégacristaux, leur conférant un aspect nébulitique. L’origine de ces niveaux reste incertaine, mais ils pourraient correspondre à des filons-couches, à des coulées de lave massives ou pyroclastiques, ou même à des épiclastites recristallisées à litage amalgamé. Une schistosité bien développée et replissée à la grandeur du massif de granitoïde, un rubanement mylonitique local et un métamorphisme au faciès des amphibolites confèrent une nature précinématique à ces intrusions. Dans le cadre de la synthèse du SEPC (Lafrance et al., 2018), les niveaux porphyriques (à matrice fine) de faible amplitude et interstratifiés dans les séquences volcaniques ont été assignés au Complexe de Ntshuku par Charette et al. (2019).

Paléontologie

Ne s’applique pas.

Références

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine

 

CHARETTE, B., LAFRANCE, I., VANIER, M.-A., GODET, A., 2019. Domaine lithotectonique de Mistinibi-Raude, sud-est de la Province de Churchill, Nunavik, Québec, Canada : synthèse de la géologie. MERN; BG 2019-07, 2 plans.

DANIS, D., 1991. GEOLOGIE DE LA REGION DU LAC RAUDE (TERRITOIRE-DU-NOUVEAU-QUEBEC). MRN; ET 88-10, 73 pages, 5 plans.

DAVID, J., 2020. Datations U-Pb dans les provinces du Supérieur et de Churchill effectuées au GEOTOP en 2017-2018. MERN, GEOTOP; MB 2020-05, 29 pages.

GIRARD, R., 1990. GEOLOGIE DE LA REGION DE LA RIVIERE DEAT (RAPPORT FINAL). MRN; MB 90-15, 154 pages, 2 plans.

LAFRANCE, I., CHARETTE, B., VANIER, M.-A., 2018. Sud-est de la Province de Churchill, Nunavik, Québec, Canada: synthèse de la géologie. MERN; BG 2018-12

OWEN, J. V., 1989. GEOLOGIE DE LA REGION DU LAC LEIF (TERRITOIRE DU NOUVEAU-QUEBEC). MRN; ET 87-18, 56 pages, 3 plans.

VAN DER LEEDEN, J., 1994. GEOLOGIE DE LA REGION DU LAC DE LA HUTTE SAUVAGE (TERRITOIRE DU NOUVEAU-QUEBEC). MRN; MB 94-32, 109 pages, 2 plans.

VAN DER LEEDEN, J., 1995. GEOLOGIE DE LA REGION DU LAC MISTINIBI (TERRITOIRE DU NOUVEAU-QUEBEC). MRN; MB 95-45, 107 pages, 3 plans.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Autres publications

 

 

CORRIGAN, D., WODICKA, N., McFARLANE, C., LAFRANCE, I., VAN ROOYEN, D., BANDYAYERA, D., BILODEAU, C. 2018. Lithotectonic framework of the Core Zone, Southeastern Churchill Province. Geoscience Canada; volume 45, pages 1-24. https://doi.org/10.12789/geocanj.2018.45.128

GIRARD, R. 1990b. Évidence d’un magmatisme d’arc protérozoïque inférieur (2.3 Ga) sur le plateau de la rivière George. Geoscience Canada; volume 17, numéro 4, pages 265-267. https://journals.lib.unb.ca/index.php/GC/article/view/3701

 

 

 

 

 

Citation suggérée

 

Ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF). Suite intrusive de Pallatin. Lexique stratigraphique du Québec. https://gq.mines.gouv.qc.ca/lexique-stratigraphique/province-de-churchill/suite-intrusive-de-pallatin [cité le jour mois année].

 

Collaborateurs

Première publication

Isabelle Lafrance, géo., M. Sc. isabelle.lafrance@mern.gouv.qc.ca (rédaction)

Mehdi A. Guemache, géo., Ph. D. (coordination); Pierre Lacoste, géo., M. Sc. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique); Céline Dupuis, géo., Ph. D. (version anglaise); Nathalie Bouchard (montage HTML). 

 
30 janvier 2019