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Complexe de Mistamisk
Étiquette stratigraphique : [ppro]mik
Symbole cartographique : pPmik
 

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Subdivision(s) informelle(s)
La numérotation ne reflète pas nécessairement la position stratigraphique.
 
pPmik4 Diorite sodique albitique
pPmik3 Roche albitique beige, grise, rosée ou noire, laminée, localement à sulfures
pPmik2 Brèche albitique polygénique intrusive-hydrothermale à matrice carbonatée, communément à sulfures
pPmik1 Brèche albitique polygénique intrusive-hydrothermale à matrice albitique et/ou chloriteuse, localement à minéraux radioactifs et/ou à sulfures; amas albitiques; filons albitiques à minéraux radioactifs; altération hématitique rougeâtre commune
 
Auteur(s) :Kearvell, 1985; Clark, 1986; Kearvell et Clark, 1988
Âge :Paléoprotérozoïque
Stratotype :Aucun
Région type :Secteur des lacs Mistamisk et Romanet (feuillets SNRC 24B05 et 24C08)
Province géologique :Province de Churchill
Subdivision géologique :Orogène du Nouveau-Québec (Fosse du Labrador) / Zone lithotectonique de Romanet (anciennement de Wheeler) / Horst du Lac Romanet
Lithologie :Brèche intrusive-hydrothermale et roches métasomatiques
Catégorie :Lithodémique
Rang :Complexe
Statut :Formel
Usage :Actif

 

 

Historique

Le Complexe de Mistamisk se trouve dans la Zone lithotectonique de Romanet (anciennement de Wheeler), dans le secteur des lacs Mistamisk et Romanet (feuillets 24B05 et 24C08). Le nom de Complexe de Mistamisk a été proposé lors de la compilation géologique régionale de la Fosse du Labrador ayant permis de générer la carte géologique interactive du Québec. Certains lithofaciès faisant partie du complexe ont été reconnus initialement lors des levés géologiques régionaux menés par Dimroth (1978). Plus tard, l’étendue et les variations de l’unité ont été documentés lors d’études gîtologiques détaillées entreprises par Kearvell (1985), Clark (1986) et Kearvell et Clark (1988).

Description

Le Complexe de Mistamisk affleure à l’intérieur du Horst du Lac Romanet, une grande structure orientée NW-SE et limitée par des failles abruptes ou inclinées (feuillets 24B04, 24B05 et 24C08). Avant la formation du horst, les basaltes du Groupe de Swampy Bay et les roches sédimentaires du Groupe de Seward couvraient en continuité les roches du horst (Dimroth, 1978).

Le Complexe de Mistamisk comprend divers lithofaciès sodiques d’origine hydrothermale : brèche à matrice albitique ou chloriteuse, amas albitiques et filons albitiques (pPmik1); brèche à matrice carbonatée (pPmik2); roches laminées albitiques (pPmik3); amas de diorite sodique albitique (pPmik4); et, diverses roches albitiques non subdivisées (pPmik) (Kearvell, 1985; Clark, 1986; Kearvell et Clark, 1988). Kearvell (1985) a proposé que les brèches à matrice albitique soient d’origine intrusive et explosive. D’après la structure des fragments dans les brèches à matrice albitique, l’albitisation des fragments s’est produite durant le métasomatisme du protolite, avant l’intrusion de la brèche. Afin d’expliquer la présence d’un clivage ardoisier dans certains fragments, Kearvell (1985) a proposé que les brèches se soient mises en place après une partie de la déformation régionale, mais avant la phase finale. Citant plusieurs évidences de terrain, la même auteure a suggéré que les brèches à matrice carbonatée soient également d’origine intrusive et explosive et formées par la rebréchification de la brèche à matrice albitique.

Le phénomène d’albitisation semble être lié à un épisode de métasomatisme syntectonique durant lequel des fluides sodiques auraient circulé à travers les différents lithofaciès du Horst du Lac Romanet (Kish et Cuney, 1981; Clark, 1986). La présence d’hématite finement disséminée en association avec l’altération albitique indiquerait que les fluides étaient également oxydants. L’altération sodique est possiblement liée à la présence de roches sédimentaires évaporitiques dans la partie inférieure du premier cycle volcano-sédimentaire. D’ailleurs, la présence de schistes sodiques à albite et séricite dans la Formation de Lace Lake près d’une minéralisation cuprifère et radioactive sur le bord de la rivière Romanet a été signalée par Kish et Cuney (1981). La présence d’évaporites a également été proposée par Dimroth (1978).

Le Complexe de Mistamisk est associé à un nombre impressionnant de minéralisations connues (Clark, 1986; Clark et Wares, 2004). Celles-ci sont tantôt uranifères (Eagle, Simon, GM), tantôt cuprifères (Delhi Pacific, Lomer Copper, Lac Taché). Certaines minéralisations exhibent des valeurs élevées en or et en argent (p. ex. Eagle, Kish, GM, Delhi Pacific, Lac Taché). Les sulfures cuprifères et les minéraux uranifères auraient été précipités durant l’épisode de métasomatisme sodique. Cette altération aurait résulté du passage de fluides hydrothermaux possiblement issus de sédiments évaporitiques durant l’orogenèse hudsonienne (Kish et Cuney, 1981). La composition oxydante et carbonatée des fluides hydrothermaux aurait joué un rôle important dans le transport de l’uranium en solution (Kish et Cuney, 1981). Un lien avec les minéralisations de type oxydes de fer-cuivre-or (IOCG) a été proposé (Clark et Wares, 2004; Conliffe et al., 2019).

Complexe de Mistamisk non subdivisé (pPmik) : Brèche albitique polygénique intrusive-hydrothermale à matrice albitique, chloriteuse ou carbonatée, localement à minéraux radioactifs et/ou à sulfures; amas et filons albitiques; roche laminée albitique ± sulfures

Cette unité non subdivisée, qui est observée à plusieurs endroits entre les lacs Du Chambon et Romanet (feuillets 24B05 et 24C08), comprend l’ensemble des lithofaciès faisant partie du Complexe de Mistamisk, soit des brèches albitiques à matrice albitique et/ou chloriteuse, des brèches albitiques à matrice carbonatée, des amas et des filons albitiques et des roches laminées albitiques.

 

Complexe de Mistamisk 1 (pPmik1) : Brèche albitique polygénique intrusive-hydrothermale à matrice albitique et/ou chloriteuse, localement à minéraux radioactifs et/ou à sulfures; amas albitiques; filons albitiques à minéraux radioactifs; altération hématitique rougeâtre commune

Les brèches à matrice albitique sont communes près de la rivière Romanet (feuillet 24B05; Kearvell, 1985; Clark, 1986). Ces brèches se présentent sous la forme d’amas irréguliers ou de dykes localisés généralement à des contacts lithologiques ou près de failles. Les amas et les dykes bréchiques ont des largeurs variant de quelques centimètres à centaines de mètres. Un dyke situé près de la rivière Romanet a ~1 km de longueur (feuillet 24B05). Les fragments fortement altérés consistent en albite à grain fin à patine blanche. Ils sont arrondis ou anguleux et mesurent entre quelques millimètres et >15 cm (3 à 4 cm en moyenne). La nature des fragments moins altérés est polygénique : sédimentaire, basaltique ou gabbroïque. Les fragments baignent dans une matrice composée d’albite accompagnée de chlorite, d’actinote, de quartz et de carbonate en proportions variables. Le passage d’une matrice albitique à une matrice carbonatée peut être net ou graduel (Kearvell, 1985). Localement, les brèches contiennent des sulfures (surtout la pyrite et la chalcopyrite) et, là où du carbonate est présent, des minéraux radioactifs.

En certains endroits, des filons d’albite à grain moyen et de largeur centimétrique pénètrent dans les roches sédimentaires encaissantes à partir de la brèche à matrice albitique en suivant un clivage (Kearvell, 1985). Ces filons sont composés d’albite accompagnée, localement, de carbonate et de quartz. Certains filons sont radioactifs. D’autres filons d’albite n’ont pas d’association spatiale apparente avec la brèche albitique. Les filons albitiques sont interprétés comme étant d’origine hydrothermale. Certains amas albitiques à grain fin à moyen se présentent dans des roches sédimentaires près des filons albitiques, et ces amas préservent des vestiges de lamines sédimentaires. Ces preuves de terrain indiquent que la bréchification et la mise en place des filons d’albite se sont produites après la formation du clivage (Clark, 1986). Les épontes des brèches à matrice albitique et des filons albitiques, que ce soit des roches sédimentaires ou ignées mafiques, sont communément altérées. Cette altération albitique se présente également à des endroits où des brèches et des filons albitiques ne sont pas abondants. Une altération hématitique, conférant une couleur rougeâtre aux roches affectées, accompagne communément l’albitisation.

Complexe de Mistamisk 2 (pPmik2) : Brèche albitique polygénique intrusive-hydrothermale à matrice carbonatée, communément à sulfures

Les brèches à matrice carbonatée (pPmik2) sont particulièrement abondantes entre le lac Du Chambon et la rivière Romanet (feuillets 24B05 et 24C08; Kearvell, 1985). Dimroth (1978) utilise les termes de « conglomérat à cailloux de grès » ou de « quartzite nodulaire », mais Kearvell et Clark (1988) ont conclu qu’elles sont des brèches d’origine hydrothermale-intrusive. Les affleurements de ce « conglomérat » que Kearvell et Clark (1988) n’ont pas visités ont été classés dans l’unité non subdivisée (pPmik). Les fragments sont subangulaires à arrondis et représentent jusqu’à 85 % de la roche. Ils mesurent communément entre 1 et 5 cm de diamètre, mais leurs dimensions varient de 1 mm à 60 cm. Les fragments sont polygéniques. Selon l’endroit, on observe des fragments formés des lithofaciès suivants : roche albitique, dolomie orangée, schiste à quartz-mica, roche mafique, arénite rose à blanche, roche gris verdâtre, quartzite blanc, siltslate laminée, roche quartzo-feldspathique jaunâtre, phyllade vert, schiste à chlorite et roche « cherteuse » rose. Localement, ces brèches comprennent des fragments de brèche à matrice albitique (Kearvell, 1985). La matrice est constituée de carbonate (dolomite, sidérite ou les deux) à grain fin à grossier et à patine brun-orange. Les brèches sont généralement minéralisées en sulfures (4 à 20 %), principalement en pyrite localement accompagnée de chalcopyrite et de magnétite.

Complexe de Mistamisk 3 (pPmik3) : Roche albitique beige, grise, rosée ou noire, laminée, localement à sulfures

Une roche albitique beige, grise, rosée ou noire à grain fin, laminée (ou rubanée) et localement enrichie en sulfures (pPmik3) se présente dans l’escarpement bordant la rivière Romanet au site minéralisé Delhi Pacific (feuillet 24B05). La description et les interprétations mentionnées ci-après proviennent de Clark (1986). La roche, dont les teneurs en Na2O varient entre 7 et 11 %, forme une bande de ~800 m de longueur, et dont la largeur varie de quelques mètres à ~45 m. Cette roche est interstratifiée avec des niveaux de basalte et de mudstone appartenant à la Formation de Bacchus ainsi qu’avec des filons-couches de gabbro d’épaisseur restreinte. Les traces d’au moins deux failles importantes suivent l’escarpement. Les lamines (ou rubans) albitiques sont d’épaisseur millimétrique à centimétrique et fortement plissées; elles renferment localement une proportion significative de chalcopyrite, accompagnée de pyrrhotite et de pyrite. Les sulfures sont localisés dans de minces filons et de petits amas irréguliers millimétriques de roche albitique à grain relativement grossier par rapport à celui de la roche albitique encaissante. La composition sodique des lamines est interprétée comme étant d’origine métasomatique et due à la circulation de fluides hydrothermaux sodiques. Les structures suggèrent que la roche albitique et les sulfures ont été recristallisés. À l’origine, la roche albitique était possiblement du mudstone ou du tuf. La mise en place initiale des sulfures a probablement été contemporaine du métasomatisme sodique. D’après les structures et les microstructures, le métasomatisme s’est produit au cours de divers épisodes de plissement.

Complexe de Mistamisk 4 (pPmik4) : Diorite sodique albitique

Un amas décamétrique de diorite sodique albitique à grain moyen (pPmik4), encaissé dans des roches volcano-sédimentaires de la Formation de Bacchus, affleure au site minéralisé Lomer Copper, situé sur la rive SW du lac Mistamisk (feuillet 24C08; Clark, 1986). Cette roche grise à patine blanche, beige pâle ou brune, localement tachetée de rouge ou rose, est associée à des brèches albitiques à matrice chloriteuse ou carbonatée et à de fortes altérations en trémolite-actinote ou en carbonate. La roche est riche en sodium (6,54 % Na2O) et en titane (3,24 % TiO2), et localement fortement magnétique. Elle contient des proportions mineures de pyrite et de chalcopyrite.

Épaisseur et distribution

Le Complexe de Mistamisk, situé dans la vallée des lacs Mistamisk et Romanet, est encaissé entre les failles qui limitent le Horst du Lac Romanet (feuillets 24B et 24C) (Le Gallais et Lavoie, 1982; Chevé, 1985; Clark, 1986). Les affleurements du complexe s’étendent sur une distance de 23 km dans un axe NW-SE. Des lamines albitiques associées au complexe montrent localement une épaisseur de seulement 1 mm, tandis que certains amas et bandes de brèche ont des épaisseurs apparentes mesurant entre 50 et 400 m (Clark, 1986). Un dyke de brèche albitique (feuillet 24B05) possède une longueur totale de ≥1 km.

Datation

Aucune.

Relation(s) stratigraphique(s)

Les unités informelles du Complexe de Mistamisk sont en contact avec plusieurs formations du premier cycle volcano-sédimentaire de la Fosse, soit les formations de Dunphy, de Lace Lake, d’Uvé, de Du Chambon, de Romanet et de Bacchus. Le complexe est relié à un épisode de métasomatisme sodique hydrothermal qui a affecté ces formations et qui s’est produit durant la déformation et le métamorphisme régionaux, à ~1800 Ma (Kish et Cuney, 1981; Clark, 1986; Clark et Wares, 2004). La mise en place du Complexe de Mistamisk ne serait synchrone ni du Complexe volcanique de Castignon ni du Complexe carbonatitique de Le Moyne, lesquels sont contemporains de certaines unités volcano-sédimentaires de la Fosse et, par conséquent, prétectoniques.

Paléontologie

Ne s’applique pas.   

Références

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine

CHEVE, S R. 1985. LES INDICES MINERALISES DU LAC ROMANET, FOSSE DU LABRADOR. I N R S-GEORESSOURCES. ET 83-13, 62 pages et 2 plans.

CLARK, T. 1986. GEOLOGIE ET MINERALISATIONS DE LA REGION DU LAC MISTAMISK ET DE LA RIVIERE ROMANET. MRN. ET 83-22, 56 pages et 1 plan.

CLARK, T., WARES, R. 2004. SYNTHESE LITHOTECTONIQUE ET METALLOGENIQUE DE L’OROGENE DU NOUVEAU-QUEBEC (FOSSE DU LABRADOR). MRNFP. MM 2004-01, 182 pages et 1 plan.

CONLIFFE, J., CORRIVEAU, L., MONTREUIL, J.-F., BLEIN, O., 2019. Le potentiel minéral de la Fosse du Labrador pour les minéralisations d’oxydes de fer-cuivre-or (IOCG) et les dépôts associés. Dans : MERN. 2020. Résumés des conférences et des photoprésentations, Québec Mines+Énergie 2019. DV 2019-01, 78 pages.

DIMROTH, E. 1978. REGION DE LA FOSSE DU LABRADOR ENTRE LES LATITUDES 54° 30′ ET 56° 30′. MRN. RG 193, 417 pages et 16 plans.

KEARVELL, G. 1985. BRECHES ET ALTERATIONS ALBITIQUES DE LA RIVIERE ROMANET-FOSSE DU LABRADOR. MRN. DP-85-24, 2 plans.

KEARVELL, G., CLARK, T. 1987. ETUDE D’INDICES Au – U ET DE BRECHES POLYGENIQUES DANS LA VALLEE DES LACS MISTAMISK ET ROMANET – FOSSE DU LABRADOR -. MRN. DP-87-24, 32 pages et 1 plan.

LAFRANCE, I., CHARETTE, B. 2015. Géologie de la région du lac Jeannin. MERN. BG 2015-01, 1 plan.

 

Autres publications

KISH, L., CUNEY, M. 1981. Uraninite-albite veins from the Mistamisk valley of the Labrador Trough, Quebec. Mineralogical Magazine, volume 44, pages 471-483. doi.org/10.1180/minmag.1981.044.336.13

LE GALLAIS, C.J., LAVOIE, S. 1982. Basin evolution of the Lower Proterozoic Kaniapiskau Supergroup, central Labrador miogeocline (Trough), Quebec. Bulletin of Canadian Petroleum Geology, volume 30, pages 150-166. http://bcpg.geoscienceworld.org/content/30/2/150

 

 

Citation suggérée

Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN). Complexe de Mistamisk. Lexique stratigraphique du Québec. https://gq.mines.gouv.qc.ca/lexique-stratigraphique/province-de-churchill/complexe-de-mistamisk [cité le jour mois année].

Collaborateurs

Première publication

Thomas Clark, géo., Ph. D. (rédaction)

Mehdi A. Guemache, géo., Ph. D. (coordination); Charles St-Hilaire, géo. stag., M. Sc. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique); Céline Dupuis, géo., Ph. D. (version anglaise); André Tremblay (montage HTML).

 
3 décembre 2020