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Suite de Gastrin
Étiquette stratigraphique : [ppro]gan
Symbole cartographique : pPgan
 

Première publication : 23 octobre 2020
Dernière modification : 16 juin 2023

 

 

 

 

 

 

Subdivision(s) informelle(s)
La numérotation ne reflète pas nécessairement la position stratigraphique.
 
pPgan3 Monzodiorite, diorite et monzonite
pPgan2 Monzogabbro et gabbro amphibolitisés
pPgan2a Gabbro et diorite à niveaux de gabbro rubané
pPgan1 Pyroxénite et gabbro mélanocrate, amphibolitisés
 
Auteur(s) :
Vanier et Lafrance, 2020
Âge :
Paléoprotérozoïque
Stratotype :
Lac Gastrin (localité type)
Région type :
Région de la rivière Guichaud (feuillet SNRC 35K01)
Province géologique :
Subdivision géologique :
Orogène de l’Ungava / Domaine lithotectonique de Kovik
Lithologie :Roches intrusives mafiques à intermédiaires, localement ultramafiques (<5 %)
Catégorie :
Lithodémique
Rang :
Suite
Statut :Formel
Usage :Actif

 

 

 

 

 

Historique

La Suite de Gastrin a été introduite dans la région du lac Sirmiq (Lafrance et Vanier, 2020) afin de regrouper des roches intrusives intermédiaires à ultramafiques du Domaine lithotectonique de Kovik. La suite tire son nom du lac Gastrin situé dans la portion SE du feuillet 35K01, où cette unité a été définie. En se basant sur les données géochronologiques, des secteurs auparavant attribués à la Suite de Gastrin (pPgan4) par Vanier et Lafrance (2020) ont finalement été réassignés à la Suite de Jinikkut (nAjin1) par Lafrance et al. (2023). En revanche, les lithologies appartenant jusque-là à la sous-unité ApPkvk2a du Complexe de Kovik (Charette et Beaudette, 2018) ont été intégrées dans la Suite de Gastrin (Lafrance et al., 2023).

Unités uniformisées (Lafrance et al., 2023)

Unités antérieures

Référence(s)

nAjin1pPgan4Vanier et Lafrance, 2020
pPgan2aApPkvk2aCharette et Beaudette, 2018

Description

La Suite de Gastrin comprend trois unités : 1) une unité de pyroxénite et de gabbro mélanocrate, amphibolitisés; 2) une unité de monzogabbro et de gabbro amphibolitisés; et 3) une unité de monzodiorite, de diorite et de monzonite. Ces différentes unités sont couramment associées sur les mêmes affleurements.

Les lithologies mafiques et ultramafiques ont été observées en enclaves centimétriques à métriques au sein de l’unité intermédiaire. Localement, le gabbro coupe aussi l’unité pPgan3. Il semble donc s’agir de phases intrusives contemporaines qui s’entrecoupent. Des zones de mélange de magmas ont aussi été observées au contact entre des niveaux de roche ultramafique et une monzodiorite quartzifère de l’unité pPgan3. Dans ces secteurs hétérogènes, une alternance de niveaux centimétriques de ces lithologies est notée sur quelques mètres de largeur. La roche ultramafique est localement fortement assimilée par les unités intermédiaires et ne représente que des amas lenticulaires ou des rubans discontinus centimétriques au sein de la monzonite et de la monzodiorite.  

 

Les unités de la Suite de Gastrin sont coupées par 2 à 40 % de granite à grain grossier à pegmatitique sous forme d’injections et de dykes centimétriques à métriques. Le granite est massif et a assimilé de la hornblende à proximité du contact avec les roches de la Suite de Gastrin. Il est localement boudiné et montre une déformation linéaire. Lorsqu’il s’injecte dans les roches mafiques ou ultramafiques, on observe des enclaves anguleuses de ce dernier au sein du granite.

 

Suite de Gastrin 1 (ApPgan1) : Pyroxénite et gabbro mélanocrate, amphibolitisés

 

L’unité pPgan1 regroupe différents faciès de pyroxénite et de gabbro mélanocrate amphibolitisés à divers degrés. Ces roches forment des lambeaux de largeur hectométrique ainsi que des niveaux de largeur métrique à décamétrique au sein des autres unités de la Suite de Gastrin. Les phases observées comprennent de la clinopyroxénite porphyroïde, de l’orthopyroxénite porphyroïde, de la clinopyroxénite rubanée, du gabbro mélanocrate et de la clinopyroxénite homogènes.

 

La clinopyroxénite porphyroïde est vert foncé, fortement magnétique et moyennement foliée. Elle renferme 15 à 25 % de phénocristaux arrondis de clinopyroxène de teinte plus claire et de 2 à 5 mm de diamètre. En lame mince, ces phénocristaux sont localement recristallisés en sous-grains, et sont variablement ouralitisés. La hornblende peut aussi se présenter en phénocristaux. Ceux-ci renferment alors des inclusions de plagioclase et de minéraux opaques. Cette clinopyroxénite peut aussi renfermer ~20 % de phénocristaux de clinopyroxène subautormorphes de 2 à 8 mm de longueur. La matrice est dominée par la hornblende et peut contenir une proportion moindre de clinopyroxène, ces deux minéraux étant granoblastiques et à grain fin à moyen. Des amas encore plus fins comprenant un assemblage d’actinote et de chlorite sont aussi présents. Certains échantillons contiennent jusqu’à 25 % de feuillets de phlogopite plus grossiers que la matrice. Des zones renfermant de nombreux petits cristaux de minéraux opaques pourraient représenter des vestiges d’olivine. Les minéraux opaques (<4 %), le carbonate (<5 %) et la chlorite (<2 %) sont accessoirement présents.

L’orthopyroxénite renferme ~55 % d’oïkocristaux d’orthopyroxène (1 à 3 cm de diamètre). Ceux-ci renferment des inclusions de hornblende et de minéraux opaques. La matrice est similaire à celle de la clinopyroxénite porphyroïde, mais renferme en plus 3 % de fins cristaux d’olivine, ~1 % de spinelle vert foncé et un peu de plagioclase interstitiel. L’olivine est partiellement remplacée par de l’iddingsite. L’orthopyroxénite peut aussi comprendre du grenat et du carbonate.

 

La clinopyroxénite rubanée montre une alternance millimétrique à centimétrique de rubans riches en clinopyroxène et de rubans riches en hornblende, ces derniers étant majoritaires (70 %). La hornblende est en remplacement du clinopyroxène, lequel est encore localement visible au cœur des cristaux de hornblende. La hornblende est verte, à grain moyen, subautomorphe et marque la foliation. La clinopyroxénite renferme aussi ~4 % de feuillets de biotite et ~3 % de fins cristaux de plagioclase. La biotite est fortement chloritisée dans les rubans à clinopyroxène. Les phases accessoires sont les minéraux opaques (<1 %), le sphène, l’apatite et le zircon.

 

Le gabbro mélanocrate (>85 % de minéraux ferromagnésiens) et la clinopyroxénite sont homogènes, équigranulaires, à la limite entre finement et moyennement grenue, et ont une patine vert foncé ou noire. Ces roches sont majoritairement constituées de hornblende avec des proportions moindres de clinopyroxène (8 à 25 %) et de plagioclase (5 à 15 %). La hornblende est issue de l’ouralitisation des pyroxènes. La biotite (2 à 12 %) est couramment présente et partiellement chloritisée. Les minéraux accessoires sont le grenat, l’épidote, l’allanite, l’apatite, les minéraux opaques et le zircon.

 

Suite de Gastrin 2 (pPgan2) : Monzogabbro et gabbro amphibolitisés

Le monzogabbro et le gabbro sont généralement homogènes, foliés et à grain fin à moyen. Ces roches renferment 40 % à 65 % de minéraux ferromagnésiens dominés par la hornblende verte. Elles renferment aussi du clinopyroxène (<20 %), généralement remplacé par un assemblage de minéraux très fins, principalement constitué d’actinote et de biotite brune (2 à 10 %). Le monzogabbro et le gabbro possèdent une texture équigranulaire et partiellement granoblastique. La foliation est marquée soit par l’ensemble des minéraux, soit par l’alignement grossier de la hornblende et de la biotite. Le plagioclase est faiblement à fortement saussuritisé et plus localement altéré en scapolite. Le quartz (<2 %) se présente en petits cristaux à extinction roulante. Lorsque présent, le microcline représente entre 5 % et 12 % des phases minérales. Les minéraux accessoires sont nombreux et comprennent le sphène (<2 %), l’épidote (<4 %), la chlorite (<5 %), les minéraux opaques (<3 %), le carbonate (<3 %), l’apatite, l’allanite et le zircon. La chlorite est en remplacement de la hornblende et de la biotite. Localement, des pœciloblastes millimétriques de grenat sont localement observés.

Des niveaux rubanés décimétriques à métriques sont par endroits observés au sein des roches mafiques de l’unité pPgan2. Ce rubanement peut être causé par une variation du pourcentage de hornblende ou encore par la présence de rubans leucocrates millimétriques à centimétriques. Ces rubans pourraient représenter du leucosome ou encore des injections concordantes. Une forte altération impliquant la formation de séricite, d’épidote, de carbonate et de chlorite est observée en bordure des fractures millimétriques qui coupent couramment les roches de l’unité pPgan2.

 

Suite de Gastrin 2a (pPgan2a) : Gabbro et diorite à niveaux de gabbro rubané

Les roches de l’unité ApPkvk2a de la région du cap Wolstenholme (Charette et Beaudette, 2018) ont été réassignées à la sous-unité pPgan2a par Lafrance et al. (2023). Ces roches sont communément rubanées, mais se présentent aussi sous forme de niveaux foliés à massifs. Les roches rubanées sont caractérisées par une variation compositionnelle variant de la diorite au gabbro. Elles sont granoblastiques et à grain fin. La phase foliée à massive est à grain moyen. À plusieurs endroits, le gabbro comprend des niveaux riches en porphyroblastes de grenat (0,5 à 1 cm) entourés d’une couronne de plagioclase. Un mélanogabbro ou une pyroxénite est en contact transitionnel avec le gabbro ou forme des niveaux centimétriques à métriques boudinés. Le rubanement est accentué par la présence de leucosome (5 à 15 %) en rubans ou en amas millimétriques à centimétriques discontinus. Ceux-ci comprennent parfois du grenat et du clinopyroxène. Une structure gneissique est localement observée. Pour les roches à texture massive, la diorite et le gabbro sont homogènes et montrent localement une structure de cumulat ou mouchetée. Du leucosome en amas compose <10 % du gabbro folié. Les principaux minéraux constituant les roches de la sous-unité pPgan2a sont la hornblende et le clinopyroxène. Les minéraux accessoires sont le sphène, la calcite, l’apatite, l’actinote et l’épidote. En lame mince, la hornblende remplace le pyroxène qui est généralement observé en reliques au cœur des cristaux de hornblende.

 

Suite de Gastrin 3 (pPgan3) : Monzodiorite, diorite et monzonite

En affleurement, les roches de l’unité pPgan3 ressemblent à celles de l’unité pPgan2, mais se distinguent par la présence d’un peu plus de quartz (3 à 5 %) et une proportion moindre de minéraux ferromagnésiens (20 à 40 %). Il est aussi plus commun d’observer du feldspath potassique (<30 %), bien qu’il puisse être localement absent.. Cette unité se compose de monzodiorite, de diorite et de monzonite, communément à la limite d’être quartzifères. Des niveaux et rubans centimétriques à décimétriques de gabbro et de monzogabbro sont couramment intercalés dans l’unité pPgan3. La foliation est principalement marquée par la biotite et la hornblende.

Au microscope, la roche est assez bien recristallisée, les cristaux les plus fins étant granoblastiques, mais une faible proportion de cristaux un peu plus grossiers sont plutôt interlobés. Le quartz forme des plages interlobées à extinction ondulante. Les minéraux ferromagnésiens consistent en biotite (10 à 12 %) et hornblende (12 à 20 %), cette dernière étant légèrement plus abondante et formant de petits phénocristaux allongés localement. Le clinopyroxène représente la phase dominante par endroits. Il est alors variablement remplacé par la hornblende ou par des amas tardifs de feuillets de biotite, formant un angle avec la foliation. Les minéraux accessoires comptent pour 3 % de la roche et consistent en sphène, allanite, épidote, apatite, minéraux opaques et zircon (en inclusions dans la biotite et la hornblende). L’épidote semble tardive et remplace localement la hornblende. Le plagioclase est faiblement saussuritisé. Du carbonate en remplissage et de la chlorite rétrograde sur la biotite sont aussi présents dans plusieurs échantillons.

Épaisseur et distribution

La Suite de Gastrin forme des bandes d’une largeur maximale de 3 km, dans la partie sud de la région du lac Sirmiq (Vanier et Lafrance, 2020) et dans les régions d’Amaruurtuq (Lafrance et al., 2023) et du cap Wolstenholme (Charette et Beaudette, 2018). Elle est limitée au Domaine lithotectonique de Kovik, soit le secteur au sud de la Zone de cisaillement de Sugluk, au sein duquel il occupe une superficie de ~217 km².

Unité informelleSuperficie (km²)Superficie (%)
pPgan184
pPgan25827
pPgan2a5927
pPgan39242

 

Datation

UnitéÉchantillonSystème isotopiqueMinéral Âge de cristallisation (Ma)(+)(-)Référence(s)
pPgan32019-MV-1087AU-PbZircon183444Davis, 2022

 

 

 

 

Relation(s) stratigraphique(s)

La Suite de Gastrin est coupée par le syénogranite et le granite pegmatitique de la Suite de Nunatak. Les relations avec les autres unités du Domaine lithotectonique de Kovik n’ont pas été observées.

Paléontologie

Ne s’applique pas. 

Références

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine

CHARETTE, B., BEAUDETTE, M., 2018. Géologie de la région du cap Wolstenholme, Orogène de l’Ungava, Province de Churchill, sud-est d’Ivujivik, Québec, Canada. MERN; BG 2018-03, 2 plans. 

DAVIS, D. W., 2022. Rapport sur les datations U-Pb de roches du Québec 2019-2020. UNIVERSITY OF TORONTO, MERN; MB 2021-03, 192 pages.

LAFRANCE, I., VANIER, M.-A., GÉLINAS, T.-K., 2023. Géologie de la région d’Amarurtuuq, Orogène de l’Ungava, Nunavik, Québec, Canada. MERN; BG 2023-08, 1 plan.

VANIER, M.-A., LAFRANCE, I., 2020. Géologie de la région du lac Sirmiq, Orogène de l’Ungava, Nunavik, Québec, Canada. MERN; BG 2020-02, 1 plan.

 

Citation suggérée

Ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF). Suite de Gastrin. Lexique stratigraphique du Québec. https://gq.mines.gouv.qc.ca/lexique-stratigraphique/province-de-churchill/suite-de-gastrin [cité le jour mois année].

 

Collaborateurs

Première publication

Isabelle Lafrance, géo., M. Sc. isabelle.lafrance@mern.gouv.qc.ca; Marc-Antoine Vanier, ing., M. Sc. marc-antoine.vanier@mern.gouv.qc.ca (rédaction) 

Mehdi A. Guemache, géo., Ph. D. (coordination); Benoit Charette, géo., M. Sc. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique); Céline Dupuis, géo., Ph. D. (version anglaise); Ricardo Escobar Moran (montage HTML).

Révision(s)

Isabelle Lafrance, géo., M. Sc. (rédaction) 

Mehdi A. Guemache, géo., Ph. D. (coordination); Hanafi Hammouche, géo., M. Sc. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique); André Tremblay (montage HTML).

 
23 octobre 2020